Neil Young, icĂŽne de la musique folk-rock et citoyen amĂ©ricano-canadien, sâinvite dans la campagne Ă©lectorale canadienne en apportant un soutien appuyĂ© Ă Mark Carney, chef du Parti libĂ©ral, dans une lettre ouverte publiĂ©e le 14 avril. InstallĂ© en Californie depuis 1966 et rĂ©cemment naturalisĂ© amĂ©ricain, Young nâen revendique pas moins son attachement viscĂ©ral au Canada : « Je suis Canadien et je le resterai toujours », Ă©crit-il, Ă©voquant son enfance en Ontario et au Manitoba, ses dĂ©buts musicaux, et sa gratitude envers tous ceux qui lâont accompagnĂ© dans sa carriĂšre. Lâartiste souligne la nĂ©cessitĂ© de « parler vrai au pouvoir » et sâinquiĂšte des menaces pesant sur « lâexistence mĂȘme du Canada » : « Ils veulent nos ressources, nos terres, nos pĂȘcheries, notre eau, notre Arctique, peut-ĂȘtre mĂȘme nos Ăąmes. » Pour Young, Mark Carney incarne la compĂ©tence, le courage et la vision nĂ©cessaires pour dĂ©fendre les valeurs fondamentales du pays et guider le Canada dans une pĂ©riode de turbulences internationales.
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada, a accueilli avec reconnaissance le soutien de Neil Young. Ce ralliement symbolique intervient alors que Carney tente de sĂ©duire lâĂ©lectorat quĂ©bĂ©cois, notamment lors de son passage remarquĂ© Ă lâĂ©mission « Tout le monde en parle ». Il y a reconnu ses limites linguistiques en français, mais a insistĂ© sur sa volontĂ© de transparence et son engagement envers la province, rappelant son travail avec Jean Charest lors de la crise de 2008. Carney a Ă©galement Ă©tĂ© interrogĂ© sur des sujets sensibles comme la Loi 21 et lâindĂ©pendance Ă©nergĂ©tique du QuĂ©bec, affichant une approche pragmatique et respectueuse des spĂ©cificitĂ©s locales.
Cependant, la campagne libĂ©rale nâĂ©chappe pas Ă la polĂ©mique. Lâutilisation par Carney dâun slogan phare de la RĂ©volution tranquille quĂ©bĂ©coise, « MaĂźtres chez nous », a suscitĂ© lâindignation du Bloc QuĂ©bĂ©cois et de certains nationalistes, qui dĂ©noncent une forme dâappropriation culturelle. Yves-François Blanchet, chef du Bloc, sâest insurgĂ© contre ce quâil perçoit comme une rĂ©cupĂ©ration opportuniste dâun symbole identitaire fort, alors mĂȘme que les libĂ©raux auraient, selon lui, cherchĂ© à « noyer ses effets dans le grand vide canadien ». Sur les rĂ©seaux sociaux, le dĂ©bat enfle : certains y voient une tentative maladroite de sĂ©duire lâĂ©lectorat quĂ©bĂ©cois, dâautres une stratĂ©gie pour affirmer lâindĂ©pendance Ă©conomique du Canada face Ă la montĂ©e des tensions avec les Ătats-Unis de Donald Trump.
Cette controverse sâinscrit dans une campagne oĂč lâauthenticitĂ© et la stratĂ©gie politique sont scrutĂ©es Ă la loupe. Tandis que Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, tente de se dĂ©marquer de lâinfluence trumpienne et de sĂ©duire un QuĂ©bec rĂ©ticent Ă son Ă©gard, Carney doit composer avec les attentes dâune province clĂ© pour espĂ©rer former un gouvernement majoritaire. Lâappui de Neil Young, figure transfrontaliĂšre et dĂ©fenseur de causes progressistes, pourrait-il faire pencher la balance ? En tout cas, il rappelle la capacitĂ© de la culture Ă sâinviter dans lâarĂšne politique et Ă raviver les dĂ©bats sur lâidentitĂ©, la souverainetĂ© et lâavenir du Canada.