Un nouveau coup de tonnerre secoue la tech mondiale : les Ătats-Unis viennent dâimposer une interdiction dâexportation des puces H20 de Nvidia vers la Chine, invoquant des prĂ©occupations de sĂ©curitĂ© nationale. Cette dĂ©cision, annoncĂ©e officiellement le 9 avril 2025, sâinscrit dans la continuitĂ© du durcissement des contrĂŽles amĂ©ricains sur les technologies sensibles, en particulier dans le secteur stratĂ©gique de lâintelligence artificielle.
Nvidia frappé de plein fouet : une charge de 5,5 milliards de dollars
Le gĂ©ant californien des semi-conducteurs a immĂ©diatement rĂ©agi Ă cette annonce en prĂ©voyant une charge exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars sur ses rĂ©sultats du premier trimestre fiscal 2026, qui sâachĂšve le 27 avril. Cette somme colossale correspond Ă la valeur des stocks et commandes de puces H20 destinĂ©s au marchĂ© chinois, dĂ©sormais gelĂ©s par la nouvelle rĂ©glementation. Sans surprise, lâaction Nvidia a plongĂ© de 6 % dans les Ă©changes aprĂšs la clĂŽture de Wall Street, illustrant la nervositĂ© des investisseurs face Ă lâescalade des tensions sino-amĂ©ricaines.
La H20, puce vedette et symbole de la rivalité technologique
La H20 reprĂ©sentait jusquâici la puce dâIA la plus avancĂ©e que Nvidia Ă©tait autorisĂ© Ă vendre en Chine, aprĂšs une sĂ©rie de restrictions successives imposĂ©es par Washington depuis 2022. Conçue pour respecter les limites fixĂ©es par les autoritĂ©s amĂ©ricaines, elle sâĂ©tait imposĂ©e comme un composant clĂ© pour les gĂ©ants chinois du numĂ©rique tels que Tencent, Alibaba ou ByteDance, ainsi que pour la startup DeepSeek, en pleine ascension sur le marchĂ© de lâIA. MalgrĂ© des performances moindres en phase dâentraĂźnement par rapport aux modĂšles occidentaux, la H20 restait trĂšs compĂ©titive pour lâinfĂ©rence, un segment en forte croissance.
Mais les autoritĂ©s amĂ©ricaines redoutent que ces puces, grĂące Ă leur capacitĂ© de connexion rapide Ă la mĂ©moire et Ă dâautres processeurs, puissent ĂȘtre dĂ©tournĂ©es pour Ă©quiper des supercalculateurs chinois, potentiellement Ă des fins militaires ou stratĂ©giques. DĂ©sormais, toute exportation de H20 vers la Chine, Hong Kong et Macao nĂ©cessitera une licence spĂ©ciale, sans garantie dâobtention, et ce « pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e ».
Un nouvel épisode dans la guerre technologique sino-américaine
Cette mesure sâinscrit dans un contexte de rivalitĂ© exacerbĂ©e entre Washington et PĂ©kin autour des technologies de pointe, notamment lâIA et les semi-conducteurs. Depuis 2017, la « guerre technologique » a profondĂ©ment bouleversĂ© les chaĂźnes dâapprovisionnement mondiales, poussant les entreprises Ă diversifier leurs sources et Ă relocaliser certaines productions. MalgrĂ© tout, lâinterdĂ©pendance reste forte : la Chine demeure un acteur incontournable de la chaĂźne de valeur Ă©lectronique, Ă la fois fournisseur et client des Ătats-Unis.
Pour Nvidia, ce revers met en lumiĂšre la fragilitĂ© de sa stratĂ©gie sur le marchĂ© chinois, alors que la concurrence locale, incarnĂ©e notamment par Huawei, sâintensifie. Le PDG Jensen Huang avait rĂ©cemment averti que les revenus en provenance de Chine avaient dĂ©jĂ chutĂ© de moitiĂ© depuis les premiĂšres restrictions, et que la pression concurrentielle ne ferait que sâaccentuer.
Vers une fragmentation durable du marché mondial ?
Au-delĂ du cas Nvidia, cette dĂ©cision amĂ©ricaine pourrait accĂ©lĂ©rer la fragmentation du marchĂ© mondial des technologies, chaque bloc cherchant Ă sĂ©curiser ses approvisionnements et Ă protĂ©ger ses champions nationaux. Les analystes sâinquiĂštent dâun ralentissement de lâinnovation et dâune hausse des coĂ»ts pour lâensemble du secteur, alors que la course Ă lâIA sâintensifie.
En toile de fond, la question demeure : jusquâoĂč ira lâaffrontement technologique entre les deux superpuissances, et quelles en seront les consĂ©quences pour lâĂ©conomie mondiale ? Une chose est sĂ»re : la bataille pour la suprĂ©matie numĂ©rique ne fait que commencer.