La procureure générale de New York, Letitia James, au cœur d’un scandale de fraude hypothécaire : enquête fédérale ouverte
Un séisme politique secoue New York et Washington : Letitia James, procureure générale de l’État de New York, fait l’objet d’une enquête fédérale pour fraude hypothécaire, à la suite d’un signalement criminel transmis par la Federal Housing Finance Agency (FHFA) au Département de la Justice (DOJ). Cette affaire, révélée mardi, suscite une onde de choc dans le paysage politique américain, d’autant plus que Mme James s’est illustrée ces derniers mois par ses poursuites retentissantes contre Donald Trump pour des faits similaires.
Des accusations précises et documentées
Selon la lettre de la FHFA, signée par son directeur William J. Pulte, Letitia James aurait, à plusieurs reprises, falsifié des documents bancaires et des actes de propriété afin d’obtenir des prêts immobiliers à des conditions préférentielles. L’accusation la plus grave porte sur l’acquisition d’une maison à Norfolk, en Virginie, pour laquelle elle aurait déclaré, dans des documents officiels datés d’août 2023, que ce bien constituait sa « résidence principale » — alors même qu’elle exerçait ses fonctions à New York et y menait une vie publique très active, notamment lors du procès civil contre Donald Trump.
La déclaration d’intention de résidence principale, signée de sa main, figure dans une procuration spécifique déposée à Norfolk. Or, les conditions du prêt exigeaient que les deux co-emprunteurs — Mme James et sa parente Shamice Thompson-Hairston — résident effectivement dans la maison sous 60 jours et y demeurent au moins un an. Cette exigence entrait en contradiction directe avec ses obligations de présence à New York, imposées par la loi de l’État pour tout titulaire d’une fonction publique.
Des antécédents troublants
L’enquête fédérale ne s’arrête pas à cette seule transaction. D’autres irrégularités sont relevées dans l’historique immobilier de Letitia James. Elle aurait, par le passé, acquis un immeuble à Brooklyn en le présentant systématiquement comme un bâtiment de quatre logements, alors qu’il en comportait cinq, ce qui aurait pu lui permettre d’accéder à des prêts plus avantageux. De plus, des documents anciens montrent qu’elle aurait cosigné un prêt avec son père en se présentant comme « mari et femme », une fausse déclaration susceptible de constituer une fraude bancaire.
Un effet boomerang politique
L’ironie de la situation n’a pas échappé aux observateurs et aux réseaux sociaux : Letitia James, qui a bâti sa réputation sur la lutte contre la fraude financière et l’exigence d’intégrité des puissants, se retrouve aujourd’hui accusée des mêmes pratiques qu’elle dénonçait chez ses adversaires politiques. « Le plus grand danger pour Letitia James serait que le standard qu’elle a appliqué à d’autres soit désormais appliqué à elle-même », commente un analyste.
Quelles conséquences juridiques et politiques ?
Si les faits sont avérés, Letitia James pourrait être poursuivie pour fraude bancaire, fraude postale, fausses déclarations à une institution financière, voire pour avoir occupé illégalement sa fonction de procureure générale, la loi de l’État de New York imposant une résidence effective et continue dans l’État pour tout titulaire de cette charge. À ce stade, Mme James n’a pas réagi publiquement à ces accusations.
L’affaire, qui intervient dans un contexte de polarisation extrême et de rivalités judiciaires entre démocrates et républicains, promet de nourrir le débat politique dans les semaines à venir. Elle pose aussi la question de la cohérence et de l’exemplarité des responsables publics, à l’heure où la confiance dans les institutions est plus fragile que jamais.