Joe Biden crée la polémique après une anecdote sur son enfance à Scranton

L’ancien président américain Joe Biden a suscité une vive controverse lors de sa première apparition publique depuis la fin de son mandat, en évoquant des souvenirs d’enfance à Scranton, sa ville natale de Pennsylvanie. Lors d’un discours prononcé mardi soir à Chicago, à l’occasion d’une conférence sur la sécurité sociale et les droits des personnes handicapées, Biden, 82 ans, a raconté comment, enfant, il n’avait « pratiquement jamais vu de Noirs » à Scranton et se souvenait avoir vu des « enfants de couleur » dans un bus, une expression aujourd’hui jugée offensante et désuète.

Une anecdote qui fait ressurgir le passé ségrégationniste

Dans son allocution d’environ trente minutes, Joe Biden a expliqué que ce souvenir remontait à son déménagement de Scranton vers Wilmington, dans le Delaware, alors qu’il n’était qu’en quatrième année de primaire. Il a décrit la scène : « Je me souviens d’être arrivé sur le parking et je n’avais jamais vu – je n’avais pratiquement jamais vu de Noirs à Scranton à l’époque. J’étais en quatrième année, et je me souviens avoir vu passer des enfants, à l’époque appelés enfants de couleur, dans un bus. » Il a poursuivi en expliquant que ces enfants ne se rendaient jamais au lycée de Claymont, réservé aux Blancs, et que sa mère lui avait appris qu’ils n’avaient pas le droit de fréquenter les mêmes écoles publiques que les enfants blancs.

Biden a affirmé que cette injustice avait « éveillé [son] sentiment d’indignation » dès son plus jeune âge, le poussant plus tard à s’engager en politique pour lutter contre les discriminations raciales.

Un choix de mots qui divise l’opinion

L’emploi du terme « enfants de couleur », autrefois courant mais aujourd’hui considéré comme raciste, a immédiatement déclenché une vague de réactions sur les réseaux sociaux et dans la presse américaine. De nombreux internautes ont critiqué l’ancien président pour son langage jugé inapproprié, certains y voyant la preuve d’un décalage générationnel, d’autres dénonçant un racisme latent. Des messages ironiques et acerbes ont fleuri, comme « ‘Enfants de couleur’. Quel vieux raciste ! » ou encore « Joe Biden est de retour en public et la première chose qu’il fait, c’est utiliser une expression d’un autre temps ».

Pour ses défenseurs, Biden cherchait à illustrer le contexte historique de sa jeunesse et à dénoncer la ségrégation raciale qui prévalait alors dans certaines régions des États-Unis. Mais pour ses détracteurs, ce type de récit, même contextualisé, révèle une insensibilité persistante aux enjeux contemporains de la lutte contre le racisme.

Un passé de gaffes sur la question raciale

Ce n’est pas la première fois que Joe Biden est critiqué pour des propos maladroits sur la question raciale. En 2019, il avait déjà suscité la polémique en déclarant : « Les enfants pauvres sont tout aussi brillants et talentueux que les enfants blancs. » En 2020, il avait dû s’excuser après avoir affirmé à des électeurs afro-américains qu’ils « n’étaient pas vraiment noirs » s’ils ne votaient pas pour lui.

Un retour sur la scène politique sous tension

Cette prise de parole, très attendue après plusieurs mois de silence, devait marquer le retour de Joe Biden dans le débat public. Mais la polémique autour de ses propos a rapidement éclipsé le fond de son discours, centré sur la défense de la sécurité sociale et la dénonciation des tentatives de réduction des prestations par les Républicains. Face à la tempête médiatique, l’ancien président n’a pour l’instant pas réagi officiellement à la controverse.

Ce nouvel épisode relance le débat sur la capacité des figures politiques issues d’anciennes générations à s’adapter aux évolutions du langage et aux exigences croissantes de la société américaine en matière de respect et d’inclusivité.