Super Falcons : un 10e sacre historique à la WAFCON grùce à une remontée époustouflante contre le Maroc
Une soirée décisive à Rabat : le Nigeria triomphe sur les terres marocaines
Dans une finale haletante disputĂ©e au Stade Olympique de Rabat, les Super Falcons du Nigeria ont dĂ©crochĂ© leur dixiĂšme titre en Coupe dâAfrique des Nations FĂ©minine (WAFCON) en venant Ă bout du Maroc 3-2, au terme dâune remontĂ©e sensationnelle. MenĂ©es 2-0 en premiĂšre pĂ©riode par des Lionnes de lâAtlas redoutables, les tenantes du titre ont dĂ©montrĂ© tout leur caractĂšre pour arracher la victoire et confirmer leur hĂ©gĂ©monie sur le football fĂ©minin africain.
Les 21 000 spectateurs rĂ©unis dans cette enceinte bouillonnante ont assistĂ© Ă lâun des scĂ©narios les plus spectaculaires de lâhistoire de la WAFCON, avec des rebondissements, des dĂ©cisions arbitrales cruciales et une tension palpable Ă chaque action.
La rencontre : un départ fulgurant du Maroc, puis la révolte nigériane
DĂšs le coup dâenvoi, le Maroc affiche ses ambitions de soulever son premier trophĂ©e continental fĂ©minin. Ghizlane Chebbak, capitaine et vĂ©ritable mĂ©tronome du jeu marocain, ouvre le score dĂšs la 13e minute dâune frappe limpide qui fait chavirer le stade. Puis Sanaa Mssoudy double la mise pour les hĂŽtes quelques minutes plus tard, profitant dâune dĂ©sorganisation dĂ©fensive nigĂ©riane.
Les Super Falcons, pourtant favorites, peinent à contenir la fougue marocaine. Leurs offensives, orchestrées par Esther Okoronkwo et Chinwendu Ihezuo, sont longtemps contrariées par la défense de fer emmenée par Nouhaila Benzina.
Le tournant se produit Ă la 63e minute : aprĂšs une main marocaine constatĂ©e Ă la VAR, lâarbitre indique le point de penalty. Esther Okoronkwo transforme la sentence avec sang-froid, rĂ©duisant lâĂ©cart et impulsant un nouvel Ă©lan aux NigĂ©rianes. Huit minutes plus tard, câest encore elle qui sert Folashade Ijamilusi pour lâĂ©galisation dâun tir croisĂ© imparable.
La dĂ©livrance arrive Ă la 88e minute, lorsque Jennifer Echegini, entrĂ©e en jeu, marque le but victorieux en reprenant une offrande dâOkoronkwo. Lâexplosion de joie nigĂ©riane contraste avec lâaccablement du public marocain, qui voit la victoire sâĂ©loigner dĂ©finitivement.
Amnesty de lâhistoire : la suprĂ©matie des Super Falcons rĂ©affirmĂ©e
Ce triomphe prolonge une domination dĂ©jĂ sans prĂ©cĂ©dent : le Nigeria a remportĂ© 10 des 13 Ă©ditions de la WAFCON depuis sa crĂ©ation en 1991, passant rarement Ă cĂŽtĂ© du trophĂ©e. Cette gĂ©nĂ©ration, menĂ©e par la capitaine Rasheedat Ajibade â dĂ©signĂ©e meilleure joueuse Ă trois reprises lors du tournoi â et guidĂ©e par lâexpĂ©rimentĂ© sĂ©lectionneur Justine Madugu, continue lâĆuvre de leurs illustres aĂźnĂ©es.
La victoire nigĂ©riane revĂȘt un symbole historique : câest la premiĂšre Ă©quipe Ă soulever le nouveau trophĂ©e WAFCON et la seule nation africaine Ă avoir atteint une telle rĂ©gularitĂ© au plus haut niveau du football fĂ©minin continental. Face Ă elles, lâĂgypte fut absente des phases finales cette annĂ©e, tandis que lâAfrique du Sud et le Cameroun, pourtant fĂ©roces concurrentes, ont encore Ă©chouĂ© Ă briser le monopole vert et blanc ces derniĂšres dĂ©cennies.
Parcours vers la finale : une montée en puissance
Les Super Falcons nâont laissĂ© aucune place au doute durant cette Ă©dition 2025. AprĂšs une phase de groupes maĂźtrisĂ©e, elles ont Ă©crasĂ© la Zambie 5-0 en quarts de finale, avant de vaincre lâAfrique du Sud â tenante du titre 2022 â sur le fil (2-1), grĂące Ă une rĂ©alisation dĂ©cisive de Michelle Alozie en toute fin de rencontre.
La polyvalence du groupe est lâun des atouts majeurs : neuf buteuses diffĂ©rentes sur la compĂ©tition, un socle dĂ©fensif solide animĂ© par Chiamaka Nnadozie, Osinachi Ohale et Oluwatosin Demehin, ainsi quâun banc dĂ©cisif. La profondeur de lâĂ©quipe a Ă©tĂ© essentielle lors des moments cruciaux, notamment face au Maroc dont la pression du public pouvait submerger nâimporte quel adversaire.
