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Uber sous pression mondiale : répressions à Londres, blocages en Inde, grève en Afrique du Sud, mais percée électrique et innovations aux États-Unis et en Inde🔥60

Author: 环球焦点
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Uber confronté à de nouvelles vagues de répression et de protestations face à l’évolution rapide du secteur des VTC

Multiplication des actions contre Uber à l’échelle mondiale

Le secteur des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) traverse une période de turbulences majeures. Dernièrement, l’entreprise Uber, acteur incontournable du marché, fait face à une intensification des contrôles et des manifestations dans plusieurs régions du monde. Des descentes policières ciblant les chauffeurs à Londres aux fermetures administratives en Inde, en passant par les mouvements de protestation en Afrique du Sud et au Nigeria, ces événements traduisent les tensions croissantes entre innovation numérique et régulation des marchés.

Londres : immigration, régulation et impact sur les chauffeurs urbains

Le quartier de Wood Green, au nord de Londres, a récemment été le théâtre de contrôles d’immigration dirigés contre les chauffeurs Uber et Deliveroo. Cette opération illustre l’accent mis par les autorités britanniques sur la lutte contre le travail clandestin dans les services à la demande. Pour Uber, ces opérations remettent en question l’une de ses valeurs différenciatrices : la flexibilité et la possibilité d’accès rapide à l’emploi urbain. Sur le terrain, les chauffeurs dénoncent la pression croissante et l’incertitude juridique, tandis que de nombreux clients expriment des inquiétudes quant à une future pénurie de VTC et à la hausse potentielle des tarifs.

Inde : offensive réglementaire sur les services de navettes urbaines

En Inde, les autorités viennent d’ordonner l’arrêt de tous les services opérés par Uber Shuttle et les agrégateurs de bus urbains à partir de samedi. Cette décision fait suite à des préoccupations concernant la légalité de ces services, la sécurité des passagers et la concurrence avec les opérateurs traditionnels. Cette suspension, qui affecte des villes comme Delhi, Chennai et Mumbai, a plongé chauffeurs et usagers dans l’incertitude.

Dans ce contexte turbulent, Uber déploie néanmoins son programme « Uber Pragati 2025 », proposant :

  • Une tarification flexible et des tarifs réduits pour certains créneaux horaires
  • L’intégration de billets de métro directement sur l’application à Delhi, Chennai et Mumbai
  • Un mode simplifié destiné aux personnes âgées
  • L’extension des solutions de livraison locale

L’enjeu est double pour Uber : regagner la confiance des autorités locales et préserver sa base d’utilisateurs en s’adaptant aux réalités du marché indien.

Afrique du Sud et Nigeria : la colère monte chez les chauffeurs

En Afrique du Sud, la grogne prend racine dans le fort sentiment d’injustice ressenti par nombre de chauffeurs Uber et Bolt. Les grèves récentes visent principalement la politique de tarification jugée défavorable et les commissions élevées prélevées par les plateformes. À Lagos, au Nigeria, un mouvement de grève coordonné par l’Amalgamated Union of App-Based Transporters of Nigeria (AUATON) a mobilisé plusieurs milliers de conducteurs le 1er mai 2025. Les revendications portent sur :

  • Une rémunération jugée insuffisante
  • Des frais de commission atteignant parfois 60 % de la course
  • L’absence de dialogue social avec les plateformes
  • Les risques liés à la sécurité, notamment des désactivations d’applications arbitraires et des systèmes de vérification jugés défaillants

Le climat social est tendu, et la mobilisation croissante des travailleurs du numérique traduit une volonté de faire évoluer un modèle économique reposant historiquement sur la précarité et la flexibilité.

