Global24

Trump Ă©carte l’Associated Press : la Maison Blanche supprime la place des agences de presse dans le pool quotidienđŸ”„80

Our take on Image@ news is .Trump Ă©carte l’Associated Press : la Maison Blanche supprime la place des agences de presse dans le pool quotidien - 1
1 / 2
Indep. Analysis based on open media fromnews.

Crise d’accĂšs Ă  la Maison-Blanche : l’administration Trump contourne la justice et exclut les agences de presse du pool prĂ©sidentiel

Une décision judiciaire historique, mais une riposte inattendue

La Maison-Blanche traverse une nouvelle tempĂȘte mĂ©diatique aprĂšs avoir choisi d’exclure purement et simplement les agences de presse du pool prĂ©sidentiel, en rĂ©action Ă  une dĂ©cision de justice ordonnant la rĂ©intĂ©gration de l’Associated Press (AP) aux Ă©vĂ©nements officiels. Cette manƓuvre, qualifiĂ©e de “contournement” de la dĂ©cision fĂ©dĂ©rale, soulĂšve de vives inquiĂ©tudes sur la libertĂ© de la presse et la capacitĂ© des agences Ă  informer le public de maniĂšre indĂ©pendante et exhaustive.

Retour sur une bataille judiciaire inédite

Tout commence en fĂ©vrier, lorsque l’administration Trump bannit l’AP des Ă©vĂ©nements restreints Ă  la Maison-Blanche, notamment du Bureau ovale et d’Air Force One. En cause : le refus de l’agence d’adopter la nouvelle appellation “Golfe d’AmĂ©rique” imposĂ©e par dĂ©cret prĂ©sidentiel, en remplacement du traditionnel “Golfe du Mexique”. L’AP, pilier du journalisme amĂ©ricain, saisit alors la justice, dĂ©nonçant une discrimination fondĂ©e sur le contenu Ă©ditorial, en violation du Premier Amendement de la Constitution amĂ©ricaine.

Le 8 avril, le juge fĂ©dĂ©ral Trevor N. McFadden ordonne Ă  la Maison-Blanche de rĂ©tablir sans dĂ©lai l’accĂšs complet de l’AP, estimant que “le gouvernement ne peut pas punir un mĂ©dia pour ses opinions” et rappelant que “la Constitution exige l’égalitĂ© d’accĂšs pour tous les journalistes, quels que soient leurs points de vue”. Cette dĂ©cision est saluĂ©e comme une victoire majeure pour la libertĂ© de la presse outre-Atlantique.

Une riposte politique : la suppression du créneau réservé aux agences

Mais Ă  peine une semaine plus tard, la Maison-Blanche annonce une refonte du pool prĂ©sidentiel : le crĂ©neau traditionnellement rĂ©servĂ© aux agences de presse – AP, Reuters, Bloomberg – est supprimĂ©. DĂ©sormais, seuls deux journalistes de la presse Ă©crite, accompagnĂ©s d’équipes de grands rĂ©seaux tĂ©lĂ©visĂ©s, d’une radio, d’un mĂ©dia “nouvelle gĂ©nĂ©ration” et de photographes, auront accĂšs aux Ă©vĂ©nements Ă  capacitĂ© limitĂ©e. Les agences de presse, qui jouent un rĂŽle central dans la diffusion rapide et neutre de l’information auprĂšs de milliers de mĂ©dias Ă  travers le monde, se voient ainsi privĂ©es d’un accĂšs direct, au profit d’une rotation Ă©largie de la presse Ă©crite.

La Maison-Blanche justifie ce changement par une volontĂ© dâ€™â€œĂ©quitĂ© entre tous les mĂ©dias” et d’adaptation aux “nouvelles prĂ©fĂ©rences du public amĂ©ricain en 2025”, tout en soulignant l’intĂ©gration croissante de journalistes issus des nouveaux mĂ©dias et des influenceurs dans les briefings prĂ©sidentiels. Mais pour de nombreux observateurs, cette dĂ©cision apparaĂźt comme une mesure de reprĂ©sailles Ă  peine voilĂ©e, destinĂ©e Ă  limiter la capacitĂ© des agences Ă  couvrir les faits et gestes du prĂ©sident, malgrĂ© l’injonction judiciaire.

Un débat crucial sur la liberté de la presse

Cette exclusion des agences de presse du pool prĂ©sidentiel marque une rupture avec des dĂ©cennies de tradition Ă  la Maison-Blanche, oĂč l’accĂšs des wire services Ă©tait considĂ©rĂ© comme un gage de transparence et d’égalitĂ© d’information pour l’ensemble des mĂ©dias, petits ou grands, locaux ou internationaux. Les syndicats de journalistes et les dĂ©fenseurs de la libertĂ© de la presse dĂ©noncent une atteinte grave au pluralisme et Ă  l’indĂ©pendance de l’information, craignant que cette nouvelle configuration ne limite la diversitĂ© des points de vue et ne fragilise la couverture des Ă©vĂ©nements prĂ©sidentiels.

L’administration Trump a d’ores et dĂ©jĂ  fait appel de la dĂ©cision judiciaire ordonnant la rĂ©intĂ©gration de l’AP, laissant planer l’incertitude sur l’avenir de l’accĂšs des agences Ă  la Maison-Blanche. Dans l’intervalle, la solidaritĂ© s’organise au sein de la profession, plusieurs mĂ©dias appelant Ă  des actions symboliques pour dĂ©fendre le droit fondamental d’informer sans entrave.

La question posĂ©e aujourd’hui dĂ©passe largement le cas de l’AP : c’est l’équilibre entre pouvoir exĂ©cutif et contre-pouvoirs mĂ©diatiques qui se joue, dans un contexte de polarisation croissante et de dĂ©fiance envers la presse. Un dĂ©bat essentiel pour la dĂ©mocratie amĂ©ricaine, dont les rĂ©percussions pourraient bien dĂ©passer les frontiĂšres des États-Unis.