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Tensions Ă  Los Angeles : la maire Bass dĂ©nonce des raids migratoires musclĂ©sđŸ”„60

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MontĂ©e des tensions Ă  Los Angeles : la maire Karen Bass rĂ©agit aux raids d’immigration

Contexte tendu autour de MacArthur Park

Le dimanche 7 juillet 2025, Los Angeles a Ă©tĂ© le théùtre d’un nouvel Ă©pisode de tensions autour de la question migratoire. Alors que de nombreux enfants jouaient dans le MacArthur Park, une opĂ©ration musclĂ©e des agents fĂ©dĂ©raux de l’immigration, appuyĂ©s par des dizaines d’officiers armĂ©s, certains Ă  cheval, a profondĂ©ment destabilisĂ© la communautĂ© locale. La maire Karen Bass, alertĂ©e par des rĂ©sidents et des activistes, s’est rendue sur les lieux pour exiger la fin de ces raids qu’elle a qualifiĂ©s d’« scandaleux ». Elle a Ă©galement dĂ©noncĂ© la prĂ©sence non sollicitĂ©e de la Garde nationale, mobilisĂ©e suite Ă  une dĂ©cision fĂ©dĂ©rale et financĂ©e par une rĂ©cente hausse du budget du DĂ©partement de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure.

Historique des interventions fédérales à Los Angeles

Le dĂ©ploiement de la force fĂ©dĂ©rale Ă  Los Angeles n’est pas sans prĂ©cĂ©dent. La derniĂšre mobilisation de la Garde nationale sans approbation du gouverneur remontait Ă  1965, lors des Ă©meutes du quartier Watts, Ă©vĂ©nement qui avait marquĂ© durablement la mĂ©moire collective de la ville et rĂ©veillĂ© un dĂ©bat national sur l’usage de la force fĂ©dĂ©rale dans les affaires intĂ©rieures des États. Cette nouvelle vague de raids fait suite Ă  une sĂ©rie d’opĂ©rations coordonnĂ©es de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), commencĂ©es dĂšs dĂ©but juin 2025, qui ont conduit Ă  l’arrestation de plus de 40 personnes pour « infractions migratoires », dont certains Ă©taient soupçonnĂ©s d’appartenance Ă  des gangs ou de dĂ©lits annexes.

Impact économique et social sur la communauté

La communautĂ© immigrĂ©e, cƓur Ă©conomique de nombreux quartiers de Los Angeles, notamment autour du secteur textile, des entrepĂŽts, et des marchĂ©s aux puces, est directement affectĂ©e par ces opĂ©rations. Les interventions fĂ©dĂ©rales ont provoquĂ© non seulement la crainte d’arrestations, mais aussi une paralysie temporaire de l’activitĂ© commerciale : des rues bloquĂ©es, des commerces fermĂ©s, et des parents refusant de laisser leurs enfants se rendre Ă  l’école ou dans les parcs.

Le traumatisme provoquĂ© par la prĂ©sence de policiers en tenue anti-Ă©meute et de militaires armĂ©s, combinĂ© Ă  l’utilisation de gaz lacrymogĂšne et Ă  des arrestations massives, ravive le souvenir d’abus passĂ©s et suscite la colĂšre des acteurs locaux. Selon le syndicat SEIU, l’une des plus importante organisations de travailleurs du pays, la peur de reprĂ©sailles fĂ©dĂ©rales met en pĂ©ril la cohĂ©sion sociale et accentue les fractures Ă©conomiques qui prĂ©-existaient Ă  la pandĂ©mie et Ă  la crise du logement touchant la ville.

Réactions de la population et mobilisation citoyenne

DĂšs le dĂ©but de l’opĂ©ration, des centaines de personnes se sont rassemblĂ©es autour du centre de dĂ©tention fĂ©dĂ©ral de Los Angeles pour exprimer leur solidaritĂ© envers les dĂ©tenus et rĂ©clamer la dissolution de l’ICE. Les manifestants, rejoints par des Ă©lus locaux et des figures du mouvement syndical, ont dĂ©noncĂ© une « mise en scĂšne d’intimidation » et la « militarisation de l’espace public », comparant la situation actuelle aux affrontements historiques de 1992 et 1965 : « Nous avons connu l’oppression et les abus ; ce qui se rĂ©pĂšte devant nous tĂ©moigne du profond malaise rĂ©current dans la gestion des crises migratoires », commente un rĂ©sident du quartier de Westlake.

