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L'Égypte secouée par des protestations et des critiques en ligne face aux expulsions forcées et aux politiques économiques du gouvernement🔥60

Author: 环球焦点
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Égypte : Vague de Critiques en Ligne et Protestations face à la Politique Gouvernmentale

Contexte brûlant en Égypte : Réseaux sociaux et rues unis dans la contestation

Le climat social en Égypte connaît depuis plusieurs semaines un regain de tension, porté à la fois par une mobilisation sur les réseaux sociaux et une réémergence de la protestation dans plusieurs régions du pays. Ces réactions font suite à des mesures gouvernementales impopulaires telles que des expulsions forcées, des hausses de prix et la vente de terrains à des entreprises étrangères, suscitant un fort sentiment de frustration dans la population urbaine et rurale. Au centre de cette actualité, la ville d’Al-Arish s’embrase suite à la mort d’un habitant lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, illustrant la gravité du malaise ressenti à travers le pays.

Les réseaux sociaux, caisse de résonance de la colère populaire

Depuis le soulèvement du Printemps arabe, l’Égypte entretient une relation paradoxale avec l’activisme numérique. Alors que les réseaux sociaux avaient permis une large mobilisation populaire en 2011, leur usage subit aujourd’hui une surveillance accrue. Malgré ce contrôle, les internautes égyptiens multiplient les publications dénonçant les démolitions de maisons, les campagnes policières dans les quartiers populaires et la précarité économique. Des hashtags revendiquant la fin des expulsions forcées ou réclamant la transparence sur les ventes de terrains publics figurent parmi les termes les plus partagés sur X (ex-Twitter) et Facebook.

La moindre critique en ligne comporte cependant des risques non négligeables. Plusieurs activistes, influenceurs et citoyens anonymes ont été interpellés pour leurs publications, certains étant maintenus en détention préventive ou poursuivis pour « dissémination de fausses informations » ou « incitation à la haine ». En mars 2025, un célèbre vidéaste a ainsi été arrêté à la suite de vidéos satiriques sur la politique du président Abdel Fattah al-Sissi, illustrant une tendance structurelle au durcissement du contrôle de l’espace numérique. Les ONG internationales alertent sur la restriction croissante des libertés civiles sur le web égyptien, classant le pays parmi les États « non libres » pour la liberté d’expression numérique.

Retour de la protestation de rue : entre refoulement et exaspération

Les réseaux sociaux ont servi de catalyseur à des manifestations sporadiques, dont certaines ont pris une dimension particulièrement dramatique. À Al-Arish, dans le gouvernorat du Nord-Sinaï, des centaines de personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer la mort d’un homme lors d’un mouvement de résistance face à la destruction de son domicile par les autorités. La population locale considère ces expulsions comme des mesures arbitraires qui accentuent la précarité des habitants déjà fragilisés par des années de conflit régional et de restrictions économiques.

Si la répression policière et la militarisation de certaines zones limitent la mobilisation à grande échelle, de nouveaux foyers contestataires émergent régulièrement, notamment lors d’événements internationaux ou religieux. En mars 2025, la commémoration de l’Eid al-Fitr fut marquée par des rassemblements critiquant la gestion du conflit à Gaza par le gouvernement égyptien. Selon certains analystes, ces manifestations sont autant dirigées contre la politique étrangère que contre la perception d’un exécutif insensible à la détresse nationale.

Expulsions et ventes de terrains : le cœur de la discorde

La politique de développement urbain et la valorisation du foncier sont au cœur des reproches adressés au pouvoir en place. De vastes terrains publics dans le nord du Sinaï et aux abords du Canal de Suez ont été cédés à des investisseurs étrangers, notamment du Golfe, pour des projets touristiques ou énergétiques. Ces opérations, annoncées comme structurantes pour l’économie, sont perçues par une frange croissante de la population comme la preuve d’un « sacrifice du patrimoine national » au profit de partenaires internationaux.

Les expulsions de familles installées depuis des générations dans ces zones alimentent le ressentiment local, d’autant plus que la compensation financière jugée insuffisante ne suffit pas à couvrir les besoins de relogement. Les autorités invoquent la nécessité de sécuriser des territoires stratégiques ou de stimuler la croissance par l’investissement étranger, mais les critiques mettent en avant le manque de communication, l’absence de concertation et la priorité donnée au court terme économique au détriment de la stabilité sociale.

