Mumbai confrontée à une multitude de défis d’urbanisation et de mobilisation citoyenne en 2025

Une ville sous pression : infrastructure et expansion démographique

Au cœur de l’année 2025, Mumbai se trouve à la croisée des chemins. Mégalopole emblématique de l’Inde, la ville fait face à de nombreux défis urbains, économiques et sociaux, exacerbés par une croissance démographique soutenue. Son expansion ce début de décennie, projetée pour se poursuivre de manière significative, impose des exigences inédites sur son tissu urbain déjà saturé. Les récentes révélations sur le scandale du fleuve Mithi, qui aurait vu l’émission de faux accords pour la gestion des déchets sous couvert de la Brihanmumbai Municipal Corporation (BMC), cristallisent un malaise généralisé dans la gestion des biens publics.

Une croissance difficile à maîtriser

La démographie de Mumbai s’emballe. Alors que la ville enregistrait déjà une accélération marquée de sa population entre 2001 et 2011, les projections pour 2025 évoquent un nouvel afflux de résidents, venant grossir les rangs d’une métropole où l’accès au logement, à des services de transport fiables, et à l’eau potable demeurent de vives préoccupations. Chaque nouvel habitant s’ajoute à la pression sur un réseau déjà en tension : routes saturées, trains bondés, distribution de l’eau intermittente et collecte des déchets souvent anarchique.

Le scandale du fleuve Mithi : symbole de la crise de gouvernance

L’affaire des 65 crores de roupies liés à la rivière Mithi frappe une ville déjà échaudée par des scandales répétés. Huit établissements de sous-traitants sont perquisitionnés, accusés d’avoir surfacturé la municipalité en présentant de faux accords pour des décharges de limon. Cet épisode montre les failles d’un système où les enjeux financiers et la gestion transparente des ressources sont devenus cruciaux. Les autorités promettent des arrestations imminentes alors que la population, fatiguée par la corruption présumée, réclame des comptes et des solutions pérennes.

Les tensions communautaires autour de la gestion urbaine

Mumbai a toujours été un creuset de diversité religieuse et culturelle, mais la complexification des enjeux urbains révèle de nouvelles lignes de fracture. Deux dossiers mettent en lumière la difficulté d’arbitrer des intérêts parfois opposés :

• L’interdiction de nourrir les pigeons imposée par la BMC, prévue pour lutter contre la prolifération aviaire en centre-ville, a provoqué la colère de la communauté jaïne, pour qui le respect de la vie animale est fondamental.
• La lutte contre les installations de pandals sur la voie publique lors de fêtes religieuses est vécue comme une discrimination par certains groupements hindous, dénonçant des sanctions jugées arbitraires.

Par ailleurs, les travaux du métro dans la région de Mira-Bhayandar, dirigés par le Mumbai Metropolitan Region Development Authority (MMRDA), sont suspendus à la suite de l’opposition de groupes religieux soucieux de préserver la végétation sacrée, illustrant la tension entre modernisation et respect du patrimoine naturel local.

La sécurité en berne : accidents ferroviaires, infrastructures vieillissantes et chaos urbain

L’insécurité des infrastructures à Mumbai est une source d’angoisse permanente pour les habitants. Les accidents ferroviaires mortels se comptent par milliers chaque année, conséquence de réseaux surchargés et de quais trop courts face à la fréquentation démesurée. Les ponts qui s’effondrent, les chaussées jonchées de nids-de-poule dangereux, engendrent des pertes humaines régulières, suscitant des campagnes citoyennes appelant au renforcement des inspections et à la réactivité des autorités municipales.

La crise du logement et la polémique de la « housing jihad »

Mumbai est en pleine mutation immobilière. Le manque d’espace fait des prix du foncier un des plus élevés d’Asie, mais la complexification du marché favorise les tensions. Certains groupes politiques dénoncent ce qu’ils appellent une « housing jihad » — des allégations selon lesquelles certains constructeurs favoriseraient des locataires musulmans au détriment des résidents hindous dans certains quartiers du centre-ville. Ces accusations, bien que contestées, traduisent l’inquiétude de voir évoluer l’équilibre démographique historique de certains secteurs. Le gouvernement de l’État est appelé à diligenter des enquêtes, tandis que les experts du secteur soulignent plutôt le rôle structurel du manque de logements abordables et de la spéculation foncière.

