Boris Johnson ravive le débat sur la politique du Royaume-Uni au Moyen-Orient : implications internationales et réactions
LONDRES, 11 aoĂ»t 2025 â Lâancien Premier ministre britannique Boris Johnson sâest retrouvĂ© au cĆur dâune tempĂȘte mĂ©diatique et diplomatique aprĂšs des dĂ©clarations fracassantes sur la politique britannique envers le Moyen-Orient et le rĂŽle du Royaume-Uni sur la scĂšne mondiale. Ses interventions rĂ©centes sur la reconnaissance de la Palestine, sur la situation Ă TaĂŻwan face Ă la Chine, et son soutien envers lâUkraine, remettent en lumiĂšre les choix stratĂ©giques du Royaume-Uni dans un environnement gĂ©opolitique de plus en plus polarisĂ©.
Boris Johnson et la reconnaissance de la Palestine : rupture ou continuité ?
Lors de rĂ©cents Ă©changes publics, Boris Johnson a remis en question lâopportunitĂ© pour le Royaume-Uni de reconnaĂźtre lâĂtat palestinien dans le contexte du processus de paix au Moyen-Orient. Selon lui, « la reconnaissance de la Palestine ne ferait pas avancer la solution Ă deux Ătats et ne contribuerait pas Ă la libĂ©ration des otages », suggĂ©rant que la diplomatie britannique devrait privilĂ©gier les rĂ©sultats concrets plutĂŽt que les « gestes symboliques ». Cette position, qui sâoppose Ă lâapproche du gouvernement actuel de Keir Starmer, a suscitĂ© des rĂ©actions contrastĂ©es : certains saluent la luciditĂ© politique et le pragmatisme de Johnson, dâautres lâaccusent dâignorer les aspirations palestiniennes et la dimension morale du dĂ©bat.
Historiquement, la question de la reconnaissance de la Palestine divise la diplomatie europĂ©enne depuis les accords dâOslo des annĂ©es 1990. Plusieurs pays europĂ©ens ont franchi le pas, mais le Royaume-Uni est demeurĂ© prudent, conditionnant tout changement Ă des avancĂ©es tangibles sur le terrain. Cette prudence sâinscrit dans une tradition diplomatique profondĂ©ment ancrĂ©e Ă Londres, mais subit la pression des mouvements populaires et dâune opinion publique de plus en plus sensible Ă la question des droits palestiniens, notamment aprĂšs les Ă©pisodes rĂ©cents de violences Ă Gaza et en Cisjordanie.
Enjeux économiques et perspectives diplomatiques
Le dĂ©bat sur la reconnaissance de la Palestine possĂšde Ă©galement une dimension Ă©conomique : le Royaume-Uni, grand importateur de produits Ă©nergĂ©tiques issus du Moyen-Orient et partenaire commercial majeur dâIsraĂ«l et de la Jordanie, doit mĂ©nager ses alliances tout en poursuivant ses intĂ©rĂȘts stratĂ©giques. Les partisans de la reconnaissance estiment que cette Ă©volution pourrait renforcer le commerce avec le monde arabe et offrir de nouvelles opportunitĂ©s dâinvestissement, tandis que les sceptiques, comme Johnson, craignent des rĂ©percussions sur les relations bilatĂ©rales avec IsraĂ«l et un possible isolement sur la scĂšne internationale.
Johnson à Taïwan : fermeté face à la Chine et appel à la solidarité occidentale
Quelques jours aprĂšs ses dĂ©clarations sur la Palestine, Boris Johnson sâest rendu Ă TaĂŻwan, oĂč il a prononcĂ© un discours remarquĂ© au Ketagalan Forum. Dans un contexte de tensions croissantes entre PĂ©kin et Taipei, lâancien Premier ministre a dĂ©noncĂ© les « pressions intenses » de la Chine, qualifiant les manĆuvres militaires et la propagande menĂ©es par PĂ©kin de « tentatives flagrantes dâintimidation » de la dĂ©mocratie taĂŻwanaise.
Johnson a exhortĂ© les dĂ©mocraties occidentales à « approfondir leurs liens Ă©conomiques et politiques avec TaĂŻwan », insistant sur lâimportance vitale de la production de semi-conducteurs taĂŻwanais pour lâĂ©conomie mondiale et lâinnovation technologique. Selon ses propos, « la libertĂ© et lâĂ©tat de droit qui rĂšgnent Ă TaĂŻwan stimulent lâinvestissement, lâinnovation et la confiance des marchĂ©s », contrastant avec la centralisation autoritaire de la Chine continentale.