Des scĂšnes frappantes ont Ă©tĂ© rapportĂ©es, telles que l’incendie d’un vĂ©hicule sur la voie publique ou des rassemblements massifs bloquant les principales artĂšres de la ville, notamment la 101. La police a rapidement qualifiĂ© ces rassemblements d'« illĂ©gaux » et a procĂ©dĂ© Ă  de nombreuses arrestations, avec l’appui de la Garde nationale et du LAPD, qui ont utilisĂ© des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes pour disperser la foule. Les images de familles cherchant Ă  se protĂ©ger dans le parc illuminĂ© par les gyrophares contrastent avec celles de policiers lourdement Ă©quipĂ©s encerclant des groupes de manifestants dĂ©terminĂ©s Ă  dĂ©fendre leur droit Ă  la dignitĂ©.

Comparaisons régionales et portée nationale

Los Angeles n’est pas un cas isolĂ©. Ce type de dĂ©ploiement fĂ©dĂ©ral et de raids d’immigration s’inscrit dans une tendance nationale observĂ©e dans d’autres grandes mĂ©tropoles telles que New York, Chicago ou Dallas, qui ont Ă©galement rendu compte d’une augmentation des contrĂŽles des forces fĂ©dĂ©rales. La Californie, en particulier, demeure un laboratoire social oĂč les affrontements entre les dynamiques locales et les injonctions fĂ©dĂ©rales deviennent le reflet de dĂ©bats profonds sur l’identitĂ© nationale et la gestion des flux migratoires : « La multiplication des interventions fĂ©dĂ©rales sans concertation avec les autoritĂ©s locales menace la capacitĂ© de la ville Ă  protĂ©ger ses rĂ©sidents et Ă  maintenir la stabilitĂ© Ă©conomique », alertent des chercheurs en politique urbaine.

Alors que la Garde nationale a rarement Ă©tĂ© mobilisĂ©e sans l’aval du gouverneur, l’intervention prĂ©sidentielle de 2025 marque une rupture dans le dialogue institutionnel, amplifiant les tensions et la polarisation autour du sujet migratoire. Au fil des jours, la solidaritĂ© s’est organisĂ©e entre diffĂ©rentes rĂ©gions sinistrĂ©es, en particulier autour des associations de dĂ©fense des droits civiques, qui dĂ©ploient des aides juridiques et matĂ©rielles afin de soutenir les familles touchĂ©es par les arrestations et les expulsions.

Origine et évolution du débat migratoire à Los Angeles

L’histoire migratoire de Los Angeles est profondĂ©ment ancrĂ©e depuis plus d’un siĂšcle, combinant vagues d’immigration successive, politiques d’intĂ©gration variable, et crises rĂ©currentes alimentant les dĂ©bats publics. DĂ©jĂ  en 1931, le « Repatriation » ordonnĂ© au niveau fĂ©dĂ©ral avait expulsĂ© des milliers de travailleurs mexicains, souvent citoyens amĂ©ricains. Depuis, chaque crise Ă©conomique ou sĂ©curitaire ravive les mĂȘmes questionnements : comment intĂ©grer durablement une population diverse tout en maintenant l'ordre public et la croissance ?

La rĂ©cente hausse du budget du DĂ©partement de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et l’escalade des opĂ©rations fĂ©dĂ©rales en 2025 apparaissent comme une rĂ©ponse Ă  la pression politique nationale, mais laissent la ville de Los Angeles divisĂ©e et vulnĂ©rable : « En ciblant les quartiers populaires Ă  forte densitĂ© immigrĂ©e, le gouvernement risque d’alimenter un cycle de prĂ©caritĂ© et de mĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e », analysent les spĂ©cialistes de la migration urbaine.

Les perspectives d’avenir face à la crise

Depuis le raid du 7 juillet, la maire Karen Bass s’efforce de maintenir une ligne de fermetĂ© Ă©quilibrĂ©e, refusant toute violence tout en dĂ©fendant le droit des habitants Ă  protester. Sa position, largement soutenue par la population locale, appelle Ă  un rĂ©examen des protocoles d’intervention et Ă  une coopĂ©ration plus Ă©troite entre les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales et locales pour garantir la sĂ©curitĂ© sans sacrifier les droits constitutionnels.

Pour beaucoup, la gestion de cette crise Ă  Los Angeles pourrait servir de modĂšle — ou d’avertissement — pour d’autres rĂ©gions confrontĂ©es Ă  des dĂ©fis migratoires similaires. Alors que le flux migratoire vers la Californie ne faiblit pas et que la pression politique s’accroĂźt Ă  l’échelle nationale, la rĂ©ponse collective des acteurs locaux et fĂ©dĂ©raux dĂ©terminera la capacitĂ© de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Ă  concilier sĂ©curitĂ© et respect des droits humains.

Si l’avenir immĂ©diat promet de nouvelles mobilisations et peut-ĂȘtre d’autres confrontations dans le centre de Los Angeles, l’enjeu majeur reste de restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernĂ©s : la rĂ©solution de cette crise migratoire exigera Ă  la fois des dĂ©cisions politiques Ă©clairĂ©es et une vigilance citoyenne constante.