Joe Biden à Scranton : un discours sur l’enfance, la ségrégation et la polémique d’un mot
SCRANTON (Pennsylvanie) – L’ancien président américain Joe Biden a fait sa première apparition publique depuis son départ de la Maison-Blanche lors d’un discours très attendu dans sa ville natale de Scranton. Devant un parterre de syndicalistes et de riverains, Biden a livré un témoignage personnel sur son enfance, évoquant la réalité de la ségrégation raciale dans l’Amérique des années 1950. Mais un mot employé dans son récit a rapidement enflammé les réseaux sociaux et relancé le débat sur la mémoire raciale aux États-Unis.
Un souvenir d’enfance qui fait polémique
Dans un passage marquant de son allocution, Joe Biden a raconté avoir observé, enfant, des « colored kids » (enfants de couleur) dans un bus, une expression aujourd’hui considérée comme désuète et offensante. Il a expliqué que cette scène avait éveillé chez lui une conscience précoce des injustices de la ségrégation, marquant le début de son engagement pour la justice et la dignité. « J’ai compris très tôt que la société n’était pas la même pour tout le monde », a-t-il confié, insistant sur l’importance de lutter contre toutes les formes de discrimination.
Réactions contrastées sur les réseaux sociaux
La référence aux « colored kids » a immédiatement suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux. Certains internautes ont vu dans ce choix de mots une maladresse, voire une insensibilité raciale, rappelant que le terme appartient à une époque révolue et douloureuse pour la communauté afro-américaine. D’autres, au contraire, ont interprété ce récit comme le témoignage sincère d’un homme ayant grandi dans une Amérique ségréguée, et qui cherche à transmettre la réalité de cette époque à la jeune génération.
Un passé politique sous le feu des critiques
Ce n’est pas la première fois que Joe Biden se retrouve au centre d’une controverse liée à la question raciale. Déjà en 2019, il avait été vivement critiqué pour avoir évoqué avec nostalgie ses relations de travail avec des sénateurs ségrégationnistes, provoquant l’indignation de plusieurs figures du Parti démocrate. Son passé sur la question du « busing » – la politique de déségrégation scolaire par le transport d’élèves – avait également été remis en cause, certains lui reprochant d’avoir freiné l’intégration raciale dans les écoles publiques.
Entre mémoire et engagement
Malgré la polémique, Joe Biden a tenu à rappeler son engagement de longue date en faveur des droits civiques. Il a souligné que son expérience d’enfant à Scranton avait forgé sa vision de la justice sociale et de l’égalité. « J’ai été impliqué dans la défense des droits civiques toute ma carrière », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant que le chemin vers une société plus inclusive reste long et semé d’embûches.
Un débat qui traverse l’Amérique
L’incident met en lumière la difficulté, pour les responsables politiques américains, de parler du passé ségrégationniste du pays sans raviver de vieilles blessures. Il rappelle aussi combien la question raciale demeure au cœur du débat public, à l’heure où les États-Unis s’interrogent sur leur histoire et sur la manière de la transmettre aux générations futures.
Conclusion
Le discours de Joe Biden à Scranton, entre mémoire personnelle et controverse linguistique, illustre la complexité du rapport des États-Unis à leur passé racial. Si certains y voient une maladresse, d’autres saluent la volonté de l’ancien président de ne pas occulter les réalités de son enfance. Une chose est sûre : le débat sur la mémoire et la justice raciale reste plus que jamais d’actualité outre-Atlantique.