Gaza : la crise humanitaire s’aggrave alors que l’urgence humanitaire atteint des sommets

Une situation humanitaire alarmante à Gaza

La bande de Gaza est aujourd’hui le théâtre d’une crise humanitaire d’une ampleur rarement égalée, marquée par une intensification dramatique du conflit, une pénurie extrême de vivres, et des pertes humaines massives. Ces dernières 24 heures, les frappes israéliennes auraient coûté la vie à au moins 98 Palestiniens, dont 38 personnes venues chercher de l’aide alimentaire, selon des sources médicales. La situation sur le terrain se dégrade à une vitesse alarmante : le ministère palestinien de la Santé rapporte que 73 personnes ont été tuées alors qu’elles attendaient une aide humanitaire, illustrant la gravité des pénuries alimentaires à Gaza.

Au total, depuis le 7 octobre 2023, plus de 1 000 Palestiniens ont perdu la vie en Cisjordanie, tandis que le nombre de morts à Gaza dépasserait les 56 000, selon les bilans les plus récents. La famine gagne du terrain : la malnutrition a déjà provoqué 111 décès au cours des dernières semaines, dont 84 enfants.

Un bilan humain et social insoutenable

La région est frappée par une crise multifacette. Outre les victimes directes des bombardements, la population palestinienne souffre d’un double fardeau : le chaos du conflit lui-même et la dégradation accélérée des conditions de vie.

• Des files d’attente mortelles pour l’aide humanitaire : La faim et la soif placent quotidiennement des milliers de personnes sur les routes, à la recherche de vivres et d’eau, aux abords des points de distribution humanitaire. Les décomptes des morts sur les lieux de distribution ne cessent de grimper.
• La fragilité des enfants et des plus vulnérables : Selon les dernières données sanitaires, la majorité des décès par malnutrition concerne les enfants, particulièrement exposés à l’effondrement des circuits d’approvisionnement et à l’insalubrité.
• Des blessures et traumatismes profonds : L’Organisation mondiale de la santé évoque une détérioration rapide de la santé mentale et physique des survivants, dans un contexte de bombardements continus, d’évacuation forcée et de destruction des infrastructures sanitaires.

Contexte historique : une crise aux racines profondes

La crise actuelle à Gaza est le dernier épisode d’une longue histoire de violences, de blocus et de fragilisation progressive du tissu social et économique palestinien. Depuis la prise de contrôle du territoire par le Hamas, le blocus israélien — renforcé par l’Égypte — a restreint gravement la circulation des biens et des personnes, créant un isolement quasi-total.

Ce blocus, instauré dès 2007, a été ponctué par de multiples conflits armés, chacun aggravant la fragilité de la région. Les infrastructures — déjà en état précaire — ont subi des dégâts consécutifs lors des guerres de 2008, 2012, 2014, et plus récemment lors des combats de 2021. Depuis octobre 2023, on observe une intensification sans précédent des violences et des destructions.

Impact économique : un effondrement sans précédent

La crise humanitaire ne peut être dissociée de l’effondrement économique qui frappe Gaza.

• Chute spectaculaire du PIB : Selon la Banque Mondiale, l’économie de Gaza s’est quasiment arrêtée : le PIB aurait chuté de 83% sur une base annuelle, tandis que la Cisjordanie affiche une contraction de 17% en raison des restrictions de mouvement accrues.
• Explosion du chômage et de la pauvreté : En 2024, le taux de chômage à Gaza approche les 50%, et la pauvreté touche désormais près de 80% des familles palestiniennes.
• Inflation vertigineuse : Les prix des denrées de base ont augmenté de plus de 230% en 2024, aggravant encore l’accessibilité à la nourriture et aux biens essentiels. Même pour les ménages disposant d’un revenu, il est souvent impossible de se procurer ce qui reste sur les étals.
• Destruction du tissu économique : La plupart des entreprises ont cessé leurs activités ou ont été détruites, provoquant une perte généralisée des emplois du secteur privé et un effondrement des salaires dans la fonction publique.

À cela s’ajoute la pression sur les finances publiques, notamment par le gel des transferts fiscaux par Israël, impactant des milliers de fonctionnaires non payés pendant des mois.

