Portland confrontée à une flambée de l’itinérance et à des inquiétudes croissantes sur la sécurité publique

Portland, Oregon – La ville de Portland traverse une crise majeure alors que l’itinérance et les préoccupations liées à la sécurité publique atteignent des niveaux sans précédent. Selon les dernières données, l’itinérance a augmenté de 65 % au cours de la dernière décennie, avec plus de 5 398 personnes vivant sans abri lors du dernier recensement, représentant le taux d’itinérance non abritée le plus élevé de l’histoire de la ville. La situation est aggravée par une hausse dramatique des décès liés à la drogue, notamment plus de 300 morts annuelles attribuées au fentanyl.

Entre avril et juin, dix corps ont été retrouvés dans les rivières de Portland, alimentant les inquiétudes sur les crises de santé mentale et la sécurité publique. Les résidents et commerçants, comme ceux du restaurant chinois sur la 82e Avenue, signalent des problèmes persistants liés aux campements de sans-abri, au vandalisme et aux incendies, tout en déplorant un manque d’intervention des autorités municipales.

Face à l’inaction perçue de la ville, certains membres de la communauté ont lancé des collectes de fonds pour installer de grands bacs à fleurs, dans l’espoir de décourager l’installation répétée de campements devant leurs commerces. Parallèlement, le projet du James Beard Public Market cherche un soutien législatif pour aller de l’avant et contribuer à la revitalisation culturelle et économique du centre-ville.

La réponse municipale reste controversée. Malgré une multiplication par plus de quatre des dépenses pour les opérations de démantèlement et d’hébergement temporaire — passant de 16,3 millions de dollars en 2021 à 72,5 millions en 2025 — le taux de mortalité des sans-abri à Portland dépasse désormais celui de toutes les grandes villes de la côte Ouest, y compris Los Angeles et Seattle. Les experts et travailleurs sociaux locaux critiquent la stratégie de la ville, qui privilégie les démantèlements de campements et la création d’abris temporaires au détriment du logement permanent, estimant que ces mesures aggravent la vulnérabilité des personnes concernées.

Le maire Keith Wilson a récemment qualifié l’itinérance de « plus grande crise humanitaire » que Portland ait jamais connue et a présenté un plan ambitieux axé sur la création de nouveaux centres d’hébergement de nuit et de jour. Toutefois, la tension demeure palpable dans plusieurs quartiers, comme la Pearl District, où l’annonce d’un nouveau centre d’urgence suscite des craintes de hausse de la criminalité et de la consommation de drogues.

Un récent sondage municipal confirme que l’itinérance, le coût de la vie et la sécurité figurent en tête des préoccupations des habitants. Les autorités affirment poursuivre une approche « multifacette » pour sauver des vies et soutenir les personnes en crise, mais la communauté attend des résultats concrets alors que la situation continue de se détériorer.