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ONU sous pression : morts lors de distribution d’aide Ă  Gaza, malnutrition aiguĂ« des enfants et dĂ©missions face aux critiques sur l’impartialitĂ©đŸ”„60

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L’ONU face Ă  la tourmente : scrutin, dĂ©missions et crise humanitaire Ă  Gaza

L’Organisation des Nations Unies sous les projecteurs

L’Organisation des Nations Unies (ONU) traverse une pĂ©riode de tension et de dĂ©fi, alors que la crise humanitaire Ă  Gaza continue de s’aggraver et que l’organisation est secouĂ©e par des dĂ©missions au sein de ses instances d’enquĂȘte les plus en vue. Les rĂ©centes morts de dizaines de Palestiniens cherchant de l’aide auprĂšs de l’ONU Ă  Gaza ont dĂ©clenchĂ© une vague d’indignation internationale et amenĂ© le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral AntĂłnio Guterres Ă  rĂ©itĂ©rer ses appels Ă  un cessez-le-feu immĂ©diat, Ă  la libĂ©ration des otages et Ă  l’accĂšs humanitaire sans entraves. Par ailleurs, le dĂ©part collectif des membres de la commission d’enquĂȘte de l’ONU sur IsraĂ«l a cristallisĂ© critiques et inquiĂ©tudes quant Ă  la neutralitĂ© de l’organisation, alors mĂȘme que l’urgence humanitaire ne cesse de croĂźtre.

Crise humanitaire Ă  Gaza : le bilan tragique

La bande de Gaza, enclave palestinienne densĂ©ment peuplĂ©e et durement frappĂ©e par les opĂ©rations militaires, traverse une crise humanitaire d’une ampleur inĂ©dite. Au cours du dernier week-end, plusieurs dizaines de Palestiniens ont Ă©tĂ© tuĂ©s alors qu’ils tentaient d’obtenir de l’aide auprĂšs d’un point de distribution gĂ©rĂ©, en partie, sous mandat onusien. Ce nouvel Ă©pisode de violence intervient dans un contexte oĂč le systĂšme d’aide humanitaire peine dĂ©jĂ  Ă  rĂ©pondre Ă  des besoins colossaux engendrĂ©s par des mois de conflit.

L’UNICEF, agence des Nations Unies en premiĂšre ligne, a rĂ©cemment lancĂ© l’alerte sur des niveaux de malnutrition « catastrophiques » parmi les enfants de Gaza. Selon l’organisation, la pĂ©nurie d’eau potable, la destruction des infrastructures mĂ©dicales et l’accĂšs extrĂȘmement limitĂ© aux biens de premiĂšre nĂ©cessitĂ© exposent toute une gĂ©nĂ©ration Ă  des sĂ©quelles Ă  long terme, tant physiques que psychologiques. Les appels Ă  une aide d’urgence accrue et Ă  un accĂšs humanitaire garanti se multiplient, tandis que de nombreux habitants tĂ©moignent d’un dĂ©sespoir croissant face Ă  l’incapacitĂ© de la communautĂ© internationale Ă  inverser la tendance.

Une histoire marquĂ©e par l’instabilitĂ© et la prĂ©caritĂ©

La situation actuelle Ă  Gaza s’inscrit dans un cadre historique fait d’instabilitĂ©, de siĂšge Ă©conomique et de cycles de conflits frĂ©quents. Depuis le blocus imposĂ© en 2007, la rĂ©gion vit sous des restrictions Ă  la fois humaines et matĂ©rielles sans prĂ©cĂ©dent. Chaque nouvelle escalade militaire fragilise davantage le tissu social et infrastructurel palestinien, rendant l’intervention internationale de plus en plus dĂ©cisive.

Au fil des dĂ©cennies, l’ONU est souvent intervenue comme acteur central dans la gestion des crises Ă  Gaza, que ce soit par l’agence pour les rĂ©fugiĂ©s palestiniens (UNRWA) ou par le biais de missions d’enquĂȘte et de cĂ©rĂ©monies diplomatiques. Pourtant, les critiques rĂ©currentes sur l’efficacitĂ©, la neutralitĂ© et les moyens de l’organisation accompagnent chaque nouvelle flambĂ©e de violence.

