Brésil sous tension : menace de tarifs américains, sommet des BRICS et condamnation d’Ancelotti secouent la nation

Une annonce choc : les États-Unis imposent 50% de droits de douane sur les produits brésiliens

Le 9 juillet 2025, le Brésil s’est retrouvé propulsé au centre de l’actualité mondiale après l’annonce du président américain Donald Trump d’imposer un tarif douanier de 50% sur tous les biens brésiliens exportés vers les États-Unis. Cette décision, sans précédent dans l’histoire récente des relations commerciales entre les deux pays, a été justifiée par Trump comme une réaction à ce qu’il qualifie de « chasse aux sorcières » contre l’ex-président Jair Bolsonaro, actuellement jugé pour tentative de subversion du résultat de l’élection présidentielle de 2022.

Contexte historique : des relations commerciales traditionnellement stables

Traditionnellement, les relations commerciales entre le Brésil et les États-Unis ont été marquées par une certaine stabilité et un équilibre. En 2024, les États-Unis affichaient un excédent commercial de 6,8 milliards de dollars avec le Brésil, exportant pour environ 49 milliards de dollars de biens vers ce pays, contre 42 milliards de dollars d’importations brésiliennes. Cette situation distingue le Brésil d’autres partenaires commerciaux souvent visés par des mesures protectionnistes américaines, où le déséquilibre est généralement en défaveur de Washington.

L’annonce de Trump rompt avec la logique économique habituelle : cette fois, le tarif vise un pays qui importe plus de biens américains qu’il n’en exporte vers les États-Unis. Cette mesure, qui prendra effet le 1er août, fait suite à une première vague de tarifs en avril dernier, mais le Brésil avait alors été épargné. Aujourd’hui, il devient la cible principale, avec le taux le plus élevé jamais imposé par l’administration Trump à un partenaire commercial.

Réactions immédiates : volatilité des marchés et inquiétude sur le real brésilien

L’annonce a provoqué une volatilité immédiate sur les marchés financiers brésiliens. Quelques heures avant la déclaration officielle, d’importants mouvements de devises ont été observés, notamment des transactions massives entre le real brésilien (BRL) et le dollar américain (USD). Le real a rapidement chuté face au billet vert, illustrant la nervosité des investisseurs face à la perspective d’une guerre commerciale avec le principal partenaire économique du Brésil.

Les secteurs les plus exposés sont ceux des matières premières et de l’agroalimentaire. Le Brésil exporte vers les États-Unis du pétrole, du jus d’orange, du café, du fer et de l’acier, autant de produits désormais menacés par cette hausse tarifaire.

Impact économique : risques de ralentissement et d’inflation

Selon de nombreux économistes, cette mesure pourrait aggraver les pressions inflationnistes et freiner la croissance économique des deux côtés de l’équateur. Pour le Brésil, la perte de compétitivité de ses exportations risque de se traduire par une baisse de la production et de l’emploi dans les secteurs concernés. Les États-Unis, de leur côté, pourraient voir le coût de certains produits augmenter, au détriment des consommateurs et des industries dépendantes des importations brésiliennes.

Le président Trump justifie ces tarifs par la nécessité de défendre l’économie américaine, mais la logique de cette décision est remise en question, notamment parce que les États-Unis bénéficient d’un excédent commercial avec le Brésil. Plusieurs analystes estiment que cette mesure pourrait finalement se retourner contre les intérêts américains, en limitant l’accès à des matières premières stratégiques et en provoquant des mesures de rétorsion de la part du Brésil.

Comparaison régionale : le Brésil isolé au sein du BRICS

Cette annonce intervient alors que le Brésil accueille le sommet des BRICS à Brasilia, réunissant les grandes économies émergentes : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. La présence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a été remarquée, tandis que le président iranien Masoud Pezeshkian a décliné l’invitation, soulignant les tensions géopolitiques croissantes dans la région.

Au sein du groupe, le Brésil se retrouve isolé face à la pression américaine. Les autres membres des BRICS, notamment la Chine et la Russie, ont déjà été la cible de mesures protectionnistes de la part de Washington, mais rarement avec une telle intensité. Cette situation pourrait inciter le Brésil à renforcer ses liens commerciaux avec ses partenaires asiatiques et africains, dans une tentative de compenser la perte d’accès au marché américain.

Réactions politiques et diplomatiques : une crise aux multiples facettes

La lettre de Trump à son homologue brésilien Luiz Inácio Lula da Silva tranche avec le ton habituel des communications diplomatiques. Au lieu d’invoquer des arguments économiques, le président américain a explicitement lié sa décision à la situation judiciaire de Jair Bolsonaro, qu’il qualifie d’« ami » et de « victime d’une injustice internationale ».

Cette personnalisation du différend commercial est inédite et suscite l’inquiétude des milieux diplomatiques. Le président Lula a dénoncé une mesure « injuste » et « nuisible à l’économie américaine elle-même », tout en affirmant la souveraineté du Brésil dans la gestion de ses affaires intérieures.

Le procès Bolsonaro : un enjeu national et international

Au cœur de la crise se trouve le procès de Jair Bolsonaro, accusé d’avoir tenté de renverser le résultat de l’élection présidentielle de 2022. L’ancien président, déjà déclaré inéligible jusqu’en 2030, a comparu devant la Cour suprême en juin. Le verdict, attendu pour septembre, pourrait avoir des répercussions majeures sur la stabilité politique du pays et sur ses relations internationales.

La posture de Trump, qui voit dans ce procès un « miroir » de ses propres démêlés judiciaires aux États-Unis, ajoute une dimension personnelle et polémique à la crise, brouillant la frontière entre diplomatie et politique intérieure.

L’affaire Ancelotti : le football brésilien secoué par la condamnation de son sélectionneur

En parallèle à cette crise commerciale et diplomatique, le Brésil a été frappé par un nouveau choc : la condamnation à un an de prison de Carlo Ancelotti, sélectionneur de l’équipe nationale de football, pour fraude fiscale liée à la dissimulation de revenus provenant de ses droits à l’image. L’ancien entraîneur du Real Madrid, recruté pour relancer la Seleção, voit sa réputation entachée par cette affaire, qui suscite un vif débat dans le pays du football-roi.

Les supporters brésiliens, déjà éprouvés par les résultats décevants de leur équipe lors des dernières compétitions internationales, expriment leur inquiétude quant à l’avenir sportif de la nation. La Fédération brésilienne de football a annoncé qu’elle « étudiait la situation » et se réservait le droit de prendre des mesures disciplinaires.

Perspectives : un Brésil à la croisée des chemins

Le Brésil se retrouve aujourd’hui confronté à une triple crise : commerciale, diplomatique et sportive. La menace de tarifs américains met en péril des secteurs clés de son économie, tandis que le sommet des BRICS révèle son isolement croissant sur la scène internationale. Sur le plan intérieur, le procès Bolsonaro et l’affaire Ancelotti alimentent un climat d’incertitude et de tension.

Dans ce contexte, la capacité du Brésil à préserver sa stabilité économique et politique sera déterminante pour son avenir. Les prochains mois seront cruciaux, tant pour les relations avec les États-Unis que pour l’équilibre interne du pays, qui doit faire face à des défis d’une ampleur inédite depuis le début du siècle.

Les marchés, les diplomates et la population brésilienne retiennent leur souffle, conscients que les décisions prises aujourd’hui façonneront le Brésil de demain.