Massacre du dimanche des Rameaux au Nigeria : 51 morts dans la communauté de Bassa, Plateau State
Dans la nuit du dimanche des Rameaux, le 14 avril 2025, la communauté de Bassa, située dans l'État du Plateau au centre du Nigeria, a été le théâtre d'une attaque d'une violence inouïe. Au moins 51 personnes ont perdu la vie dans cette offensive menée par des hommes armés identifiés par de nombreux témoins et responsables locaux comme des éleveurs peuls, un groupe souvent impliqué dans les violences récurrentes de la région. Parmi les victimes, plusieurs enfants ont été retrouvés sans vie, accentuant l'onde de choc et l'indignation qui traversent le pays.
Une attaque méthodique et meurtrière
L’assaut s’est produit dans les premières heures du lundi, entre 1h et 2h du matin, alors que la plupart des habitants dormaient. Les assaillants ont investi les villages de Zikke et Kimakpa, tirant à vue sur les résidents et incendiant de nombreuses habitations. Selon des témoins, des familles entières ont été décimées, et plusieurs maisons ont été brûlées avec leurs occupants à l’intérieur. Le bilan humain, déjà très lourd, pourrait s’alourdir, certains blessés étant dans un état critique.
« Une inhumation de masse est en cours. La communauté est en état de choc et de colère profonde », a déclaré Joseph Ch Yonpa, responsable local, à l’agence Reuters.
Un contexte de violences répétées
Cette attaque s’inscrit dans une série de violences qui secouent l’État du Plateau depuis plusieurs semaines. Depuis la fin du mois de mars, plus de 110 personnes ont été tuées dans des attaques similaires, principalement dans des villages majoritairement chrétiens. Les affrontements opposent régulièrement agriculteurs et éleveurs, sur fond de tensions ethniques, religieuses et de compétition pour les ressources naturelles.
Le gouverneur de l’État, Caleb Mutfwang, a récemment qualifié ces violences de « génocide », dénonçant l’inaction des autorités fédérales et la faiblesse de la réponse sécuritaire. Amnesty International Nigeria a également pointé du doigt l’incapacité des forces de sécurité à protéger les populations civiles, évoquant un « échec sécuritaire inexcusable ».
Cibles chrétiennes et sentiment d’abandon
La majorité des victimes appartiennent à la communauté chrétienne, ce qui alimente le sentiment d’être spécifiquement visé pour leur foi. Plusieurs organisations chrétiennes et défenseurs des droits humains dénoncent une persécution religieuse croissante, alors que l’État du Plateau se situe à la frontière entre le nord majoritairement musulman et le sud chrétien du Nigeria. Depuis le début de l’année, plus de 3 000 chrétiens auraient déjà été tués dans le pays selon l’ONG Portes Ouvertes.
« Nos enfants n’osent plus aller à l’école, même les offices religieux sont désertés car chacun craint pour sa vie », témoigne Titus Ayuba Alams, conseiller local.
Appels à l’action et à la solidarité
La tragédie a suscité une vague d’émotion et de colère sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes parlent de « massacre de chrétiens » et interpellent le gouvernement nigérian sur la nécessité d’une réponse ferme et immédiate. Les appels à la solidarité internationale se multiplient, alors que les survivants, traumatisés et déplacés, peinent à recevoir une aide adéquate.
Le porte-parole de la police du Plateau n’a pas, pour l’instant, fait de déclaration publique sur l’enquête en cours. Sur le terrain, la population réclame justice et protection, redoutant de nouvelles attaques dans les jours à venir.
Cette nouvelle tragédie rappelle l’urgence d’une mobilisation nationale et internationale pour enrayer le cycle de la violence au Nigeria, protéger les populations vulnérables et garantir la coexistence pacifique entre les différentes communautés.
