Un séisme à l’IRS : plus de 22 000 départs volontaires sous l’ère Trump, l’agence fiscale américaine au bord d’une transformation majeure
L’administration Trump vient de provoquer un véritable séisme administratif aux États-Unis : plus de 22 000 employés de l’Internal Revenue Service (IRS), soit environ un cinquième de l’effectif total, ont accepté l’offre de départ volontaire proposée par la Maison-Blanche. Cette vague de départs, sans précédent dans l’histoire récente de l’agence, intervient alors que la saison fiscale s’achève et que les débats autour de l’avenir de l’IRS s’enflamment sur les réseaux sociaux, certains allant jusqu’à réclamer purement et simplement sa suppression.
Un plan de réduction massif et inédit
L’initiative, baptisée « démission différée », permet aux agents partants de toucher leur salaire et leurs avantages sociaux jusqu’au 30 septembre, sans obligation de travailler durant cette période. Cette mesure, qui fait écho à une première vague de départs en début d’année (environ 4 700 agents), s’inscrit dans une stratégie plus large de réduction de la fonction publique fédérale, orchestrée en partie avec le concours du Département de l’Efficacité Gouvernementale, proche d’Elon Musk.
Depuis janvier, l’IRS a déjà licencié près de 7 000 agents en période probatoire et vu partir 5 000 autres employés, ce qui porte à près d’un tiers la proportion de personnel perdu ou sur le point de partir cette année. L’agence, qui comptait environ 100 000 salariés au début du second mandat de Donald Trump, pourrait ainsi voir ses effectifs fondre à 60 000 ou 70 000 personnes dans les prochains mois.
Des conséquences redoutées sur la collecte fiscale et les services aux contribuables
Les experts financiers et anciens responsables de l’IRS tirent la sonnette d’alarme : la perte d’un tel volume de compétences risque de paralyser la capacité de l’État fédéral à collecter l’impôt, à contrôler la fraude et à assurer un service minimum aux citoyens. Certains craignent que le manque à gagner pour le Trésor ne se chiffre en centaines de milliards de dollars, alors que la dette publique américaine dépasse déjà les 36 600 milliards de dollars et que le déficit annuel frôle les 1 830 milliards.
La réduction des effectifs a déjà contraint l’IRS à abandonner certaines vérifications fiscales et pourrait encourager l’évasion fiscale, selon plusieurs témoignages internes. « L’atmosphère est toxique, le moral est au plus bas », confie un agent basé à Atlanta, évoquant la difficulté croissante à maintenir la motivation au sein des équipes.
Un débat politique et social en toile de fond
Si cette vague de départs ne signifie pas, à ce stade, une volonté officielle d’abolir l’IRS, elle s’inscrit dans un contexte de défiance croissante envers l’institution, attisée par des campagnes virulentes sur les réseaux sociaux. L’administration Trump justifie ces coupes par la nécessité de rationaliser les dépenses publiques, tandis que ses opposants dénoncent une stratégie risquée qui affaiblit l’État et compromet la confidentialité des données fiscales.
Le contraste est d’autant plus marqué que l’administration Biden avait, ces dernières années, renforcé les effectifs de l’IRS à hauteur de 20 000 postes, financés par le plan Inflation Reduction Act, dans l’espoir d’améliorer la collecte et la qualité de service.
Des départs au sommet et des interrogations sur l’avenir
Parmi les partants figurent plusieurs hauts responsables, dont la commissaire intérimaire Melanie Krause, qui a choisi de quitter ses fonctions dans un contexte de tensions internes, notamment sur la question du partage de données fiscales avec les services d’immigration. La direction de l’IRS, déjà fragilisée, devra donc gérer cette transition dans l’incertitude, alors que le Congrès pourrait être amené à revoir en urgence le financement de l’agence pour éviter une crise de recouvrement fiscal.
Conclusion
Cette vague de départs massifs à l’IRS marque un tournant historique pour l’administration fiscale américaine. Si elle ne signe pas la disparition immédiate de l’agence, elle ouvre une période d’incertitude majeure, tant pour les finances publiques que pour les contribuables. La question de l’équilibre entre efficacité budgétaire et capacité de l’État à remplir ses missions essentielles est plus que jamais posée.