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Arkansas et l’Indiana veulent interdire sodas et confiseries aux bĂ©nĂ©ficiaires de l’aide alimentaire SNAP.đŸ”„80

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États-Unis : l’Arkansas et l’Indiana veulent bannir sodas et confiseries des aides alimentaires SNAP

Dans une initiative inĂ©dite, les gouverneurs de l’Arkansas et de l’Indiana ont officiellement demandĂ©, mardi 15 avril, Ă  l’administration fĂ©dĂ©rale l’autorisation d’exclure les sodas et les confiseries des achats possibles via le programme SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program), principal dispositif d’aide alimentaire pour les mĂ©nages Ă  faibles revenus aux États-Unis. Cette dĂ©marche, soutenue par la secrĂ©taire Ă  l’Agriculture Brooke Rollins et le secrĂ©taire Ă  la SantĂ© Robert F. Kennedy Jr., marque un tournant dans la gestion des aides sociales amĂ©ricaines, en mettant la santĂ© publique au cƓur des prioritĂ©s politiques.

Un virage nutritionnel assumé

La gouverneure de l’Arkansas, Sarah Huckabee Sanders, a justifiĂ© cette mesure par la nĂ©cessitĂ© de « promouvoir la santĂ© des 350 000 bĂ©nĂ©ficiaires du SNAP dans l’État » et de « mettre fin Ă  la subvention de la surconsommation d’aliments ultra-transformĂ©s et addictifs ». L’Arkansas souhaite ainsi interdire, dĂšs juillet 2026, l’achat de sodas (y compris les versions sans ou Ă  faible teneur en calories), de boissons aux fruits et lĂ©gumes contenant moins de 50 % de jus naturel, de bonbons, y compris les confiseries Ă  base de farine comme les barres Kit Kat, et des sucreries artificiellement Ă©dulcorĂ©es. Fait notable, le projet prĂ©voit d’autoriser l’achat de poulet rĂŽti chaud, actuellement exclu du programme.

En Indiana, le gouverneur Mike Braun a prĂ©sentĂ© une rĂ©forme similaire, accompagnĂ©e de nouvelles exigences en matiĂšre de travail et de vĂ©rification des ressources pour les bĂ©nĂ©ficiaires. L’objectif affichĂ© : « recentrer le programme sur la nutrition et non sur les friandises sucrĂ©es », selon Braun, qui a signĂ© neuf dĂ©crets exĂ©cutifs dans ce sens lors d’un Ă©vĂ©nement baptisĂ© « Make Indiana Healthy Again ».

Un débat national sur la santé et la liberté de choix

Ces initiatives s’inscrivent dans une tendance plus large, plusieurs autres États comme le Nebraska et la Virginie-Occidentale envisageant des mesures comparables. Le dĂ©bat, cependant, divise profondĂ©ment la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. Les dĂ©fenseurs de la rĂ©forme, Ă  l’image de Robert F. Kennedy Jr., estiment que « le systĂšme alimentaire amĂ©ricain est devenu nocif pour la santĂ© » et qu’« une nation forte ne peut exister sans une population en bonne santĂ© ».

À l’inverse, les associations de lutte contre la faim dĂ©noncent une stigmatisation des plus prĂ©caires. Gina Plata-Nino, directrice adjointe du Food Research and Action Center, rappelle que « les bĂ©nĂ©ficiaires du SNAP ne consomment pas plus de boissons sucrĂ©es ou de snacks que les autres AmĂ©ricains Ă  faibles revenus » et que « restreindre les choix alimentaires porte atteinte Ă  la dignitĂ© et Ă  l’autonomie des bĂ©nĂ©ficiaires, qui disposent en moyenne de 187 dollars par mois, soit environ 6,20 dollars par jour ».

Les industriels des boissons et des confiseries, eux, fustigent une mesure « malavisĂ©e » et accusent les autoritĂ©s de jouer les « policiers de l’alimentation » au lieu de favoriser l’accĂšs Ă  l’emploi et Ă  une alimentation Ă©quilibrĂ©e pour tous.

Vers une transformation du modùle d’aide alimentaire ?

Si l’administration fĂ©dĂ©rale donne son feu vert, l’Arkansas et l’Indiana deviendraient les premiers États Ă  restreindre ainsi l’usage des aides SNAP, qui bĂ©nĂ©ficient Ă  plus de 41 millions d’AmĂ©ricains. Cette Ă©volution, qui vise Ă  lutter contre l’épidĂ©mie de maladies chroniques liĂ©es Ă  l’alimentation, pourrait faire Ă©cole et transformer durablement la politique sociale et nutritionnelle des États-Unis.

Le dĂ©bat, loin d’ĂȘtre clos, interroge sur l’équilibre entre santĂ© publique, libertĂ© individuelle et justice sociale, dans un pays oĂč l’alimentation reste un marqueur fort des inĂ©galitĂ©s.