Crise au sein du cricket asiatique : la BCCI menace de boycotter la Coupe dâAsie 2025 en raison du diffĂ©rend sur le lieu de la rĂ©union
Tensions croissantes entre la BCCI et la PCB autour de la rĂ©union de lâACC Ă Dhaka
Le Conseil de ContrĂŽle du Cricket en Inde (BCCI) a rĂ©cemment menacĂ© de boycotter la prochaine Coupe dâAsie de cricket, Ă moins que le Conseil de cricket du Pakistan (PCB) ne consente Ă changer le lieu de la rĂ©union de lâAsian Cricket Council (ACC), actuellement prĂ©vue Ă Dhaka, au Bangladesh. Cette dĂ©cision fait suite Ă une sĂ©rie dâĂ©changes tendus entourant la gouvernance du cricket asiatique, et risque de remettre en cause la tenue mĂȘme du tournoi phare de la rĂ©gion.
Un contexte historique marqué par la politisation du cricket en Asie
Depuis plusieurs dĂ©cennies, le cricket en Asie est souvent le théùtre de tensions politiques et gĂ©opolitiques, qui dĂ©passent parfois le cadre purement sportif. DĂ©jĂ en 2023, lâInde avait refusĂ© de se rendre au Pakistan pour la Coupe dâAsie, poussant lâorganisation Ă dĂ©placer les rencontres de lâĂ©quipe indienne vers le Sri Lanka, officialisant ainsi la difficultĂ© de rĂ©unir toutes les parties prenantes sur un mĂȘme terrain neutre.
Historiquement, la Coupe dâAsie sert aussi de baromĂštre aux relations diplomatiques entre les nations participantes â lâInde, le Pakistan, le Bangladesh, le Sri Lanka, lâAfghanistan et parfois des pays Ă©mergents comme Oman ou les Ămirats arabes unis. Les prĂ©cĂ©dentes Ă©ditions ont souvent nĂ©cessitĂ© des compromis sur le format et lâorganisation, mais le diffĂ©rend actuel apparaĂźt plus intransigeant et prĂ©judiciable Ă lâunitĂ© de la scĂšne asiatique du cricket.
Les enjeux logistiques et les motivations de la BCCI
La BCCI, forte de sa position dominante dans le cricket mondial grĂące Ă lâIndien Premier League et Ă un poids Ă©conomique nettement supĂ©rieur aux autres fĂ©dĂ©rations de la rĂ©gion, motive principalement son refus par des âprĂ©occupations logistiques et stratĂ©giquesâ quant Ă la tenue de la rĂ©union de lâACC Ă Dhaka. Selon des sources ayant participĂ© aux discussions, la sĂ©curitĂ©, la facilitĂ© dâaccĂšs et les garanties de neutralitĂ© sont au cĆur du blocage. Plusieurs fĂ©dĂ©rations alliĂ©es de la BCCI, dont Sri Lanka, Oman et lâAfghanistan, soutiennent la demande de dĂ©placement du lieu de la rĂ©union, arguant Ă©galement leurs propres rĂ©serves.
Le prĂ©sident de la PCB, Mohsin Naqvi â qui occupe aussi la prĂ©sidence tournante de lâACC â, refuse cependant de cĂ©der, bien dĂ©cidĂ© Ă maintenir lâĂ©preuve Ă Dhaka. Cette volontĂ© de fermetĂ© fait redouter un blocage institutionnel qui pourrait compromettre la validation de dĂ©cisions cruciales pour la tenue de la Coupe dâAsie 2025, prĂ©vue en septembre, mais dont le programme nâa toujours pas Ă©tĂ© officialisĂ©.
ConsĂ©quences potentielles : scĂ©nario dâun boycott et impacts Ă©conomiques
La menace de boycott avancĂ©e par la BCCI ne se limite pas Ă la rĂ©union elle-mĂȘme ; elle pourrait Ă©galement sâĂ©tendre Ă la non-participation de lâInde Ă lâĂ©dition 2025 de la Coupe dâAsie. Un tel scĂ©nario serait lourd de consĂ©quences pour lâĂ©conomie du cricket asiatique : lâInde, par la force de son marchĂ©, reprĂ©sente la majeure partie des audiences tĂ©lĂ©visuelles et des revenus de sponsoring liĂ©s Ă la compĂ©tition.
En 2023-2024, la BCCI a gĂ©nĂ©rĂ© prĂšs de 9 741,7 crores de roupies de recettes (environ 1,15 milliard de dollars), dont la moitiĂ© grĂące Ă la seule IPL. Sans la participation indienne, les diffuseurs, sponsors et partenaires logistiques pourraient revoir Ă la baisse leur engagement, voire se retirer. Cela mettrait en pĂ©ril non seulement la visibilitĂ© rĂ©gionale de la Coupe dâAsie, mais aussi sa viabilitĂ© financiĂšre Ă court terme.
