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Kenny Kunene suspendu aprĂšs avoir Ă©tĂ© surpris chez un suspect de meurtre lors d’une perquisition Ă  SandtonđŸ”„60

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Affaire Kenny Kunene : l’onde de choc de la prĂ©sence du vice-prĂ©sident de la Patriotic Alliance au domicile d’un suspect de meurtre s’étend Ă  Johannesburg

Johannesburg, 27 juillet 2025 – La scĂšne politique sud-africaine est Ă©branlĂ©e par une nouvelle controverse. Kenny Kunene, vice-prĂ©sident de la Patriotic Alliance (PA) et jusque-lĂ  Membre du ComitĂ© municipal de Johannesburg en charge des Transports (MMC), a dĂ©missionnĂ© de ses fonctions municipales au lendemain d’un scandale impliquant sa prĂ©sence lors d’une descente de police Ă  Sandton, chez Katiso “KT” Molefe, suspect principal dans l’assassinat du cĂ©lĂšbre DJ Sumbody.

Retour sur les faits : une perquisition Ă  Sandton qui fait scandale

Le 21 juillet 2025, la police mĂšne une opĂ©ration d’envergure dans le quartier huppĂ© de Sandton. C’est lĂ  qu’elle procĂšde Ă  l’arrestation de Katiso “KT” Molefe, soupçonnĂ© d’ĂȘtre le cerveau derriĂšre le meurtre du producteur et entrepreneur DJ Sumbody (de son vrai nom Oupa John Sefoka), abattu lors d’une attaque ciblĂ©e en novembre 2022. À la stupeur des enquĂȘteurs et du public, Kenny Kunene se trouvait sur place lors de la descente. Si Molefe est immĂ©diatement interpellĂ©, Kunene, lui, n’est pas inquiĂ©tĂ©. Rapidement interrogĂ© sur sa prĂ©sence, il invoque un simple rendez-vous et nie toute proximitĂ© rĂ©elle avec l’accusĂ©, affirmant avoir accompagnĂ© un jeune journaliste venu interviewer Molefe.

Suspension immédiate et réactions en chaßne

L’affaire prend une tournure politique majeure. Gayton McKenzie, chef de la PA, annonce la suspension immĂ©diate de Kunene de toutes les activitĂ©s du parti, ainsi que sa destitution de son poste d’élu municipal. McKenzie prĂ©cise que l’enquĂȘte sera confiĂ©e Ă  « un panel de juristes intĂšgres », Ă©cartant toute investigation interne et affichant une volontĂ© de transparence Ă  l’heure oĂč la PA est sous les projecteurs comme jamais.

La dĂ©mission de Kunene intervient aprĂšs une montĂ©e des critiques, notamment du Democratic Alliance (DA), principal parti d’opposition en Afrique du Sud, qui rĂ©clame une Ă©viction dĂ©finitive du personnage aux multiples casquettes et passif judiciaire lourd. La PA, qui a rejoint l’an dernier la coalition gouvernementale d’unitĂ© nationale pilotĂ©e par l’ANC, doit prĂ©server son image alors que la confiance dans les institutions est plus fragile que jamais.

Un contexte historique et politique explosif

La carriĂšre politique de Kenny Kunene est marquĂ©e par les controverses depuis plus d’une dĂ©cennie. Ancien dĂ©tenu pour fraude, il s’est recyclĂ© dans les affaires puis dans le militantisme politique, multipliant les apparitions publiques et les prises de positions musclĂ©es contre la corruption et la criminalitĂ©. L’arrivĂ©e de la Patriotic Alliance dans le gouvernement de coalition ANC-PA il y a un peu plus d’un an avait dĂ©jĂ  suscitĂ© des remous : leur ligne dure, leur opposition systĂ©matique Ă  la criminalitĂ© et leur passĂ© trouble inspiraient autant la mĂ©fiance que l’espoir d’un renouveau radical du systĂšme sud-africain.

Avec cette affaire, l’intransigeance affichĂ©e sur la lutte contre le crime est aujourd’hui mise Ă  mal, alors que la justice doit se montrer exemplaire dans un pays oĂč la corruption et la violence minent la confiance citoyenne.

Impacts économiques et stabilité urbaine

Au-delĂ  de la tempĂȘte politique, l’affaire Kunene-Molefe pose des questions stratĂ©giques quant Ă  la gouvernance de la ville de Johannesburg, car le poste d’adjoint aux Transports reste vacant. La mobilitĂ© urbaine, la logistique et la sĂ©curitĂ© des transports collectifs sont des dĂ©fis majeurs pour une mĂ©tropole sujette aux tensions sociales et Ă  l’insĂ©curitĂ©. Les milieux Ă©conomiques de Johannesburg, dĂ©pendants d’un systĂšme de transport efficient, suivent donc avec inquiĂ©tude la suite des Ă©vĂ©nements.

