Crise alimentaire majeure Ă Gaza : la faim sâintensifie au cĆur du conflit
Gaza, 24 juillet 2025 â Alors quâun blocus humanitaire sâintensifie et que les combats persistent, la population de Gaza fait face Ă une crise alimentaire dâune ampleur inĂ©dite. Selon des organisations humanitaires, un tiers des habitants de lâenclave nâa pas mangĂ© pendant plusieurs jours et la malnutrition infantile atteint des niveaux alarmants. Les chiffres rĂ©vĂ©lĂ©s par lâAgence des Nations Unies pour les RĂ©fugiĂ©s de Palestine (UNRWA) et lâOrganisation mondiale de la santĂ© (OMS) dĂ©peignent une situation dâurgence absolue, aggravĂ©e par des restrictions croissantes Ă lâaide internationale et la multiplication des incidents mortels autour des rares convois humanitaires.
Une famine en temps réel : la réalité glaçante à Gaza
Les statistiques diffusĂ©es cette semaine par lâONU sont sans Ă©quivoque : prĂšs de 2,2 millions de personnes vivent aujourdâhui dans lâinsĂ©curitĂ© alimentaire totale. DâaprĂšs la derniĂšre Ă©valuation de la sĂ©curitĂ© alimentaire, un quart de la population fait face Ă des conditions proches de la famine, tandis que 100 000 femmes et enfants souffrent de malnutrition aiguĂ« sĂ©vĂšre, nĂ©cessitant un traitement immĂ©diat.
Les travailleurs humanitaires tĂ©moignent que « des personnes meurent chaque jour du manque dâaide », dans une situation qui sâaggrave dâheure en heure. LâOMS alerte sur la spirale mortifĂšre liant la faim, la maladie et lâimpossibilitĂ© dâaccĂ©der Ă des soins de base : « La malnutrition affaiblit lâorganisme, rendant toute infection potentiellement fatale, surtout chez les enfants », souligne le rapport de lâagence.
La scĂšne humanitaire change brutalement. Les points de distribution dâaide, autrefois animĂ©s, deviennent des zones de chaos et de danger oĂč des dizaines de civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s alors quâils tentaient dâobtenir de la nourriture auprĂšs des convois sous escorte des Nations Unies. Le ministĂšre de la SantĂ© de Gaza affirme que le nombre de morts liĂ©s Ă la famine et aux bousculades approche dĂ©sormais 1 000, sans compter les milliers de blessĂ©s.
Le blocus, cause structurelle dâun dĂ©sastre « évitable »
Selon lâOMS et plus de 100 ONG, la crise alimentaire Ă Gaza est « entiĂšrement dâorigine humaine », consĂ©quence directe de la suspension de la majoritĂ© des livraisons de vivres, eau potable, carburant et mĂ©dicaments, depuis le durcissement du blocus en mars 2025.
MĂȘme si lâĂtat dâIsraĂ«l affirme maintenir des flux dâaide contrĂŽlĂ©s afin dâĂ©viter des dĂ©tournements, la rĂ©alitĂ© sur le terrain montre que seuls une fraction dĂ©risoire des camions dâaide autorisĂ©s franchit la frontiĂšre, la plupart Ă©tant bloquĂ©s dans des zones tampons ou retournĂ©s faute dâaccords logistiques et sĂ©curitaires. Lâinstallation de nouvelles entitĂ©s comme la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) â instaurĂ©e avec le soutien dâIsraĂ«l et des Ătats-Unis pour remplacer certains rĂŽles de lâONU â nâa pas permis dâinflĂ©chir la courbe du dĂ©sespoir, selon lâavis de multiples observateurs et grandes agences internationales.
Les consĂ©quences sont dramatiques, surtout pour lâenfance. Sur les 900 000 enfants de lâenclave, 70 000 prĂ©sentent dĂ©jĂ des signes de malnutrition, avec un nombre croissant dâadmissions pour dĂ©nutrition aiguĂ« et maladies associĂ©es, telles que la pneumonie, la diarrhĂ©e sĂ©vĂšre ou la rougeole.
