Kampala sous pression : surveillance accrue, tensions frontalières, défis économiques et scandales sociaux en Ouganda
Kampala, Ouganda – 22 août 2025 – À l’approche des élections générales de 2026, l’Ouganda se retrouve une nouvelle fois au carrefour de multiples turbulences : surveillance sécuritaire renforcée, tensions militaires à sa frontière avec le Soudan du Sud, secousses économiques, scandales religieux et crise persistante dans le secteur de l’aviation nationale. Ces événements reflètent les fragilités structurelles du pays, mais aussi sa capacité à rester au centre des dynamiques régionales en Afrique de l’Est.
Surveillance accrue des citoyens avant les élections de 2026
Un rapport récent sur la sécurité intérieure a mis en lumière une augmentation significative de la surveillance par les agences de renseignement. Des organisations de défense des droits humains affirment que les autorités suivent de près les communications privées des citoyens, particulièrement des militants politiques, des journalistes et des membres de l’opposition.
D’après des sources indépendantes à Kampala, des citoyens auraient constaté l’installation de nouveaux dispositifs de surveillance électronique dans certaines capitales régionales, coïncidant avec le lancement des campagnes électorales locales. Si les autorités justifient ces mesures comme nécessaires pour prévenir « des menaces à la sécurité nationale », certains observateurs y voient une tentative de contrôle préventif de la contestation sociale.
Historiquement, l’Ouganda a déjà connu des tensions de ce type avant les scrutins. Les élections de 2016 et 2021 avaient été marquées par des accusations similaires, avec des arrestations de militants et des restrictions d’accès aux réseaux sociaux. La répétition de ces pratiques en 2025 risque d’amplifier un climat de méfiance, au moment où la démocratie ougandaise se prépare à un nouveau test électoral.
Crise frontalière : incursion de soldats sud-soudanais en territoire ougandais
Parallèlement à ce contexte politique tendu, un incident militaire a enflammé les relations bilatérales avec le Soudan du Sud. Selon des habitants et des responsables locaux, des soldats sud-soudanais auraient traversé la frontière et détruit plusieurs habitations dans un village du district de Lamwo, situé au nord de l’Ouganda.
Les autorités régionales rapportent que des dizaines de familles ont été déplacées et que certains habitants vivent désormais dans la crainte d’une nouvelle incursion. Cet épisode s’ajoute à une longue série de tensions transfrontalières. Depuis des décennies, l’Ouganda et le Soudan du Sud connaissent des litiges liés à la démarcation des frontières, souvent aggravés par la circulation d’armes légères et le déplacement de groupes armés non étatiques.
L’impact humanitaire de ces affrontements est immédiat : familles déplacées, pertes de biens et instabilité locale dans une zone déjà vulnérable. Sur le plan régional, cette incursion soulève des inquiétudes quant à la sécurité des couloirs commerciaux reliant Kampala à Juba, capitale du Soudan du Sud.
Performance économique : un léger souffle d’optimisme malgré la conjoncture mondiale
Au-delà des tensions politiques et sécuritaires, la Banque centrale de l’Ouganda a publié de nouveaux chiffres économiques pour juillet 2025, signalant une appréciation de 1,8% du taux de change effectif nominal (NEER).
Cet indicateur traduit un renforcement relatif du shilling ougandais face à un panier de devises étrangères. Les économistes y voient un signe encourageant, dans un contexte de ralentissement économique mondial marqué par la volatilité du dollar américain et le ralentissement des échanges commerciaux en Afrique de l’Est.
Cependant, ce gain reste fragile. L’économie ougandaise dépend largement de secteurs vulnérables, notamment l’agriculture d’exportation, l’énergie et le transport aérien. Comparé à ses voisins, l’Ouganda résiste mieux que le Kenya, dont le shilling continue de souffrir face au dollar, mais reste en retrait par rapport à la Tanzanie, qui bénéficie d’investissements étrangers plus soutenus dans les infrastructures.