L’instabilitĂ© au sein du conseil municipal pourrait entraver la conduite de projets structurants, particuliĂšrement dans un contexte post-pandĂ©mique oĂč la croissance sud-africaine demeure sinon fragile, du moins incertaine. Les scandales politiques de ce type risquent d’accentuer le « brain drain » – la fuite des talents – mais aussi de freiner les investissements Ă©trangers, dĂ©jĂ  attentistes face Ă  la volatilitĂ© politique et Ă  la rĂ©putation de corruption du pays.

Réactions publiques et gestion de crise

Dans les heures qui ont suivi l’annonce, l’opinion publique s’est enflammĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux, relevant le contraste entre les discours officiels sur la tolĂ©rance zĂ©ro face Ă  la criminalitĂ© et la rĂ©alitĂ© du voisinage entre politique et grand banditisme. Si Kunene revendique n’avoir Ă©tĂ© « qu’au mauvais endroit au mauvais moment », ce plaidoyer peine Ă  convaincre une partie de la population lassĂ©e des scandales Ă  rĂ©pĂ©tition. Sur X (ex-Twitter), certains parlent d’« opĂ©ration de communication » pour limiter les dĂ©gĂąts, d’autres dĂ©noncent une « PR nap » (simple pause mĂ©diatique) plutĂŽt qu’un rĂ©el acte de responsabilitĂ©.

Cependant, une partie de l’opinion estime que la PA a rĂ©agi avec rapiditĂ© et transparence en suspendant l’un de ses cadres dĂšs les premiers soupçons, un mouvement rare dans le paysage politique sud-africain.

Comparaisons régionales et gestion des scandales politiques

Au niveau continental, la gestion de cette affaire met en lumiĂšre les difficultĂ©s de l’Afrique du Sud Ă  rompre avec l’impunitĂ© qui, ailleurs sur le continent, a souvent prĂ©valu lors de scandales impliquant des personnalitĂ©s de haut vol. En comparaison, certains pays voisins, comme le Botswana ou le Rwanda, sont rĂ©putĂ©s pour leur sĂ©vĂ©ritĂ© face aux atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© publique, appliquant des sanctions immĂ©diates et parfois drastiques.

Encore rĂ©cemment, un scandale similaire Ă  Nairobi impliquant un haut conseiller municipal avait abouti Ă  une destitution rapide et Ă  une enquĂȘte sans entrave, renforçant la perception de bonne gouvernance dans la rĂ©gion Est-africaine. En revanche, l’Afrique du Sud, marquĂ©e par des dĂ©cennies d’affaires non rĂ©solues, doit encore convaincre sur la capacitĂ© de son appareil judiciaire et politique Ă  sanctionner rĂ©ellement les dĂ©rives.

La suite de l’enquĂȘte et les enjeux Ă  venir

La Patriotic Alliance a chargĂ© un collĂšge d’avocats indĂ©pendants d’auditionner Kunene et d’éclaircir les circonstances exactes de sa prĂ©sence au domicile du suspect. Les conclusions devront dĂ©partager s’il s’agissait d’une malheureuse coĂŻncidence ou d’un lien pouvant remettre en cause l’intĂ©gritĂ© de l’élu et, partant, la crĂ©dibilitĂ© de la PA dans un paysage politique dĂ©jĂ  fracturĂ©.

L’annonce du successeur au portefeuille des Transports municipaux est attendue avec fĂ©brilitĂ© : le choix qui sera fait enverra un signal fort sur la capacitĂ© des services publics Ă  fonctionner malgrĂ© les tempĂȘtes institutionnelles. Le chef de la PA, Gayton McKenzie, promet de rĂ©vĂ©ler de nouveaux Ă©lĂ©ments et la composition du groupe d’experts dans les prochains jours, alors que la classe politique et la sociĂ©tĂ© civile guettent les prochaines annonces.

Un tournant pour la gouvernance sud-africaine

L’affaire Kunene-Molefe s’inscrit dans une sĂ©rie noire qui alimente la mĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e envers l’élite politique sud-africaine. Pour la PA, il s’agit d’un test de crĂ©dibilitĂ©, alors que les attentes de la population, face Ă  la criminalitĂ© et Ă  la transparence, atteignent un niveau critique.

Ce scandale pourrait marquer un tournant dans la gestion des affaires sensibles en Afrique du Sud selon plusieurs observateurs. La rapiditĂ© et la rigueur de la rĂ©ponse seront dĂ©terminantes pour restaurer – ou entamer, un peu plus – la confiance dans les institutions municipales et nationales, Ă  Johannesburg comme ailleurs dans la rĂ©gion.