Les défis de la réhabilitation urbaine

La ville mise beaucoup sur la réhabilitation des logements, avec le remplacement progressif de bâtiments vétustes par des immeubles modernes. Ce mouvement de fonds promet plus de sécurité, mais se heurte à des difficultés : lenteurs administratives, coûts croissants, acquisition foncière complexe, et résistance de certains habitants à quitter des quartiers ancrés dans leur identité.

Un marché immobilier entre résilience et mutation

Le marché de l’immobilier mumbaiite reste d’une remarquable résilience malgré des fluctuations ponctuelles. En 2025, une légère baisse des enregistrements de transactions est observée, mais la valeur totale des ventes atteint des sommets, portée par des projets haut de gamme et une densification dans les segments premium. La demande croissante pour des appartements spacieux, conjuguée à la stagnation de l’offre dans les logements abordables, accentue la fracture sociale, alors que de nombreux ménages modestes peinent à trouver un hébergement décent dans des quartiers bien desservis et sécurisés.

Conséquences économiques d’une urbanisation galopante

La croissance effrénée de Mumbai a des conséquences économiques ambiguës. Si le dynamisme de la ville en fait un moteur de la croissance nationale, la pression sur les services publics provoque des tensions. Le chômage structurel, le développement d’une économie informelle peu régulée, et la montée de la criminalité urbaine (Mumbai affiche l’un des taux de criminalité les plus élevés d’Inde) sont autant de défis que la ville peine à relever. Les secteurs de la santé et de l’éducation, déjà saturés, voient leur efficacité compromise alors que des millions de citadins attendent des soins ou des places dans des établissements surpeuplés.

Comparaisons régionales et initiatives pour le futur

À l’échelle de l’Inde, Mumbai n’est pas isolée dans ses difficultés, mais leur ampleur est démultipliée par sa taille et son rôle de capitale économique du pays. Les grandes métropoles comme Delhi ou Bangalore partagent avec Mumbai les problématiques de congestion, de pollution, de logement, ou d’intégration des communautés, mais Mumbai se démarque par une densité démographique record et la rareté du foncier disponible.

Initiatives promues

Pour mieux faire face à cette situation, plusieurs pistes se dessinent :

• Renforcement des investissements dans les infrastructures de transport public.
• Déploiement de politiques de recyclage et de gestion innovante des déchets pour réduire les risques environnementaux, comme ceux mis en évidence par le scandale du fleuve Mithi.
• Multiplication des programmes de logements abordables et promotion de la réhabilitation de quartiers entiers.
• Collaboration accrue entre secteurs public et privé pour financer les infrastructures nécessaires à la résilience urbaine.
• Dialogue renforcé entre les communautés pour apaiser les tensions et garantir le respect des sensibilités religieuses et culturelles.

Une population mobilisée demande plus de transparence et de résultats

Face à la multiplication des scandales, à la sensation d’insécurité dans l’espace public et à la flambée du coût de la vie, la société civile mumbaiite se mobilise. Manifestations, pétitions, réseaux associatifs locaux… la demande en faveur d’une gouvernance exemplaire, de plus de transparence dans la gestion des fonds publics et d’une véritable écoute de la population se fait pressante.

Conclusion : Mumbai à un tournant décisif

Les défis auxquels Mumbai doit faire face en cette année 2025 sont immenses, reflétant les paradoxes d’une mégapole à la fois porteuse d’un espoir économique démesuré et victime de ses excès de croissance. L’année s’annonce cruciale pour façonner une ville où développement rime enfin avec inclusion, durabilité et transparence. Tandis que la ville bruisse de la colère de ses habitants et de l’effervescence de ses chantiers, une interrogation demeure : Mumbai saura-t-elle inventer un modèle urbain à la mesure de ses ambitions ?