Contexte historique : la WAFCON, vitrine du football féminin africain
La Coupe dâAfrique des Nations FĂ©minine (WAFCON) symbolise la montĂ©e en puissance du sport fĂ©minin sur le continent. Si, longtemps, le Nigeria a Ă©crasĂ© la concurrence avec parfois plus de 20 buts inscrits par tournoi lors des premiĂšres Ă©ditions, lâĂ©cart sâest rĂ©duit au fil des ans. La professionnalisation des sĂ©lections, Ă lâexemple du tournoi organisĂ© par le Maroc, favorise lâĂ©mergence de nouvelles prĂ©tendantes telles que la Zambie, la CĂŽte dâIvoire ou le Ghana, rĂ©guliĂšrement prĂ©sents dans le dernier carrĂ© ces derniĂšres annĂ©es.
Pour le Maroc, la dĂ©faite est synonyme de frustration mais aussi de fiertĂ©. LâĂ©quipe de Jorge Vilda, ex-entraĂźneur du football espagnol fĂ©minin, a rĂ©ussi Ă hisser son pays en finale avec un jeu audacieux et structurĂ©, gĂ©nĂ©rant un engouement inĂ©dit parmi les supporters locaux.
Impact économique et retombées de la victoire nigériane
La victoire du Nigeria Ă la WAFCON ne se limite pas Ă la sphĂšre sportive. Elle engendre dâimportants bĂ©nĂ©fices Ă©conomiques et sociaux :
- VisibilitĂ© internationale accrue : Le sacre des Super Falcons attire lâattention des mĂ©dias sportifs mondiaux, valorisant ainsi tout le football fĂ©minin africain.
- Prime record : Les NigĂ©rianes repartent avec une dotation dâun million de dollars, la plus Ă©levĂ©e de lâhistoire du tournoi, en plus du nouveau trophĂ©e symbolique.
- Effet levier pour les jeunes filles : Ce triomphe suscite des vocations dans un pays oĂč la pratique sportive fĂ©minine reste entravĂ©e par de nombreux obstacles culturels et structurels. Les acadĂ©mies footballistiques nigĂ©rianes sâattendent Ă un afflux de jeunes talents dans les prochains mois.
- RetombĂ©es locales : Lâaudience tĂ©lĂ©visuelle, les ventes de maillots, ainsi que lâorganisation de camps de formation sont autant de sources de revenus directs et indirects gĂ©nĂ©rĂ©s par ce succĂšs.
Comparaisons régionales : un écart qui se resserre
Si le Nigeria conserve la tĂȘte du palmarĂšs, la dynamique rĂ©gionale Ă©volue. LâAfrique australe, reprĂ©sentĂ©e par lâAfrique du Sud, a remportĂ© le titre en 2022, rompant une longue disette et confirmant la montĂ©e en puissance des Banyana Banyana. Au Maghreb, le Maroc devient dĂ©sormais une place forte du football fĂ©minin, tant par ses rĂ©sultats rĂ©cents que par la qualitĂ© de son organisation.
En Afrique centrale et de lâOuest, la CĂŽte dâIvoire et le Ghana progressent, mais peinent encore Ă rivaliser sur la durĂ©e avec la structure nigĂ©riane, basĂ©e sur la stabilitĂ© des techniciens et une politique fĂ©dĂ©rale cohĂ©rente de dĂ©veloppement du football fĂ©minin.
Réactions et perspectives
Le sacre des Super Falcons a suscité une ferveur populaire immédiate, au Nigeria comme dans la diaspora. Les réseaux sociaux se sont rapidement enflammés, les anciens internationaux et de nombreuses personnalités saluant la performance des joueuses. à Rabat, malgré la déception, les supporters marocains ont ovationné leurs compatriotes, reconnaissant le parcours exceptionnel qui devrait inspirer de nouvelles générations de Lionnes.
Du cĂŽtĂ© nigĂ©rian, le sĂ©lectionneur Justine Madugu a rappelĂ© que lâĂ©quipe nâĂ©tait « guidĂ©e que par lâidĂ©e dâĂ©crire lâhistoire, pas de vengeance aprĂšs la demi-finale perdue en 2022 contre ce mĂȘme Maroc ». Pour lui, ce triomphe valide la stratĂ©gie de diversification des profils, dâinvestissement dans la formation et de consolidation des acquis tactiques, afin de maintenir le Nigeria au sommet, alors que la concurrence se densifie Ă chaque Ă©dition.
La WAFCON, laboratoire du futur pour le football africain
La Coupe dâAfrique des Nations FĂ©minine sâimpose de plus en plus comme un rĂ©vĂ©lateur de tendances et dâinnovations pour le football continental. Avec ses audiences en hausse et la professionnalisation croissante des Ă©quipes, la WAFCON sâaffirme comme un levier clĂ© pour lâĂ©mergence de nouveaux talents et la valorisation dâun football vecteur de cohĂ©sion sociale et dâĂ©mancipation. La victoire des Super Falcons, Ă Rabat, symbolise Ă la fois la continuitĂ© dâune dynastie et le renouveau dâune compĂ©tition entrĂ©e dans une nouvelle Ăšre.