États-Unis : protestations continues et innovations structurelles

Depuis début 2024, la contestation monte également aux États-Unis, où des chauffeurs Uber et Lyft se mobilisent à travers de multiples grèves et manifestations pour dénoncer l’effondrement de leurs revenus. Selon plusieurs témoignages, la part versée aux conducteurs est passée en une décennie de 80 % à parfois moins de 40 % du prix de la course. Ces actions collectives s’inscrivent dans la lignée du mouvement « Fight for $15 », qui revendique un salaire décent pour tous les travailleurs du secteur des services.

Parallèlement, Uber poursuit sa stratégie d’innovation, notamment par :

  • Un investissement de 300 millions de dollars dans Lucid Motors pour mettre en circulation, dès 2026, plus de 20 000 SUV électriques « Gravity » dédiés aux services de robotaxi dans une grande métropole américaine.
  • Le lancement imminent d’une fonctionnalité permettant aux femmes conductrices et clientes de demander à être couplées exclusivement entre elles, répondant à des enjeux de sécurité et d’inclusion.
  • La proposition d’une politique « No Tax on Tips » qui, selon certains analystes, pourrait augmenter les revenus des chauffeurs Uber de près d’un milliard de dollars.

Enjeux économiques : équité et viabilité du modèle

Historiquement, le modèle Uber a été vanté pour sa capacité à offrir des revenus d’appoint et une flexibilité sans précédent. Mais la réalité s’est progressivement érodée, sous l’effet de la concurrence, de l’optimisation algorithmique des tarifs, et de la montée des coûts à la charge des chauffeurs. L’introduction des systèmes de tarification dynamique pilotés par l’intelligence artificielle a abouti à des écarts incompréhensibles d’un conducteur à l’autre, pour un même trajet, parfois même à la même heure. Les organisations de défense des travailleurs dénoncent une « discrimination algorithmique », générant frustration et instabilité financière parmi les chauffeurs.

L’économie du VTC, conçue pour maximiser la rentabilité des plateformes numériques, heurte aujourd’hui les enjeux d’équité sociale. De nombreux conducteurs en viennent à douter de la viabilité à long terme du modèle, et l’insuffisance des garde-fous sociaux ou fiscaux alimente la montée du mécontentement global.

Comparaisons régionales et perspectives

La situation d’Uber illustre un paradoxe universel de l’économie numérique : la tension permanente entre expansion rapide et régulation. À Londres comme en Inde, en Afrique ou aux États-Unis, les problématiques restent les mêmes : recherche de rentabilité, adaptation aux contraintes réglementaires, maintien de la satisfaction des chauffeurs ET des clients.

Toutefois, des nuances apparaissent selon les contextes :

  • En Europe, la priorité est donnée à la régulation et à la lutte contre la précarité sociale, avec des contrôles renforcés et un encadrement strict des prestations.
  • En Inde, les pouvoirs publics cherchent d’abord à protéger l’écosystème économique local et la sécurité des usagers, tout en poussant les géants du numérique à collaborer sur des innovations inclusives.
  • En Afrique, la rapidité de la digitalisation heurte de plein fouet la fragilité des systèmes sociaux, exacerbant le ressentiment face à une économie du « gig » jugée implacable et souvent déconnectée des réalités locales.

Un secteur à la croisée des chemins

L’avenir du secteur des VTC dépendra de sa capacité à réinventer un modèle économique plus équitable et durable. L’arrivée prochaine des robotaxis, l’intégration de solutions de transport multimodal et la montée en puissance de la négociation collective des travailleurs pourraient redéfinir l’équilibre entre innovation et responsabilité sociale.

Les manifestations et opérations de contrôle qui se multiplient en 2025 rappellent, s’il en était besoin, que la promesse initiale d’Uber — combiner liberté individuelle, flexibilité et revenu attractif — reste instable tant que des réponses concrètes ne seront pas apportées au défi de la précarité. Qu’il s’agisse de Wood Green, de Mumbai ou de Lagos, partout, la demande d’un « new deal » social pour les chauffeurs de VTC s’impose comme un enjeu majeur pour les prochaines années.