Donald Trump relance le débat : des droits de douane pour remplacer l’impôt sur le revenu ?

Une proposition choc qui fait débat

Le président Donald Trump a récemment ravivé un débat historique en proposant de remplacer l’impôt fédéral sur le revenu par des droits de douane, s’appuyant sur la période 1870-1913 où ces taxes constituaient la principale source de revenus du gouvernement américain. Cette idée, qui s’inscrit dans la continuité de ses politiques protectionnistes, a été réaffirmée à plusieurs reprises depuis la campagne présidentielle et lors de ses interventions publiques, notamment sur le podcast The Joe Rogan Experience et lors du Conservative Political Action Conference.

Un retour au passé difficilement transposable

Trump et son secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, avancent que les États-Unis étaient alors « le pays le plus riche du monde » grâce à ces droits de douane, protégeant ainsi les travailleurs américains des politiques commerciales jugées déloyales. Mais le contexte a radicalement changé : aujourd’hui, l’impôt sur le revenu représente plus de la moitié des recettes fédérales (52 % en 2024, soit 2 716 milliards de dollars), tandis que les droits de douane n’en fournissent qu’une part marginale (1,6 %, soit 86 milliards de dollars).

Pour compenser la suppression de l’impôt sur le revenu, il faudrait augmenter les droits de douane de 80 points sur toutes les importations, ce qui est jugé « mathématiquement impossible » par de nombreux économistes. Selon la Tax Foundation, une telle mesure entraînerait une hausse massive des prix à la consommation, une réduction des importations et une possible guerre commerciale, sans parler du risque d’un effondrement de la croissance.

Des conséquences directes pour les ménages et les agriculteurs

Les nouvelles vagues de tarifs, dont un taux de 10 % sur plus de 180 pays et territoires, ont déjà été mises en œuvre début avril 2025. La Tax Foundation estime que ces mesures équivalent à une hausse d’impôt de 830 dollars pour chaque ménage américain cette année. Les ménages des États du Nord-Est, comme le New Jersey ou New York, pourraient bénéficier d’allègements fiscaux si la suppression de l’impôt sur le revenu aboutissait, mais ces gains seraient largement compensés par la hausse des prix des biens importés.

Dans le secteur agricole, les tensions persistent. Les agriculteurs, déjà fragilisés par les représailles commerciales et la volatilité des marchés, font l’objet de discussions autour de nouveaux plans d’aide, à l’image des mesures d’urgence adoptées lors de la pandémie de Covid-19. Cette situation souligne la vulnérabilité des filières exportatrices face à l’escalade tarifaire.

Scepticisme des économistes et réactions internationales

Le consensus parmi les experts est clair : remplacer l’impôt sur le revenu par des droits de douane n’est pas réaliste dans l’économie mondiale actuelle. Le volume des importations américaines ne permettrait pas de générer suffisamment de recettes, même avec des taux prohibitifs. De plus, une telle politique risquerait de provoquer des mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux, notamment le Canada et la Chine, aggravant ainsi les tensions internationales.

Conclusion

La proposition de Donald Trump, séduisante pour une partie de son électorat, se heurte à la réalité économique et budgétaire des États-Unis d’aujourd’hui. Si elle ravive le souvenir d’une Amérique prospère et protégée, elle apparaît, pour la majorité des économistes, comme une illusion difficilement transposable au XXIe siècle. Les débats autour des droits de douane et de la fiscalité fédérale continueront d’alimenter la campagne présidentielle et les discussions au Congrès, sur fond d’incertitudes économiques et de rivalités commerciales exacerbées.