Jeremy Corbyn lance un nouveau parti politique pour dĂ©fier lâestablishment britannique
Une annonce retentissante Ă Londres
Londres, 24 juillet 2025 â Jeremy Corbyn, ex-leader du Parti travailliste britannique, a officiellement annoncĂ© la crĂ©ation dâun nouveau parti politique de gauche, avec le soutien actif de la dĂ©putĂ©e indĂ©pendante Zarah Sultana. Leur initiative vise Ă contester le pouvoir des Ă©lites Ă©conomiques et politiques, plaidant pour « une redistribution massive des richesses et du pouvoir » au Royaume-Uni. Ce projet surgit aprĂšs lâexclusion remarquĂ©e de Corbyn du Labour en 2024, mettant fin Ă plusieurs dĂ©cennies dâengagement au sein de cette formation historique.
Naissance dâun nouveau mouvement politique
Dans un communiquĂ© cosignĂ© diffusĂ© sur les rĂ©seaux sociaux, Corbyn et Sultana ont appelĂ© les citoyens Ă rejoindre un mouvement dĂ©mocratique, ancrĂ© dans les communautĂ©s, les syndicats et les mouvements sociaux. Le parti nâa pas encore de nom officiel â il devrait ĂȘtre choisi collectivement lors dâune premiĂšre confĂ©rence Ă lâautomne 2025 â mais il a dĂ©jĂ initiĂ© une consultation Ă travers la plateforme yourparty.uk, illustrant une volontĂ© dâouverture et de participation citoyenne.
Jeremy Corbyn, ĂągĂ© de 76 ans, reste une figure emblĂ©matique de la gauche britannique. MalgrĂ© ses dĂ©faites lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2017 et 2019, il conserve une base militante fidĂšle, galvanisĂ©e par son message en faveur dâune « sociĂ©tĂ© plus juste et bienveillante » et sa critique constante du systĂšme Ă©conomique actuel quâil dĂ©crit comme « truquĂ© ». Zarah Sultana, dĂ©putĂ©e de Coventry Sud, affirme elle aussi porter la voix des exclus du systĂšme et milite pour « un parti qui appartienne au peuple ».
Un contexte historique chargé de ruptures à gauche
La crĂ©ation de ce nouveau parti de gauche en Grande-Bretagne intervient dans un contexte de bouleversement du paysage politique. Depuis la sortie du Labour de Corbyn, le parti dirigĂ© par Sir Keir Starmer sâest recentrĂ©, selon ses critiques, abandonnant certains marqueurs historiques de la gauche au profit dâune ligne jugĂ©e plus modĂ©rĂ©e et pragmatique. Cette Ă©volution a laissĂ© un espace politique pour une nouvelle formation revendiquant radicalement la justice sociale et Ă©conomique.
Historiquement, la gauche britannique a dĂ©jĂ connu des sĂ©cessions et des tentatives de construction dâalternatives au Labour, notamment avec la naissance du Social Democratic Party (SDP) en 1981. Mais peu ont rĂ©ussi Ă sâimposer sur la scĂšne nationale face Ă un systĂšme Ă©lectoral peu favorable aux petites formations. NĂ©anmoins, la fragmentation accrue de la scĂšne politique â avec lâĂ©mergence du Parti vert et des mouvements populistes Ă droite comme Reform UK â laisse envisager de nouvelles dynamiques pour ce type dâalternative.
Ambitions et priorités économiques du nouveau parti
Dans ses premiĂšres dĂ©clarations, la nouvelle formation sâengage sur plusieurs prioritĂ©s Ă©conomiques emblĂ©matiques de la gauche :
- Taxer les plus riches, avec lâobjectif affichĂ© de financer des services publics renforcĂ©s et de nouvelles solidaritĂ©s sociales.
- Plan massif de construction de logements sociaux, face Ă une crise aiguĂ« de lâhabitat dans le pays.
- Nationalisations ciblĂ©es dâindustries stratĂ©giques, pour garantir une gestion publique de secteurs jugĂ©s essentiels au bien commun.
- DĂ©fense dâune politique Ă©trangĂšre solidaire, notamment en exprimant un large soutien Ă la cause palestinienne.
La vision Ă©conomique dĂ©fendue rompt ouvertement avec la ligne du Labour actuel et sâinscrit dans une tradition socialiste qui puise Ă la fois dans lâhĂ©ritage travailliste et dans les mouvements sociaux rĂ©cents, en particulier ceux nĂ©s Ă la faveur des crises Ă©conomiques et de lâaustĂ©ritĂ© des dix derniĂšres annĂ©es.
Réactions et impact politique immédiat
Lâannonce du nouveau parti a immĂ©diatement suscitĂ© de vifs dĂ©bats au Royaume-Uni. DâaprĂšs les premiers sondages, jusquâĂ 18% des Ă©lecteurs indiquent quâils seraient prĂȘts Ă soutenir une formation dirigĂ©e par Corbyn â un score significatif dans un contexte oĂč le vote de gauche est dĂ©jĂ Ă©clatĂ© entre le Labour, les Verts et dâautres mouvements.
Les partisans de Corbyn voient dans ce lancement une rĂ©ponse Ă la crise de reprĂ©sentation de la gauche et une chance de ranimer lâespoir dâune politique du care, du partage et du respect des diversitĂ©s. A lâinverse, certains tĂ©nors du Labour et plusieurs analystes mettent en garde : ce « fractionnement du vote progressiste » pourrait Ă terme affaiblir la capacitĂ© de la gauche Ă disputer le pouvoir aux conservateurs ou aux forces de droite plus radicale. Dâanciens responsables travaillistes Ă©voquent mĂȘme le risque de crĂ©er un « parti dâassistance Ă Farage » â allusion Ă Nigel Farage, fondateur de Reform UK, qui mise sur la dispersion du vote pour progresser.
