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Le terme « goated » en vogue : les fans cĂ©lĂšbrent l’excellence ultime dans le sport et la culture populaiređŸ”„48

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Goated : L’essor fulgurant du culte de l’excellence dans le sport et le divertissement

Un mot d’ordre planĂ©taire : “Goated”, la cĂ©lĂ©bration moderne du gĂ©nie

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2020, une nouvelle expression s’est ancrĂ©e dans la culture populaire mondiale : « goated », dĂ©rivĂ© de l’acronyme anglais GOAT (Greatest Of All Time). Jadis rĂ©servĂ© Ă  des cercles d’initiĂ©s, ce qualificatif s’est imposĂ© dans les discussions de fans comme dans les plates-formes numĂ©riques, de Twitter Ă  TikTok, pour dĂ©signer des figures qui incarnent l’excellence ultime, tant dans le sport, la musique que le divertissement. Cette transformation s’accompagne d’une vĂ©ritable ferveur collective : memes, dĂ©bats passionnĂ©s, campagnes de fans et hashtags viraux rythment aujourd’hui la quĂȘte du « plus grand de tous les temps ».

Une origine sportive, une portée culturelle globale

L’exclamation « goated », et son jumeau GOAT, trouve ses racines dans le lexique sportif anglophone dĂšs les annĂ©es 1990. Historiquement, le terme aurait Ă©mergĂ© autour de la figure de Muhammad Ali, boxeur lĂ©gendaire auto-proclamĂ© « Greatest of All Time ». Michael Jordan, icĂŽne du basket, a largement participĂ© Ă  la popularisation de ce label durant la dĂ©cennie 1990, avant qu’il ne se dĂ©mocratise dĂšs les annĂ©es 2000 dans d’autres disciplines.

Mais l’histoire du mot, comme le rappellent certains historiens du sport, est bien plus ancienne. DĂšs l’AntiquitĂ© grecque, la chĂšvre (goat
 en anglais) servait de symbole d’excellence lors des Jeux olympiques, certains vainqueurs recevant mĂȘme des chĂšvres en rĂ©compense. Si le sens moderne a largement dĂ©viĂ© de ces origines, il n’en reste pas moins porteur de valeurs d’exception et d’admiration gĂ©nĂ©ralisĂ©e.

De Michael Jordan Ă  Serena Williams : l’évolution du concept

Longtemps associĂ© aux grands noms du basket nord-amĂ©ricain, le concept GOAT se propage Ă  partir des annĂ©es 2010 au-delĂ  des terrains de sport. Aujourd’hui, il n’est plus rare de voir des fans proclamer Serena Williams ou Rafael Nadal « goated » aprĂšs un Ă©niĂšme exploit tennistique, ou d’associer le terme Ă  des personnalitĂ©s issues de la musique, de la mode, voire de la pop culture.

Ce phĂ©nomĂšne s’alimente via les rĂ©seaux sociaux. La plateforme Twitter observe frĂ©quemment des pics d’utilisation de l’emoji chĂšvre “🐐” lors de victoires historiques, jusqu’à 330 000 tweets pour un Super Bowl, ou lors de moments marquants comme l’entrĂ©e d’Ichiro Suzuki au Baseball Hall of Fame en 2025. Le phĂ©nomĂšne ne s’arrĂȘte pas Ă  la sphĂšre sportive : BeyoncĂ©, Taylor Swift, Eminem ou encore le manga One Piece sont rĂ©guliĂšrement dĂ©signĂ©s comme “goated” par leurs communautĂ©s respectives.

Un moteur Ă©conomique pour l’industrie du sport et du divertissement

La cĂ©lĂ©bration de l’excellence Ă  travers « goated » n’est pas seulement symbolique : elle porte des rĂ©percussions Ă©conomiques notables.

  • Les athlĂštes considĂ©rĂ©s comme GOAT ou “goated” voient leur valeur monter en flĂšche, que ce soit en termes de contrats de sponsoring, de ventes de produits dĂ©rivĂ©s ou de droits Ă  l’image. Ainsi, la “course au GOAT” devient un argument de vente dans les nĂ©gociations commerciales et contrats de marques.
  • Du cĂŽtĂ© des labels musicaux ou cinĂ©matographiques, appuyer la narrative autour de l’exceptionnel (“l’artiste le plus rĂ©compensĂ©â€, “la performance la plus vue de tous les temps”) devient un pilier stratĂ©gique de positionnement et de fidĂ©lisation des fans.
  • Sur les rĂ©seaux sociaux, un hashtag “#goated” bien placĂ© peut gĂ©nĂ©rer des millions d’interactions, bĂątissant instantanĂ©ment une communautĂ© fidĂšle autour d’une star ou d’une Ɠuvre, boostant ainsi consommations numĂ©riques et ventes physiques liĂ©es.

Ce phĂ©nomĂšne mondial bĂ©nĂ©ficie aux plateformes diffusant ces contenus “goated”, leur permettant de monĂ©tiser l’engagement des utilisateurs et de dynamiser leurs propres audiences.

La viralité numérique, une culture du buzz et du débat

L’un des ressorts majeurs de la “goated culture” rĂ©side dans la viralitĂ©. PortĂ©s par une gĂ©nĂ©ration ultra-connectĂ©e, les dĂ©bats sur “qui est vraiment le GOAT ?” alimentent discussions, clashs et analyses comparatives.

  • Les grands Ă©vĂ©nements (finales, remises de prix, sorties majeures d’albums ou de films) servent de catalyseur, propulsant en quelques minutes un exploit ou une dĂ©claration au rang de “goated moment”.
  • Des contenus parodiques ou hommages, des compilations sur YouTube ou des threads dĂ©taillĂ©s sur X/Twitter mettent en valeur les exploits passĂ©s et prĂ©sents.
  • Le concept contamine le langage quotidien : dans les Ă©coles, au bureau ou en famille, “goated” devient synonyme d’admiration, parfois dĂ©tournĂ© avec humour pour dĂ©signer un plat exceptionnel ou une stratĂ©gie ingĂ©nieuse dans un jeu vidĂ©o.