Comparaisons régionales : un choc unique dans la région MENA

À l’échelle du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), la gravité de la situation gazaouie se distingue par son ampleur et sa durée. Aucune autre région en conflit récent — que ce soit la Syrie, le Yémen ou la Libye — n’a connu une contraction économique de cette intensité en un laps de temps si court. L’indicateur de développement humain (IDH) de Gaza devrait atteindre en 2025 son plus bas niveau historique.

En comparaison, lors de la Seconde Intifada (2000-2005), l’économie palestinienne avait reculé de 15% sur cinq ans, tandis qu’après la guerre de 2014 à Gaza, la contraction s’était limitée à 15% sur un an. L’actuelle récession surpasse et de loin ces précédents historiques, tant par la gravité que par la rapidité du choc.

La situation en Cisjordanie : tensions économiques croissantes

Si Gaza concentre l’attention médiatique, la Cisjordanie n’est pas épargnée. Depuis octobre 2023, plus de 1 000 Palestiniens y ont trouvé la mort, sur fond de multiplication des incursions militaires, restrictions de circulation, et violences de colons. L’économie y subit un recul sévère, avec la fermeture de près de 80% des commerces dans certaines zones (notamment Hébron) à cause des couvre-feux et blocages sécuritaires.

L’aide humanitaire face aux obstacles

Face à l’ampleur des besoins, l’acheminement de l’aide humanitaire est entravé par des contraintes logistiques, des inspections strictes, et la fermeture récurrente des points de passage. Malgré les appels pressants lancés par l’ONU, la Croix-Rouge et de nombreuses ONG, les convois sont régulièrements pris pour cible ou retardés, empêchant la livraison de vivres, de médicaments, et de carburant indispensables au fonctionnement des hôpitaux.

Les protestations internationales se multiplient, notamment aux États-Unis et en Europe, avec des appels à une levée immédiate des restrictions et à l’instauration d’un cessez-le-feu. À titre de comparaison, lors de crises humanitaires telles que la famine en Somalie (2011), la mobilisation de la communauté internationale avait permis de stabiliser la situation, ce qui tranche avec la persistance, à Gaza, de blocages logistiques et politiques.

Les perspectives : un avenir incertain, risques d’aggravation

Les institutions internationales tirent la sonnette d’alarme sur le risque d’une crise prolongée, dont les séquelles se répercuteront sur plusieurs générations :

• Erosion du capital humain : Déplacement massif, déscolarisation, traumatismes psychologiques, déclin sanitaire, tout ceci hypothèque sérieusement toute perspective de redressement.
• Dépendance accrue à l’aide extérieure : Avec la destruction du secteur productif, la population de Gaza dépend de l’aide alimentaire et médicale pour sa survie. Toute interruption de cette aide aurait des conséquences catastrophiques immédiates.
• Risque de déstabilisation régionale : L’effondrement de Gaza exacerbe les tensions dans la région, avec des répercussions économiques jusqu’en Israël, dont la croissance pourrait chuter de 0,5 point de PIB si la guerre se prolonge encore six mois.

Réactions publiques et mobilisation internationale

La montée des morts, la détérioration de la situation humanitaire et la couverture médiatique mondiale ont déclenché une vague de solidarités et de manifestations à travers de nombreuses capitales, notamment aux États-Unis, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Les dirigeants internationaux multiplient les appels à une cessation immédiate des hostilités et à un accès sans entrave à l’aide humanitaire.

Des collectifs de la société civile, des médecins et des ONG témoignent quotidiennement des scènes de détresse à Gaza, appelant la communauté internationale à agir plus fermement pour empêcher une catastrophe d’ampleur historique.

Un point de bascule pour Gaza et la région

Symbole d’une crise humanitaire et économique majeure, la situation à Gaza nécessite une réponse globale et urgente. Devant l’ampleur du désastre, experts et institutions insistent sur la nécessité d’une intervention coordonnée, d’une levée effective du blocus pour l’acheminement de l’aide, et d’une trajectoire de reconstruction sur le long terme. Sans cela, la région risque de s’enfoncer dans une spirale de pauvreté, de fragmentation sociale et de dépendance, avec des impacts qui se feront sentir bien au-delà du Proche-Orient.