Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth sous le feu des critiques après le blocage de l’aide militaire à l’Ukraine
Washington, D.C. – Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, fait face à une vague de critiques après avoir suspendu de manière unilatérale une livraison d’armes destinée à l’Ukraine, alors que des évaluations militaires internes affirmaient que cette aide n’aurait pas compromis la capacité opérationnelle des forces américaines. Cette décision, prise sans consultation préalable du Congrès, du département d’État, ni des alliés européens, a surpris et indigné de nombreux responsables politiques à Washington et à l’étranger.
Dix-sept membres du Congrès, issus des deux partis, ont exigé que Hegseth débloque cette aide, légalement mandatée par le Congrès, l’accusant d’entraver un soutien crucial à l’Ukraine alors que le pays fait face à une intensification des attaques russes. Adam Smith, chef de file démocrate de la commission des forces armées à la Chambre des représentants, a qualifié d’« inauthentique » l’argument du Pentagone selon lequel la suspension était motivée par des préoccupations sur les stocks américains, affirmant que les chiffres ne justifiaient pas une telle décision : « Nous ne sommes pas à un niveau de stock plus bas que lors des trois dernières années du conflit en Ukraine ».
Il s’agit du troisième épisode où Hegseth bloque l’aide militaire à l’Ukraine depuis le début de l’année, les précédentes suspensions ayant été rapidement annulées après la pression politique. Cette fois, la décision a été soutenue par Elbridge Colby, sous-secrétaire à la Défense chargé de la politique, partisan d’un recentrage des ressources américaines vers l’Asie pour contrer la Chine.
Des sources au sein du Pentagone indiquent que l’aide suspendue comprenait notamment des missiles Patriot, des obus d’artillerie de 155 mm, des missiles Hellfire et Stinger, ainsi que des lance-grenades, dont certains étaient déjà chargés sur des camions en Pologne et prêts à être expédiés à Kyiv. La Maison Blanche a défendu la décision en évoquant une « révision globale des stocks » lancée par Hegseth, mais n’a pas annoncé de date pour une éventuelle reprise des livraisons.
La suspension, survenue alors que l’Ukraine réclame d’urgence des renforts face à la pression russe, a ravivé les interrogations sur la stratégie américaine et la capacité du Pentagone à respecter les engagements pris envers ses alliés. Les parlementaires poursuivent leurs investigations pour déterminer si ce blocage constitue une violation de la loi fédérale sur l’aide à l’Ukraine.