De plus, la perspective dâun boycott de lâInde aurait pour effet de priver les fans du continent du choc le plus attendu : le duel Inde-Pakistan, considĂ©rĂ© comme lâune des rivalitĂ©s sportives les plus suivies au monde.
Comparaisons rĂ©gionales : comment dâautres rĂ©gions gĂšrent-elles les divisions ?
Le cricket asiatique nâest pas la seule scĂšne oĂč des diffĂ©rends politiques viennent menacer la tenue dâĂ©vĂ©nements continentaux majeurs. Dans le passĂ©, la Coupe dâAfrique des Nations de football a dĂ©jĂ connu des boycotts partiels ou des changements de format en raison de conflits internes â sans toutefois connaĂźtre une fragilitĂ© aussi prononcĂ©e que celle dont souffre aujourdâhui lâACC.
En Europe, la gouvernance du football par lâUEFA, structurĂ©e autour de rĂšgles strictes de neutralitĂ© et de standards sĂ©curitaires, a permis de limiter lâimpact des tensions gĂ©opolitiques, y compris lorsque certains Ătats sont en conflit diplomatique ou militaire. Le cricket asiatique, en revanche, pĂątit de structures institutionnelles plus flexibles et dâune dĂ©pendance marquĂ©e vis-Ă -vis des grandes fĂ©dĂ©rations comme celle de lâInde.
Initiatives récentes et réaction du public
La BCCI a multipliĂ© ces derniĂšres semaines les annonces rĂ©centes, notamment autour des changements dâeffectif dans lâĂ©quipe nationale (Nitish Kumar Reddy et Arshdeep Singh forfaits, Anshul Kamboj ajoutĂ©), ainsi que lâinstauration de programmes de formation Ă destination dâanciens joueurs en situation de handicap, ou encore un appel Ă proposition pour des services dâaccrĂ©ditation. Autant dâinitiatives qui illustrent la volontĂ© de la fĂ©dĂ©ration de rester active et proactive, mais qui ne suffisent pas Ă attĂ©nuer lâinquiĂ©tude des supporters et des observateurs face Ă la menace de boycott.
La perspective dâune annulation ou dâune tenue hybride du tournoi fait naĂźtre un vĂ©ritable sentiment dâurgence parmi les fans, notamment en Inde et au Pakistan, mais aussi dans toute la diaspora. Sur les rĂ©seaux sociaux, hashtags et pĂ©titions en faveur de la prĂ©servation du âclash of the titansâ Inde-Pakistan se multiplient, rĂ©vĂ©lant lâimportance Ă©motionnelle et symbolique attachĂ©e Ă la Coupe dâAsie.
Vers une sortie de crise ? Les prochains jours décisifs
Ă moins dâune annonce rapide dâun compromis sur le lieu de la rĂ©union de lâACC, la Coupe dâAsie 2025 reste dans lâincertitude la plus totale. Le refus de la BCCI de reconnaĂźtre les dĂ©cisions prises Ă Dhaka par des instances quâelle juge âincomplĂštesâ (en lâabsence dâune partie des membres clĂ©s) risque de provoquer un blocage juridique Ă quelques semaines du dĂ©but prĂ©sumĂ© de la compĂ©tition.
La pression sâaccroĂźt sur lâACC pour trouver une solution de derniĂšre minute qui prĂ©serverait Ă la fois lâintĂ©gritĂ© du tournoi et la lĂ©gitimitĂ© de son instance dirigeante. Les enjeux Ă©conomiques colossaux et la mobilisation du public rĂ©gional pourraient inciter les acteurs Ă une forme de compromis, comme cela avait Ă©tĂ© le cas en 2023. Cependant, chaque jour qui passe sans solution alimente les craintes de voir la Coupe dâAsie â dĂ©jĂ reportĂ©e Ă plusieurs reprises au cours des derniĂšres annĂ©es â perdre son statut de rendez-vous incontournable dans le calendrier du cricket mondial.
Conclusion : une décision qui transcende le sport
Au-delĂ des aspects institutionnels, ce conflit rĂ©vĂšle la difficultĂ© persistante Ă dissocier les enjeux du cricket asiatique de ceux des relations diplomatiques dans la rĂ©gion. La BCCI, en posant un ultimatum aussi clair, rappelle le pouvoir de lâInde non seulement sur le terrain mais aussi hors du terrain. Pour la communautĂ© des amateurs de cricket, le sort de la Coupe dâAsie 2025 demeure en suspens, Ă©vocateur dâun sport oĂč chaque dĂ©cision pĂšse bien au-delĂ de la compĂ©tition elle-mĂȘme.