Tommy Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, a perdu son appel contre sa condamnation à 18 mois de prison pour outrage au tribunal, relançant un débat vif au Royaume-Uni sur la proportionnalité des peines infligées pour des infractions civiles.
Un militant dâextrĂȘme droite face Ă la justice britannique
ĂgĂ© de 42 ans, lâex-leader de lâEnglish Defence League, connu pour ses prises de position anti-islam, purge sa peine Ă la prison de Woodhill, prĂšs de Milton Keynes. Il a Ă©tĂ© condamnĂ© en octobre dernier aprĂšs avoir reconnu dix violations dĂ©libĂ©rĂ©es dâune ordonnance de la Haute Cour prononcĂ©e en 2021. Cette ordonnance lui interdisait de rĂ©itĂ©rer des allĂ©gations diffamatoires Ă lâencontre de Jamal Hijazi, un rĂ©fugiĂ© syrien qui lâavait dĂ©jĂ poursuivi avec succĂšs pour diffamation. MalgrĂ© cette interdiction, Robinson a continuĂ© Ă diffuser ces accusations, notamment lors dâun rassemblement Ă Trafalgar Square et sur ses rĂ©seaux sociaux, dĂ©fiant ouvertement la justice britannique.
Des conditions de détention controversées
Robinson est dĂ©tenu en rĂ©gime dâisolement, une mesure prise par lâadministration pĂ©nitentiaire pour sa propre sĂ©curitĂ©, en raison de menaces Ă©manant dâautres dĂ©tenus. Selon ses avocats, cette situation aurait un impact nĂ©gatif sur sa santĂ© mentale, aggravant un syndrome de stress post-traumatique complexe et un trouble de lâattention avec hyperactivitĂ© dont il souffre. Ils ont plaidĂ© devant la Cour dâappel que « le maintenir en sĂ©curitĂ© le rend malade » et que la sĂ©vĂ©ritĂ© de son isolement nâavait pas Ă©tĂ© anticipĂ©e lors du prononcĂ© de la peine.
Cependant, le ministĂšre de la Justice a rappelĂ© que son rĂ©gime carcĂ©ral est « substantiellement plus permissif » que la moyenne : Robinson dispose dâun ordinateur portable, dâun accĂšs aux emails, de plusieurs heures dâexercice quotidien et de quatre heures dâappels tĂ©lĂ©phoniques sociaux par jour. Plus de 120 personnes sont autorisĂ©es Ă lui rendre visite et il a dĂ©jĂ reçu plus de 80 visites depuis son incarcĂ©ration. Le juge a estimĂ© que ses conditions ne constituaient pas une « vĂ©ritable mise Ă lâisolement » et quâelles Ă©taient justifiĂ©es par des impĂ©ratifs de sĂ©curitĂ©.
Un débat sur la proportionnalité de la peine
La dĂ©cision de la Cour dâappel de rejeter la demande de rĂ©duction de peine a Ă©tĂ© saluĂ©e par le bureau du procureur gĂ©nĂ©ral, qui a soulignĂ© la gravitĂ© des faits reprochĂ©s Ă Robinson : « Il a ignorĂ© Ă plusieurs reprises les injonctions des juges et a continuĂ© Ă propager des allĂ©gations diffamatoires. Sa condamnation reflĂšte le sĂ©rieux avec lequel la justice considĂšre lâoutrage au tribunal ».
NĂ©anmoins, cette affaire continue de susciter de vifs dĂ©bats outre-Manche. Certains dĂ©noncent une sanction disproportionnĂ©e pour une infraction civile, dâautant plus que Robinson nâa pas Ă©tĂ© condamnĂ© pour ses opinions, mais pour avoir sciemment dĂ©fiĂ© une dĂ©cision de justice. Dâautres estiment au contraire que la fermetĂ© de la sanction est nĂ©cessaire pour garantir lâautoritĂ© des tribunaux et protĂ©ger les victimes de diffamation.
Perspectives
Robinson reste incarcĂ©rĂ© Ă HMP Woodhill, sa libĂ©ration anticipĂ©e Ă©tant conditionnĂ©e Ă lâarrĂȘt de la diffusion des allĂ©gations litigieuses â une exigence Ă laquelle il ne sâest pas encore conformĂ©. Son cas, emblĂ©matique des tensions autour de la libertĂ© dâexpression, de la dĂ©sinformation et du respect de lâĂtat de droit, continuera sans doute dâalimenter le dĂ©bat public britannique dans les mois Ă venir.