Réactions régionales et contexte historique
Le passage de Boris Johnson Ă TaĂŻwan ne sâinscrit pas dans une tradition diplomatique courante : il est seulement le troisiĂšme ancien Premier ministre britannique Ă effectuer une visite officielle sur lâĂźle, aprĂšs Margaret Thatcher et Liz Truss. Sa venue a Ă©tĂ© saluĂ©e par le prĂ©sident taĂŻwanais Lai Ching-te, qui y a vu un symbole de soutien international face aux menaces chinoises et un point dâancrage pour le dĂ©veloppement dâune « coopĂ©ration mutuellement bĂ©nĂ©fique » entre le Royaume-Uni et TaĂŻwan.
Historiquement, Londres maintient une position de non-reconnaissance formelle de la souverainetĂ© de TaĂŻwan, Ă lâinstar de la plupart des capitales occidentales, tout en entretenant des relations commerciales soutenues et des Ă©changes technologiques croissants avec lâĂźle. Depuis le sommet du G7 de 2021, oĂč le Royaume-Uni avait dĂ©jĂ insistĂ© sur la « stabilitĂ© dans le dĂ©troit de TaĂŻwan », lâaccent est mis sur la dĂ©fense des valeurs dĂ©mocratiques et de la libertĂ© de navigation dans la rĂ©gion.
Les observateurs notent que les propos de Johnson interviennent Ă un moment oĂč le gouvernement britannique cherche Ă restaurer le dialogue diplomatique avec la Chine, tout en continuant de dĂ©fendre ses « intĂ©rĂȘts vitaux » dans lâIndo-Pacifique.
Sanctions contre la Russie et sécurité énergétique : la vision Johnson sur la scÚne transatlantique
Au forum de TaĂŻwan, Boris Johnson a profitĂ© de lâoccasion pour vanter la politique de fermetĂ© de lâancien prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump Ă lâĂ©gard de la Russie, notamment lâimposition de sanctions contre les pays continuant Ă acheter du gaz et du pĂ©trole russes. Selon Johnson, cette stratĂ©gie « a affaibli significativement lâĂ©conomie de guerre de Moscou » et il appelle les dirigeants europĂ©ens, dont lâactuel Premier ministre britannique, Ă adopter la mĂȘme ligne.
ConsĂ©quences Ă©conomiques pour lâEurope et le Royaume-Uni
Lâappel de Johnson Ă rompre avec la dĂ©pendance aux hydrocarbures russes sâinscrit dans un contexte de transition Ă©nergĂ©tique accĂ©lĂ©rĂ©e en Europe. Depuis lâinvasion de lâUkraine par la Russie en 2022, lâUnion europĂ©enne et le Royaume-Uni ont multipliĂ© les initiatives pour diversifier leurs sources dâapprovisionnement, notamment grĂące Ă lâimportation de gaz naturel liquĂ©fiĂ© amĂ©ricain, au dĂ©veloppement des Ă©nergies renouvelables et Ă la rĂ©ouverture de nĂ©gociations avec des Ătats africains ou du Moyen-Orient.
Toutefois, la mise en Ćuvre de sanctions supplĂ©mentaires contre Moscou fait craindre Ă certains experts des tensions accrues sur les marchĂ©s de lâĂ©nergie et un risque dâinflation, en particulier pour le Royaume-Uni qui dĂ©pend encore Ă hauteur de 17% du gaz importĂ© de Russie selon les derniĂšres estimations. Si la position de Johnson sĂ©duit une partie de la classe politique amĂ©ricaine et de lâopinion publique ukrainienne, elle soulĂšve Ă©galement des interrogations sur la capacitĂ© des Ă©conomies europĂ©ennes Ă absorber un choc Ă©nergĂ©tique de grande ampleur et sur leur autonomie stratĂ©gique Ă moyen terme.
Un parcours international marqué par les symboles et la diplomatie pragmatique
Boris Johnson a Ă©galement Ă©tĂ© honorĂ© lors de lâEXPO 2025 Ă Osaka, au Japon, oĂč un stand symbolisant le soutien occidental Ă lâUkraine faisait rĂ©fĂ©rence Ă son rĂŽle de leader dans lâappui prĂ©coce Ă Kyiv Ă partir de 2022. Le choix des organisateurs de mettre en avant un chapeau ayant appartenu Ă Johnson illustre lâimportance du soft power britannique en Asie et marque la reconnaissance de lâinfluence du Royaume-Uni dans le dossier ukrainien.
