Nvidia frappée par un coup dur : les États-Unis interdisent l’exportation des puces H20 vers la Chine

Le géant américain des semi-conducteurs Nvidia traverse une zone de turbulences après l’annonce choc du gouvernement américain : l’exportation de ses puces d’intelligence artificielle H20 vers la Chine est désormais interdite pour une durée indéterminée, invoquant des préoccupations de sécurité nationale. Cette décision, communiquée la semaine dernière à l’entreprise californienne, impose à Nvidia d’obtenir une licence d’exportation pour toute vente de ces puces vers la Chine et d’autres pays jugés sensibles. Les H20, conçues spécifiquement pour le marché chinois afin de respecter les restrictions américaines, étaient jusqu’ici le produit phare de Nvidia sur ce segment stratégique.

Un impact financier massif

Le coup est rude pour Nvidia, qui a annoncé devoir passer une charge exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars sur le premier trimestre de son exercice fiscal. Cette somme colossale reflète l’ampleur des commandes déjà passées par les géants chinois de la tech, tels que ByteDance, Alibaba et Tencent, qui avaient anticipé un durcissement des règles et commandé pour plus de 16 milliards de dollars de puces H20 au début de l’année. Désormais, ces ventes sont gelées, et l’incertitude plane sur la capacité de Nvidia à maintenir sa présence sur le marché chinois, qui ne représente plus que 13 % de son chiffre d’affaires, contre un tiers il y a quelques années.

Chute en Bourse et inquiétudes sectorielles

Sans surprise, la réaction des marchés a été immédiate : l’action Nvidia a plongé de plus de 5 % lors des échanges après la clôture à Wall Street, traduisant la nervosité des investisseurs face à ce revers stratégique. Cette décision s’inscrit dans la continuité des politiques menées sous les administrations Biden puis Trump, visant à préserver l’avance technologique américaine en matière d’IA et à empêcher Pékin de développer des applications militaires de pointe grâce à des composants américains.

Un bras de fer géopolitique

Washington justifie ce durcissement par la volonté de limiter l’accès de la Chine aux technologies les plus avancées, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle et des supercalculateurs. Les H20, bien que bridées pour respecter les seuils de performance autorisés à l’export, restent nettement supérieures à la production locale chinoise et sont essentielles pour l’entraînement de modèles d’IA de nouvelle génération, comme ceux développés par DeepSeek.

Nvidia, de son côté, se retrouve prise en étau entre la pression politique américaine et la dépendance d’une partie de son activité au marché chinois. L’entreprise avait pourtant tenté de rassurer l’administration Trump en promettant d’investir massivement dans des centres de données d’IA aux États-Unis, mais cela n’aura pas suffi à infléchir la décision finale.

Vers un nouveau paysage pour l’IA mondiale

Cette interdiction marque un tournant pour l’industrie mondiale des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle. Elle pourrait accélérer les efforts de la Chine pour développer une filière locale de puces avancées, tout en fragilisant la position de Nvidia sur un marché en pleine expansion. Les prochains mois seront décisifs pour le groupe californien, qui devra adapter sa stratégie face à un environnement géopolitique de plus en plus incertain et à la montée en puissance de la concurrence asiatique.

En attendant, l’affaire illustre la nouvelle donne du secteur technologique, où la rivalité sino-américaine se joue désormais à coups de restrictions, d’investissements massifs et de batailles réglementaires, bien au-delà des simples considérations commerciales.