DĂ©missions en chaĂźne Ă  la commission d’enquĂȘte de l’ONU sur IsraĂ«l

Le 15 juillet 2025, la communautĂ© internationale apprend la dĂ©mission simultanĂ©e des trois membres de la commission d’enquĂȘte indĂ©pendante chargĂ©e par les Nations Unies de se pencher sur les violations des droits humains dans les territoires palestiniens occupĂ©s. Navi Pillay, prĂ©sidente de la commission et ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, justifie son dĂ©part par « l’ñge, des raisons mĂ©dicales et le poids d’autres engagements ». Chris Sidoti Ă©voque un « moment opportun » pour une restructuration de l’instance, tandis que Miloon Kothari prĂ©fĂšre s’en tenir Ă  des remerciements protocolaires.

Cette vague de dĂ©parts survient alors que la commission Ă©tait sous le feu croisĂ© de critiques pour son prĂ©tendu parti pris anti-israĂ©lien, une critique relayĂ©e notamment par une coalition de 22 États. Elle fait Ă©galement suite Ă  la dĂ©cision des États-Unis d’imposer des sanctions Ă  certains experts internationaux engagĂ©s sur ces questions, un Ă©vĂ©nement sans prĂ©cĂ©dent dans l’histoire rĂ©cente de l’ONU. Les opposants de la commission Ă©voquent une institution « nĂ©e du prĂ©jugĂ© » voulue pour « cibler IsraĂ«l, tout en ignorant le rĂŽle du Hamas, du Hezbollah et de l'AutoritĂ© Palestinienne ».

Si le Conseil des droits de l’homme de l’ONU n’a pas autoritĂ© sur les États souverains, il fournit nĂ©anmoins un forum public de dĂ©nonciation et collecte des preuves susceptibles d’alimenter la justice internationale. MalgrĂ© les dĂ©parts, le prĂ©sident du Conseil a d’ailleurs appelĂ© les États membres Ă  proposer de nouveaux commissaires d’ici la fin de l’étĂ©.

L’impact Ă©conomique et social de la crise Ă  Gaza

Au-delĂ  des drames humains, la crise actuelle Ă  Gaza engendre un coĂ»t Ă©conomique majeur, estimĂ© en milliards de dollars de pertes cumulĂ©es depuis le dĂ©but des hostilitĂ©s. Les infrastructures vitales – hĂŽpitaux, Ă©coles, rĂ©seaux d’eau et d’électricitĂ© – ont Ă©tĂ© gravement endommagĂ©es, amplifiant la dĂ©pendance de la population Ă  l’aide internationale.

L’interruption des chaĂźnes d’approvisionnement, la fermeture des points de passage et l’effondrement des activitĂ©s agricoles, artisanales et commerciales plongent la rĂ©gion dans une rĂ©cession persistante. Face Ă  ces chiffres, le rĂŽle des bailleurs internationaux, dont l’ONU, devient crucial pour orchestrer la reconstruction, malgrĂ© les obstacles logistiques et politiques qui retardent, voire empĂȘchent, la livraison de l’aide. Les observateurs rĂ©gionaux signalent le risque de contagion Ă©conomique Ă  l’ensemble du Proche-Orient, notamment en Jordanie et au Liban, deux pays dĂ©jĂ  fragilisĂ©s par des crises internes et l’afflux massif de rĂ©fugiĂ©s palestiniens.

L’ONU entre engagement humanitaire et questionnements sur sa neutralitĂ©

MalgrĂ© les critiques, l’ONU ne cesse d’affirmer son engagement sur les principes de neutralitĂ©, d’impartialitĂ©, d’indĂ©pendance et d’humanitĂ©. AntĂłnio Guterres a martelĂ© la nĂ©cessitĂ© de garantir Ă  la population gazaouie un accĂšs sĂ»r et ininterrompu Ă  l’aide, tout en rappelant l’appel Ă  la libĂ©ration des otages et Ă  la cessation immĂ©diate des hostilitĂ©s.