Ce nouvel engagement international sâajoute Ă une longue tradition de diplomatie pragmatique britannique, oĂč lâĂ©quilibre entre principes moraux, intĂ©rĂȘts commerciaux et sĂ©curitĂ© nationale constitue une constante. Johnson se situe dans la lignĂ©e de Premiers ministres cherchant à « peser sur lâordre international » tout en Ă©vitant les blocages idĂ©ologiques propres Ă certaines capitales europĂ©ennes.
Comparaisons rĂ©gionales : quelle place pour la politique britannique au sein de lâOccident ?
Face aux mutations rapides du systÚme international, les positions prises par Boris Johnson dévoilent une fracture croissante entre les approches anglo-saxonnes (axées sur la dissuasion, les alliances militaires et la défense des valeurs démocratiques) et les sensibilités continentales, davantage portées vers la diplomatie multilatérale, la médiation et la recherche de solutions de compromis.
Ă titre dâexemple, la France a rĂ©cemment proposĂ© une initiative europĂ©enne de sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique visant Ă limiter la dĂ©pendance Ă la Russie par le dĂ©veloppement du nuclĂ©aire civil et une coordination renforcĂ©e avec les partenaires africains. LâAllemagne, de son cĂŽtĂ©, privilĂ©gie la diversification de ses fournisseurs tout en poursuivant le dialogue avec Moscou sur certains dossiers clĂ©s. Dans ce contexte, la voix de Boris Johnson continue de porter, Ă la fois comme rĂ©fĂ©rence dâune Ă©poque oĂč le Royaume-Uni jouait un rĂŽle moteur dans le soutien Ă lâUkraine, et comme acteur dâun dĂ©bat en pleine Ă©volution sur la place de Londres sur lâĂ©chiquier mondial.
RĂ©action de lâopinion britannique et perspectives
En Grande-Bretagne, les propos de Boris Johnson font lâobjet dâun vif dĂ©bat, entre soutiens indĂ©fectibles et critiques acerbes. Les sondages rĂ©vĂšlent une opinion divisĂ©e quant Ă la reconnaissance de la Palestine et Ă la pertinence dâune politique dure Ă lâĂ©gard de la Russie et de la Chine. Pour certains, Johnson incarne le rĂ©alisme et lâaudace dâune politique Ă©trangĂšre affranchie des idĂ©ologies passĂ©es ; pour dâautres, il risque dâisoler davantage le Royaume-Uni et de compliquer les relations avec des partenaires clefs au moment oĂč lâĂ©conomie britannique a besoin de stabilitĂ© et de nouveaux marchĂ©s.
Le gouvernement actuel, tout en prenant acte des arguments avancĂ©s, semble dĂ©cidĂ© Ă poursuivre une ligne de continuitĂ©, orientĂ©e vers la recherche de consensus europĂ©ens sur la question israĂ©lo-palestinienne et le soutien Ă lâUkraine, mais avec une attention particuliĂšre portĂ©e aux consĂ©quences Ă©conomiques internes et Ă lâĂ©quilibre transatlantique.
Enjeux et avenir de la diplomatie britannique : entre héritage et défis nouveaux
Le dĂ©bat lancĂ© par Boris Johnson intervient Ă un moment charniĂšre pour le Royaume-Uni, confrontĂ© Ă la rĂ©organisation des alliances internationales, Ă lâaccĂ©lĂ©ration de la transition Ă©nergĂ©tique et Ă lâĂ©volution des rapports de force gĂ©opolitiques. Sa vision, mĂȘlant acte de prĂ©sence sur la scĂšne asiatique et critique des rĂ©ponses europĂ©ennes Ă la crise russo-ukrainienne, augure dâune refonte possible de la politique Ă©trangĂšre britannique dans les annĂ©es Ă venir.
Au-delĂ des polĂ©miques, les prises de position de lâancien Premier ministre invitent Ă une rĂ©flexion de fond sur la place que le Royaume-Uni souhaite occuper dans un monde en recomposition â entre fidĂ©litĂ© Ă son passĂ© diplomatique, adaptation aux nouveaux enjeux Ă©conomiques, et loyautĂ© envers ses alliĂ©s dĂ©mocratiques sur tous les continents.