Comparaisons régionales et européennes
La dĂ©marche de Corbyn sâinscrit dans une tendance plus large que lâon observe Ă travers lâEurope occidentale, oĂč plusieurs grands pays ont vu Ă©merger ou se renforcer des partis contestataires Ă gauche de la social-dĂ©mocratie traditionnelle. En Espagne, Podemos a bouleversĂ© le bipartisme, tandis quâen France, La France Insoumise incarne une radicalitĂ© hors des partis traditionnels. En Allemagne, Die Linke rassemble une gauche post-communiste et progressiste dans un contexte de recomposition politique continue.
Cependant, le systĂšme Ă©lectoral britannique majoritaire Ă un tour (first-past-the-post) demeure un obstacle structurel Ă la percĂ©e de ces nouveaux courants Ă la Chambre des Communes. Ce facteur explique en partie les dĂ©bats internes sur la stratĂ©gie Ă privilĂ©gier : conquĂ©rir des siĂšges localement, privilĂ©gier le militantisme de terrain ou engager des alliances ponctuelles avec dâautres partis progressistes.
Crise du logement, inflation, et malaise social : les enjeux économiques
Le lancement de ce parti intervient alors que le Royaume-Uni subit une pression Ă©conomique et sociale intense : crise du logement avec flambĂ©e des loyers, inflation persistante, services publics Ă©prouvĂ©s, montĂ©e de la prĂ©caritĂ© â autant de questions qui font Ă©cho aux axes politiques avancĂ©s par Corbyn et ses alliĂ©s. Les derniĂšres Ă©tudes Ă©conomiques montrent une hausse importante du taux de pauvretĂ©, en particulier chez les jeunes actifs et les retraitĂ©s isolĂ©s.
Les rĂ©formes prĂ©vues, notamment en matiĂšre de fiscalitĂ© et de logement social, sont dĂ©jĂ soutenues par de nombreuses associations et syndicats, qui saluent « la volontĂ© de replacer lâhumain au centre de la politique ». Toutefois, des Ă©conomistes expriment des rĂ©serves sur la faisabilitĂ© budgĂ©taire de certaines mesures radicales, alors que lâĂtat britannique doit composer avec une dette Ă©levĂ©e et dĂ©pend fortement de la City de Londres, centre financier majeur du continent.
Une base militante galvanisée, mais des défis de taille
Le socle de soutien de Corbyn reste constituĂ© de mouvements de jeunesse, de syndicats et dâorganisations communautaires. Sa dĂ©marche sâappuie sur une communication directe, en rupture avec les codes traditionnels, et une capacitĂ© Ă mobiliser rapidement via les rĂ©seaux sociaux. Selon les chiffres communiquĂ©s lors de lâannonce, plus de 80 000 personnes auraient dĂ©jĂ manifestĂ© leur intention de rejoindre la formation en quelques heures, bien que ce chiffre reste Ă vĂ©rifier de maniĂšre indĂ©pendante.
Au plan organisationnel, le parti bĂ©nĂ©ficie dâune image dâouverture, promettant une dĂ©mocratie interne innovante et un fonctionnement dĂ©barrassĂ© des pratiques de lâestablishment politique.
Un systĂšme en mutation : vers quelles perspectives ?
Lâirruption de cette nouvelle force politique illustre la mutation du modĂšle politique britannique : montĂ©e des formations alternatives, dĂ©fiance accrue envers les grandes institutions, Ă©mergence de nouveaux clivages idĂ©ologiques entre « insiders » et « outsiders ». Le fait que la direction du parti reste encore Ă dĂ©finir et que son programme soit ouvert Ă la dĂ©libĂ©ration collective dĂ©montre une volontĂ© dâinscrire le projet dans la durĂ©e, au-delĂ de la seule Ă©chĂ©ance Ă©lectorale de 2029.
Mais lâavenir du projet dĂ©pendra de multiples facteurs :
- Capacité à imposer un nom et une identité claire sur la scÚne nationale.
- Réussite des alliances à gauche pour limiter la fragmentation du vote.
- Réaction des classes populaires et des territoires délaissés par les partis traditionnels.
- Résilience face au systÚme électoral britannique, notoirement difficile pour les petites structures.
Conclusion : un tournant pour la gauche britannique ?
La crĂ©ation du nouveau parti politique de Jeremy Corbyn marque indĂ©niablement un tournant historique pour la gauche britannique. Quâil sâagisse dâun nouvel Ă©lan ou dâun Ă©niĂšme Ă©pisode de la fragmentation du camp progressiste, le mouvement vient rĂ©pondre Ă une demande croissante de radicalitĂ© sociale et de justice Ă©conomique. Pour de nombreux observateurs, le vĂ©ritable enjeu sera la capacitĂ© de Corbyn et Sultana Ă fĂ©dĂ©rer autour de leur projet, dans un contexte oĂč les lignes politiques ne cessent de bouger.
Le dĂ©bat est dĂ©sormais lancĂ© : la gauche britannique doit-elle se reconstruire sur des fondements nouveaux, ou risque-t-elle de sâaffaiblir face Ă un paysage politique de plus en plus fragmentĂ© et compĂ©titif? Les prochains mois seront dĂ©cisifs pour dĂ©finir la rĂ©ponse Ă cette question cruciale.