Cet engagement est cependant remis en cause avec insistance par certains États membres et ONG, pour qui la perception d’un dĂ©sĂ©quilibre dans la gestion des conflits du Moyen-Orient nuit Ă  la lĂ©gitimitĂ© onusienne. Ce dĂ©bat dĂ©passe d’ailleurs le seul cadre israĂ©lo-palestinien : il cristallise des enjeux globaux sur la place de l’ONU dans l’arbitrage des crises internationales, ainsi que sur l’usage de sanctions et autres moyens d’influence par ses membres les plus puissants.

Comparaisons rĂ©gionales : l’aide humanitaire en contexte

La crise actuelle Ă  Gaza n’est pas un cas isolĂ© dans l’histoire rĂ©cente du Proche-Orient. D’autres foyers de conflit – Syrie, YĂ©men, Liban – ont vu l’ONU jouer un rĂŽle de coordinateur et de bailleur de fonds, avec des succĂšs mitigĂ©s. Par exemple, en Syrie, l’organisation a dĂ» composer avec un accĂšs restreint Ă  certaines rĂ©gions contrĂŽlĂ©es par des groupes opposĂ©s au rĂ©gime, soulevant des questions similaires de neutralitĂ©, d’efficacitĂ© et d’équitĂ© dans la distribution de l’aide.

Au Liban, aprĂšs l’explosion du port de Beyrouth, l’ONU s’est imposĂ©e en chef d’orchestre d’une aide internationale massive, mais a Ă©tĂ© contrainte de travailler dans un contexte de dĂ©fiance institutionnelle et de paralysie politique. La gestion de la pandĂ©mie de COVID-19, enfin, a illustrĂ© comment les inĂ©galitĂ©s d’accĂšs Ă  l’aide et aux vaccins dans la rĂ©gion peuvent accentuer les fractures sociales et nourrir l’instabilitĂ©. Dans toutes ces situations, le dĂ©licat Ă©quilibre entre engagement humanitaire, respect des souverainetĂ©s nationales et acceptation locale de l’action onusienne reste le principal dĂ©fi.

Réactions publiques et perspectives

À travers le monde, la sociĂ©tĂ© civile et de nombreux gouvernements continuent d’exprimer leurs inquiĂ©tudes face Ă  l’escalade de la violence Ă  Gaza et aux difficultĂ©s rencontrĂ©es par l’ONU pour rĂ©pondre Ă  l’urgence. Des rassemblements de soutien Ă  la population gazaouie ont eu lieu dans plusieurs capitales, et des campagnes de dons tentent de pallier l’insuffisance de l’aide institutionnelle.

Pour l’ONU, le dĂ©fi sera double dans les mois Ă  venir : restaurer, autant que faire se peut, la confiance dans sa capacitĂ© Ă  agir de façon impartiale tout en accĂ©lĂ©rant le dĂ©ploiement d’une aide humanitaire massive. Les nominations Ă  venir au sein des commissions d’enquĂȘte, ainsi que la gestion de la pression exercĂ©e par certains membres influents du Conseil de sĂ©curitĂ© et de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, dĂ©termineront pour une large part la capacitĂ© de l’organisation Ă  jouer un rĂŽle constructif dans la rĂ©solution de la crise.

Un avenir incertain mais crucial

La combinaison, rare, d'aggravation humanitaire, de dĂ©parts retentissants et de remise en question de la lĂ©gitimitĂ© occupe aujourd’hui le devant de la scĂšne onusienne. MalgrĂ© les soubresauts internes et la pression internationale, l’ONU demeure l’un des seuls acteurs capables d’organiser la rĂ©ponse aux dĂ©fis multiples de Gaza – Ă  condition d’en rĂ©former la gouvernance et de prĂ©server les fondements de son action humanitaire.

La situation actuelle interroge directement la pertinence et l’efficacitĂ© du systĂšme multilatĂ©ral face aux crises les plus extrĂȘmes du XXIe siĂšcle. Alors que le sort de centaines de milliers de civils dĂ©pend de l’action coordonnĂ©e de la communautĂ© internationale, la rĂ©invention partielle du rĂŽle de l’ONU apparaĂźt dĂ©sormais incontournable pour rĂ©pondre aux attentes d’une rĂ©gion et d’un monde en quĂȘte de justice, de paix et de stabilitĂ© durable.