Cette compĂ©tition permanente autour de l’excellence anime la sphĂšre publique et favorise une dynamique d’émulation sans prĂ©cĂ©dent.

Les critÚres de sélection : entre objectivité et émotion

La dĂ©signation de l’élu du titre “GOAT” s’appuie sur un double prisme mĂȘlant indicateurs objectifs (palmarĂšs, records, longĂ©vitĂ©) et subjectifs (charisme, impact culturel).

Historiquement, les statistiques servent de fondement aux classements : nombre de victoires, de mĂ©dailles olympiques, de trophĂ©es mondiaux, records individuels. Wayne Gretzky, lĂ©gende du hockey sur glace, Ă©marge parmi les “GOAT des GOATs” pour la rĂ©gularitĂ© et la domination affichĂ©e pendant des dĂ©cennies. Michael Jordan, Serena Williams, Usain Bolt ou encore Tiger Woods constituent d’autres repĂšres incontournables.

NĂ©anmoins, l’aspect Ă©motionnel influe fortement : le style, la crĂ©ativitĂ©, la rĂ©silience face Ă  l’adversitĂ©, l’inspiration gĂ©nĂ©rĂ©e auprĂšs du public pĂšsent considĂ©rablement dans la perception de l’exceptionnalitĂ©.

Comparaisons internationales : ce que révÚlent les tendances régionales

Si le phĂ©nomĂšne “goated” s’enracine dans les cultures anglo-saxonnes, il s’exporte spectaculairement. Les dĂ©bats sur la suprĂ©matie de PelĂ© ou de Maradona en AmĂ©rique latine, la reconnaissance de champions comme Roger Federer ou Novak Djokovic en Europe, ou encore l’engouement pour Hidetoshi Nakata ou Ichiro Suzuki en Asie tĂ©moignent d’une appropriation locale du concept.

  • En France, le titre de “GOAT” fait rĂ©guliĂšrement dĂ©bat pour des sportifs comme ZinĂ©dine Zidane, Tony Parker ou Teddy Riner, mais aussi pour des chanteurs comme Johnny Hallyday ou des chefs Ă©toilĂ©s.
  • Les mĂ©dias sportifs europĂ©ens multiplient les dossiers comparatifs, interrogeant la capacitĂ© Ă  Ă©tablir des Ă©talonnages objectifs entre Ă©poques et disciplines.
  • Sur le continent africain, les exploits de George Weah, Samuel Eto’o ou Haile Gebrselassie alimentent Ă©galement l’hĂ©roĂŻsation “goated”.

Effets sur la société : inspiration, motivation
 et parfois pression

Pour des millions de jeunes, la culture du “goated” devient source d’inspiration, de motivation et de projection. Les athlĂštes et artistes couronnĂ©s marquent les imaginaires, servent de modĂšles Ă  suivre et de preuves que l’excellence et la persĂ©vĂ©rance mĂšnent loin. Les enseignants, coachs ou parents citent volontiers les “goated moments” comme exemples pour inciter Ă  donner le meilleur de soi-mĂȘme.

Mais cette idolĂątrie suscite Ă©galement des interrogations : la barre toujours plus haute de l’excellence impose une pression sur les gĂ©nĂ©rations futures, exposĂ©es Ă  des modĂšles de rĂ©ussite parfois inatteignables. Les figures elles-mĂȘmes – sportifs ou artistes – expriment rĂ©guliĂšrement leur ambivalence face Ă  la montĂ©e de l’étiquette “GOAT”, prĂ©fĂ©rant, parfois, l’humilitĂ© Ă  la glorification.

MĂšmes, campagnes de fans et avenir du terme

Au-delĂ  du sĂ©rieux du dĂ©bat, “goated” s’impose aussi comme objet ludique. Les mĂšmes dĂ©tournent le symbole de la chĂšvre, parodiant des scĂšnes emblĂ©matiques, ou intĂ©grant des combos inattendus (par exemple : « Ce kebab, c’est goated ! »). Les campagnes de fans, quant Ă  elles, mobilisent l’énergie collective pour faire gagner des votes, valoriser l’hĂ©ritage d’une star ou relancer des carriĂšres oubliĂ©es.

Ce tourbillon ne montre aucun signe d’essoufflement : avec la multiplication des rĂ©seaux et la digitalisation croissante des audiences, tout laisse Ă  penser que le phĂ©nomĂšne “goated” continuera de façonner le paysage socioculturel mondial pour de nombreuses annĂ©es.

Conclusion : quand « goated » façonne nos mythes contemporains

Loin d’ĂȘtre un simple mot Ă  la mode, “goated” dessine une cartographie mouvante de nos passions, de nos repĂšres d’excellence et de nos hĂ©ros du quotidien. Il traduit une volontĂ© collective de reconnaĂźtre, cĂ©lĂ©brer, et parfois questionner, le gĂ©nie humain sous toutes ses formes. L’histoire retiendra peut-ĂȘtre que cette chĂšvre numĂ©rique, devenue icĂŽne du XXIᔉ siĂšcle, aura su unir les foules dans une quĂȘte universelle de grandeur.

Avec l’essor global du phĂ©nomĂšne, le dĂ©bat reste ouvert : qui sera le prochain Ă  mĂ©riter le titre, et qu’est-ce que cela dit de nous tous ? D’une chose, le monde semble aujourd’hui certain : ĂȘtre “goated”, c’est plus qu’un compliment. C’est une consĂ©cration.