Un bras de fer judiciaire s’engage aux États-Unis : la justice fédérale attaque l’État du Maine sur la question de la participation des athlètes transgenres dans le sport scolaire féminin

Le débat sur l’inclusion des athlètes transgenres dans le sport scolaire féminin prend une nouvelle dimension outre-Atlantique. Ce mercredi, la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, a annoncé que le ministère de la Justice engageait une action en justice contre le département de l’Éducation du Maine, accusé de violer le fameux Titre IX, la loi fédérale interdisant la discrimination fondée sur le sexe dans les établissements scolaires bénéficiant de fonds publics.

Un affrontement politique et juridique de haute intensité

Au cœur de la polémique : la politique du Maine, qui autorise les jeunes transgenres à concourir dans les équipes féminines, en conformité avec la législation locale sur les droits humains. Cette position s’oppose frontalement à un décret signé en février par le président Donald Trump, qui impose l’exclusion des athlètes transgenres des compétitions féminines, arguant que le Titre IX doit être interprété comme une protection exclusive des femmes cisgenres dans le sport. Le président a menacé de priver de financements fédéraux les États qui refuseraient de se plier à cette directive, une menace concrétisée par la suspension de plusieurs subventions au Maine ces dernières semaines.

Les arguments des deux camps

Pour Pam Bondi, il s’agit de « protéger l’intégrité et la sécurité des jeunes femmes » et de mettre fin à ce qu’elle qualifie de « discrimination à rebours » envers les sportives, contraintes selon elle de concourir contre des adversaires bénéficiant d’un avantage physiologique. La plainte déposée devant la justice fédérale demande non seulement la mise en conformité immédiate du Maine, mais envisage également de reconsidérer rétroactivement l’attribution de titres sportifs et de suspendre, voire de récupérer, des fonds fédéraux déjà versés à l’État.

De son côté, la gouverneure démocrate Janet Mills dénonce une « campagne sans précédent » de la part du gouvernement fédéral, estimant que l’enjeu dépasse largement la question du sport scolaire. Pour elle, il s’agit d’un affront à la souveraineté des États et à la séparation des pouvoirs, le président n’ayant pas, selon elle, la capacité d’imposer unilatéralement de telles règles sans passer par le Congrès. Le Maine, qui ne recense que deux athlètes transgenres dans ses compétitions scolaires cette année, s’appuie sur des décisions de justice fédérales et sur sa propre législation pour défendre sa politique inclusive.

Conséquences et enjeux nationaux

La bataille juridique, qui a déjà vu le Maine obtenir une ordonnance temporaire empêchant le gel de certains fonds fédéraux, pourrait faire jurisprudence et influencer la politique d’autres États américains sur ce sujet sensible. Le ministère de la Justice a d’ailleurs laissé entendre que d’autres poursuites pourraient suivre contre des États adoptant des positions similaires à celle du Maine.

Ce dossier cristallise un débat de société majeur aux États-Unis, entre défense de l’inclusion et préservation de l’équité dans le sport féminin. Les prochains mois s’annoncent décisifs, tant sur le plan judiciaire que politique, alors que chaque camp campe fermement sur ses positions et que les regards se tournent vers les tribunaux pour trancher cette question brûlante.