RDC : Crise politique, actions judiciaires et désinformation alimentent les tensions
La RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo traverse une pĂ©riode de turbulences politiques et sociales majeures, marquĂ©e par des actions judiciaires inĂ©dites, des divisions internes au sommet de lâĂtat, et une vague de dĂ©sinformation qui alimente la confusion dans lâopinion publique.
LevĂ©e de lâimmunitĂ© de Joseph Kabila et retour sur la scĂšne politique
Lâancien prĂ©sident Joseph Kabila, restĂ© silencieux depuis son dĂ©part du pouvoir en 2019, fait un retour remarquĂ© dans lâactualitĂ©. Le Parlement congolais a rĂ©cemment levĂ© son immunitĂ©, ouvrant la voie Ă des poursuites pour crimes de guerre prĂ©sumĂ©s, une premiĂšre dans lâhistoire du pays. Kabila, dans une dĂ©claration solennelle, a vivement critiquĂ© la gouvernance de son successeur FĂ©lix Tshisekedi, lâaccusant dâavoir "dilapidĂ©" lâhĂ©ritage de la premiĂšre alternance dĂ©mocratique et dâavoir plongĂ© le pays dans une crise multiforme. Il dĂ©nonce une "dĂ©rive dictatoriale", lâeffondrement des institutions et la dĂ©gradation sĂ©curitaire, notamment Ă lâEst, oĂč les affrontements entre lâarmĂ©e et les groupes rebelles ont fait des milliers de morts et provoquĂ© des dĂ©placements massifs de populations.
Kabila propose désormais un "pacte citoyen" en 12 points pour sortir la RDC du "gouffre", pointant du doigt la gouvernance actuelle et appelant à une refondation du contrat social national.
Condamnation de lâex-Premier ministre pour corruption
Dans le mĂȘme temps, la justice congolaise a condamnĂ© lâancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Ă dix ans de travaux forcĂ©s pour dĂ©tournement de fonds publics, dans une affaire portant sur 245 millions de dollars. Ce verdict illustre la volontĂ© affichĂ©e des autoritĂ©s de lutter contre la corruption au plus haut niveau de lâĂtat, mĂȘme si certains observateurs y voient aussi une instrumentalisation politique de la justice dans un contexte de rivalitĂ©s exacerbĂ©es.
Crise de leadership au sein du parti présidentiel
Au sein mĂȘme du parti au pouvoir, lâUDPS, une crise de leadership fragilise davantage la stabilitĂ© politique. Deux secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux rivaux se disputent la direction du parti, une situation inĂ©dite qui complique la gestion des affaires publiques et affaiblit la majoritĂ© prĂ©sidentielle. Cette division interne survient alors que le prĂ©sident Tshisekedi doit dĂ©jĂ faire face Ă une contestation persistante de lâopposition et Ă une situation sĂ©curitaire explosive dans lâEst du pays.
DĂ©sinformation et manipulation de lâopinion
La RDC nâĂ©chappe pas non plus Ă la vague mondiale de dĂ©sinformation. RĂ©cemment, une image largement diffusĂ©e par lâancien prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump, censĂ©e illustrer des "fermiers blancs" tuĂ©s en Afrique du Sud, a Ă©tĂ© dĂ©mentie : il sâagissait en rĂ©alitĂ© dâimages provenant de la RDC, issues dâune vidĂ©o de Reuters. Cette manipulation a relancĂ© le dĂ©bat sur la vĂ©rification des sources et la responsabilitĂ© des acteurs publics dans la diffusion dâinformations, alors que la sociĂ©tĂ© congolaise reste particuliĂšrement vulnĂ©rable aux fake news, notamment dans les contextes de crise.
Un climat de dĂ©fiance et dâincertitude
Face Ă ces dĂ©fis multiples â instabilitĂ© institutionnelle, tensions politiques, crise sĂ©curitaire et dĂ©sinformation â la RDC se trouve Ă un tournant dĂ©cisif. Les initiatives diplomatiques rĂ©gionales, les appels Ă lâunitĂ© nationale et les efforts de rĂ©forme peinent pour lâinstant Ă enrayer la spirale de crise. Le retour de Joseph Kabila sur le devant de la scĂšne, la fragilisation du pouvoir en place et la montĂ©e des discours de dĂ©fiance tĂ©moignent dâun climat politique particuliĂšrement tendu, oĂč la quĂȘte de stabilitĂ© et de lĂ©gitimitĂ© reste plus que jamais dâactualitĂ©.
Le Congo est gravement malade, et son pronostic vital est engagĂ©, a rĂ©sumĂ© Joseph Kabila dans son allocution du 23 mai 2025, illustrant la gravitĂ© de la situation et la nĂ©cessitĂ© dâun sursaut collectif pour Ă©viter un nouvel enlisement.