Crise économique persistante : une population étranglée

Sur le terrain économique, l’Égypte traverse une période difficile, marquée par l’inflation, la dégradation du pouvoir d’achat et les coupures récurrentes d’électricité dans les grandes agglomérations. En 2025, bien que le pays ait bénéficié de nouveaux crédits internationaux pour un montant de 57 milliards de dollars, ces financements ne parviennent pas à endiguer l’augmentation du coût de la vie et la précarisation de nombreux ménages. Les bailleurs de fonds internationaux exigent des réformes structurelles, tandis que la population supporte le poids des mesures d’austérité.

Selon Human Rights Watch, les protestations éclatées de juillet ont été directement liées aux difficultés économiques, notamment aux hausses de prix et aux pénuries d’énergie. Plus d'une centaine de personnes ont été interpellées après avoir appelé, en ligne ou dans la rue, à manifester contre l’incapacité du gouvernement à garantir des conditions de vie décentes.

Réactions régionales : comparaison avec les voisins

Les crises sociales et les contestations populaires ne sont pas l’apanage de l’Égypte, mais leur contexte diffère sensiblement selon les pays de la région. En Tunisie, où la société civile est traditionnellement plus organisée, les protestations donnent souvent lieu à des médiations politiques, alors qu’au Maroc, les mouvements sociaux sont généralement contenus par une combinaison d’ouvertures statutaires et de répression sélective.

En Arabie saoudite et dans les émirats du Golfe, la nature centralisée et hiérarchique du pouvoir, couplée à des ressources financières considérables, permet d’atténuer le risque d’explosion sociale à grande échelle, malgré l’émergence de doléances similaires sur les politiques de l’emploi ou l’accès au logement.

L’Égypte, en revanche, combine un fort taux de pauvreté, une population urbaine nombreuse et jeune, et une tradition de protestation historique qui rend la situation plus volatile.

Coopération régionale et diplomatie en toile de fond

Sur le plan extérieur, la diplomatie égyptienne tente de renforcer ses alliances face aux défis régionaux croissants. Le Caire a dernièrement fait le choix d’envoyer plusieurs convois d’aide humanitaire vers la bande de Gaza, s’inscrivant ainsi dans un positionnement d’équilibre entre solidarité arabophone et préservation de ses intérêts nationaux. Parallèlement, le dialogue diplomatique entamé avec l’Iran ouvre la voie à d’éventuels accords sur la fourniture de gaz et de pétrole, essentiels pour alléger la facture énergétique domestique.

Toutefois, ces initiatives ne suffisent pas à enrayer le malaise intérieur, nombre d’Égyptiens estimant que les gains attendus de ces coopérations peinent à se faire sentir dans leur vie quotidienne, que ce soit en matière de prix des carburants ou de sécurité énergétique.

Sentiment d’urgence et réactions publiques

À mesure que les tensions s’accumulent, le sentiment d’urgence est palpable dans la société égyptienne. De nombreuses familles, confrontées à l’incertitude de leur prochain logement ou à la hausse du coût de la vie, expriment leur anxiété sur les forums et les applications de messagerie cryptée, préférant souvent l’anonymat pour éviter les représailles.

Les voix de la société civile, quoique réprimées, cherchent à trouver de nouveaux modes d’expression pour éviter que la situation ne dégénère vers une crise sociale majeure. Les analystes internationaux surveillent de près les évolutions en Égypte, estimant que le pays reste un baromètre pour la stabilité du Moyen-Orient, à la croisée de nombreux enjeux économiques, sécuritaires et sociaux.

Conclusion provisoire : Un futur incertain

Alors que les autorités jouent la carte de la fermeté, misant sur la répression des critiques en ligne et la maîtrise des mouvements sociaux, la population égyptienne continue de rechercher des canaux pour exprimer ses revendications. L’accumulation des frustrations sociales, économiques et politiques laisse entrevoir un horizon incertain. Si les réponses structurelles tardent, le risque d’une amplification des mouvements de protestation – à l’image de ce qui s’est produit lors des précédentes grandes crises nationales – ne saurait être écarté.