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Harvard dĂ©fie l’administration Trump : 2,2 milliards de dollars de subventions fĂ©dĂ©rales gelĂ©s aprĂšs le refus des exigences sur la diversitĂ© et la gouvernanceđŸ”„80

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La confrontation entre Harvard et l’administration Trump : un bras de fer inĂ©dit sur l’autonomie universitaire

Harvard défie la Maison-Blanche : un gel de 2,2 milliards de dollars en jeu

Harvard University, institution emblĂ©matique de l’élite amĂ©ricaine, est dĂ©sormais au cƓur d’une crise politique majeure aprĂšs avoir publiquement rejetĂ© les exigences de l’administration Trump concernant ses politiques de diversitĂ©, ses rĂšgles de gestion des protestations Ă©tudiantes et ses pratiques de recrutement. En reprĂ©sailles, la Maison-Blanche a annoncĂ© le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions fĂ©dĂ©rales, plongeant le monde acadĂ©mique dans une incertitude inĂ©dite.

Des exigences jugĂ©es “illĂ©gales” et “intrusives”

Dans une lettre officielle, l’administration Trump a exigĂ© de Harvard une sĂ©rie de rĂ©formes : suppression des initiatives de diversitĂ©, Ă©quitĂ© et inclusion (DEI), interdiction du port du masque lors des manifestations, refonte des pratiques d’admission et de recrutement sur des critĂšres strictement mĂ©ritocratiques, et audit externe pour garantir une “diversitĂ© des points de vue”, notamment politiques. L’universitĂ© devait Ă©galement signaler immĂ©diatement aux autoritĂ©s tout Ă©tudiant Ă©tranger enfreignant le rĂšglement, et rĂ©duire l’influence des Ă©tudiants et du corps professoral sur la gouvernance de l’établissement.

Alan Garber, prĂ©sident de Harvard, a fermement rĂ©pondu : « Aucun gouvernement, quelle que soit son orientation politique, ne devrait dicter le contenu de l’enseignement, les modalitĂ©s d’admission, ni les axes de recherche d’une universitĂ© privĂ©e. » Il a ajoutĂ© que l’universitĂ© « ne cĂ©derait ni son autonomie ni ses droits constitutionnels ».

Une crise qui dépasse Harvard

Le bras de fer entre Harvard et Washington s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les grandes universitĂ©s amĂ©ricaines, accusĂ©es par la droite conservatrice d’ĂȘtre trop permissives envers les mouvements militants, notamment pro-palestiniens, et de ne pas lutter assez contre l’antisĂ©mitisme sur les campus. Depuis plusieurs mois, la Maison-Blanche multiplie les menaces de sanctions financiĂšres contre les Ă©tablissements jugĂ©s “trop Ă  gauche” et a dĂ©jĂ  gelĂ© des fonds pour d’autres universitĂ©s de l’Ivy League.

Le cas Harvard est d’autant plus emblĂ©matique que l’universitĂ©, forte d’un budget et d’un rĂ©seau d’anciens Ă©lĂšves sans Ă©gal, est la premiĂšre Ă  s’opposer frontalement Ă  la Maison-Blanche, alors que d’autres institutions ont prĂ©fĂ©rĂ© composer avec les exigences fĂ©dĂ©rales.

RĂ©actions et consĂ©quences : un dĂ©bat national sur l’autonomie universitaire

La dĂ©cision de Harvard a Ă©tĂ© saluĂ©e par de nombreux Ă©tudiants, professeurs et personnalitĂ©s publiques, dont l’ancien prĂ©sident Barack Obama, qui a qualifiĂ© la mesure de gel des fonds de “maladroite” et a encouragĂ© Harvard Ă  rester un “modĂšle de rĂ©sistance” pour l’enseignement supĂ©rieur. À l’inverse, Donald Trump a menacĂ© de retirer Ă  Harvard son statut d’exonĂ©ration fiscale, accusant l’universitĂ© de promouvoir des idĂ©es “radicales” et de tolĂ©rer l’antisĂ©mitisme.

La communautĂ© universitaire amĂ©ricaine s’interroge dĂ©sormais : jusqu’oĂč le gouvernement peut-il aller pour imposer ses vues aux Ă©tablissements privĂ©s ? Et Harvard, malgrĂ© son immense endowment financier, pourra-t-elle tenir longtemps sans les fonds fĂ©dĂ©raux essentiels Ă  la recherche et Ă  l’innovation ?

« L’universitĂ© ne peut permettre d’ĂȘtre dominĂ©e par le gouvernement fĂ©dĂ©ral, ni sacrifier son autonomie sur l’autel de subventions publiques », rĂ©sume un professeur de droit Ă  Harvard.

Vers une bataille judiciaire ?

Ce bras de fer pourrait bien se poursuivre devant les tribunaux, tant les enjeux touchent au cƓur du modĂšle universitaire amĂ©ricain : libertĂ© acadĂ©mique, indĂ©pendance institutionnelle et respect du pluralisme. Pour Harvard, la partie ne fait que commencer, mais son choix de rĂ©sister pourrait redĂ©finir les rapports de force entre l’État et les universitĂ©s pour les annĂ©es Ă  venir.