Les analystes préviennent que ce répit monétaire ne doit pas masquer des défis persistants : chômage élevé, dette publique croissante et coût élevé des importations pétrolières.
Watoto Church secouée par un scandale moral
Sur le front social, c’est le monde religieux qui se retrouve au cœur d’une tempête médiatique. La célèbre Watoto Church de Kampala, connue pour son influence auprès de la jeunesse et sa réputation internationale, a confirmé avoir révoqué l’un de ses pasteurs à la suite d’allégations de comportements sexuels inappropriés.
L’annonce a déclenché un vif débat national sur la redevabilité des institutions religieuses, qui jouent en Ouganda un rôle moral et social central. De nombreux fidèles expriment leur déception, tandis que certains saluent la décision de l’église comme un signal de transparence.
Les églises évangéliques en Afrique de l’Est ont souvent été critiquées pour leur opacité dans la gestion des scandales internes. Ce cas relance les appels en faveur de régulations plus strictes, afin de protéger les fidèles et garantir l’intégrité des institutions religieuses.
Ouganda Airlines : crise dans le ciel et pertes financières
La compagnie nationale Uganda Airlines traverse une nouvelle zone de turbulences, après des révélations sur l’achat d’avions jugés obsolètes. La mauvaise disponibilité des pièces détachées entraîne des mises à l’arrêt fréquentes des appareils, perturbant gravement les vols domestiques et régionaux.
Selon des sources internes, la compagnie subit des pertes financières importantes, accentuées par des accusations de revente illégale de billets par certains employés. Cette situation porte atteinte à la crédibilité d’une compagnie présentée en 2019 comme un symbole de renaissance nationale.
En comparaison, les compagnies voisines comme Ethiopian Airlines et Kenya Airways consolident leurs positions sur les routes régionales et internationales grâce à des flottes modernisées, accentuant le fossé entre l’Ouganda et ses concurrents.
Pour une économie enclavée, où la connectivité aérienne est cruciale pour le commerce et le tourisme, ces défaillances constituent une entrave majeure au développement.
Accord diplomatique avec les États-Unis : l’accueil des migrants expulsés
Dans un registre diplomatique, le gouvernement ougandais a confirmé avoir conclu un accord avec Washington pour accueillir des migrants expulsés des États-Unis. L’accord précise que seuls les individus sans casier judiciaire et ne faisant pas partie de mineurs non accompagnés seront admis.
Ce partenariat reflète à la fois la volonté de Kampala de renforcer ses relations bilatérales avec les États-Unis et sa tradition d’accueil des réfugiés. L’Ouganda héberge déjà plus d’un million de réfugiés, principalement originaires du Soudan du Sud et de la République démocratique du Congo, ce qui en fait l’un des pays les plus hospitaliers en matière d’asile en Afrique.
Toutefois, l’opinion publique reste divisée sur l’impact de cet accord. Certains estiment que l’Ouganda assume une responsabilité internationale importante, tandis que d’autres redoutent de nouvelles pressions économiques et sociales sur un système déjà saturé.
Conclusion : un pays sous tension mais en quête de résilience
À la veille d’élections cruciales, l’Ouganda fait face à une série d’épreuves : un climat politique marqué par la surveillance, des tensions militaires à ses frontières, des fragilités économiques, des crises institutionnelles et des défis dans les infrastructures nationales. Pourtant, le pays conserve aussi des signes de résilience, qu’il s’agisse de la stabilité relative de sa monnaie, de son rôle central dans l’accueil des réfugiés ou de la mobilisation de la société civile face aux scandales.
L’année 2026 pourrait s’imposer comme un moment charnière dans l’histoire récente de l’Ouganda, où se joueront non seulement l’avenir politique immédiat du pays, mais aussi sa crédibilité régionale et sa capacité à tracer une voie plus stable pour les années à venir.
Souhaitez-vous que je développe un portrait historique sur la relation entre l’armée et le pouvoir politique en Ouganda, afin de mieux contextualiser les craintes liées à la surveillance accrue ?