Le poids dâun conflit historique et la vulnĂ©rabilitĂ© systĂ©mique de Gaza
Pour comprendre lâampleur de la crise, il faut replacer Gaza dans son contexte historique. Depuis plus de quinze ans, lâenclave palestinienne vit sous un blocus strict imposĂ© par IsraĂ«l, qui contrĂŽle Ă©troitement les mouvements de marchandises et de personnes. Avant mĂȘme le dĂ©clenchement de la guerre actuelle, Gaza figurait dĂ©jĂ parmi les territoires les plus densĂ©ment peuplĂ©s et les plus isolĂ©s de la planĂšte, avec des taux de pauvretĂ© et dâinsĂ©curitĂ© alimentaire Ă©levĂ©s. Plus de la moitiĂ© de la population dĂ©pendait dĂ©jĂ de lâaide internationale pour survivre.
La reprise des hostilitĂ©s en octobre 2023 et les offensives successives ont conduit Ă la destruction massive dâinfrastructures, de centres mĂ©dicaux et de rĂ©seaux dâeau et dâĂ©lectricitĂ©. Ces attaques rĂ©pĂ©tĂ©es ont privĂ© la population des moyens de subsistance restants et entraĂźnĂ© des dĂ©placements massifs Ă lâintĂ©rieur du territoire, exacerbĂ© par lâincapacitĂ© de quitter Gaza en raison du verrouillage des frontiĂšres.
Impact Ă©conomique et social : la sociĂ©tĂ© gazaouie au bord de lâeffondrement
La dĂ©gradation de la situation humanitaire se double dâun effondrement Ă©conomique quasi-total. Les marchĂ©s, autrefois animĂ©s, sont aujourdâhui dĂ©serts ; le peu de nourriture disponible atteint des prix inaccessibles pour la majeure partie de la population. Lâabsence dâĂ©lectricitĂ©, la destruction du systĂšme bancaire et la disparition des emplois alimentent un sentiment de dĂ©sespoir collectif, notamment parmi la jeunesse et les familles monoparentales. De nombreux tĂ©moignages font Ă©tat de stratĂ©gies de survie extrĂȘmes, telles que la consommation de plantes sauvages ou la rĂ©duction drastique de la consommation alimentaire chez les adultes pour prĂ©server les enfants.
Les organisations locales signalent une dĂ©tĂ©rioration psychologique profonde, les ONG notant une augmentation drastique des symptĂŽmes dâanxiĂ©tĂ©, de dĂ©pression et dâinsomnie chez les adultes comme chez les enfants, dans un contexte oĂč les mĂ©canismes traditionnels de solidaritĂ© familiale se retrouvent eux-mĂȘmes Ă©branlĂ©s par la pĂ©nurie.
Comparaisons régionales : Gaza face aux autres crises alimentaires au Moyen-Orient
Si le Moyen-Orient a connu dâautres Ă©pisodes de faim et de crises humanitaires â Ă lâimage du YĂ©men, de la Syrie ou du Soudan du Sud â la situation actuelle Ă Gaza se singularise par la rapiditĂ© de la dĂ©gradation, la densitĂ© dĂ©mographique et lâenfermement quasi-total de la population. Ailleurs, mĂȘme lors dâĂ©pisodes de famine ou de guerre, lâaccĂšs humanitaire, bien que difficile, nâa pas Ă©tĂ© aussi systĂ©matiquement entravĂ© selon lâONU et le Conseil norvĂ©gien pour les rĂ©fugiĂ©s.
En Syrie, par exemple, lâinsĂ©curitĂ© alimentaire a culminĂ© lors du siĂšge de certaines villes mais des accords ponctuels dâĂ©vacuation ou de corridors humanitaires ont permis dâacheminer de lâaide dans les moments les plus critiques. Au YĂ©men, malgrĂ© les bombardements et le conflit prolongĂ©, les couloirs humanitaires restent tant bien que mal opĂ©rationnels, avec la participation dâagences comme le Croissant-Rouge et MĂ©decins Sans FrontiĂšres. Le « modĂšle Gaza » apparaĂźt donc comme lâun des plus sĂ©vĂšres en matiĂšre de blocage de lâaide humanitaire, selon les experts de la sĂ©curitĂ© alimentaire.
Une urgence qui suscite la mobilisation et la colÚre de la communauté internationale
Face Ă lâampleur de la tragĂ©die, les appels Ă la mobilisation de la communautĂ© internationale se multiplient. Plus de 100 organisations, dont MĂ©decins du Monde, la Croix-Rouge internationale et lâUNICEF, exigent une levĂ©e immĂ©diate du blocus pour permettre lâentrĂ©e massive de vivres, de mĂ©dicaments et de carburant. LâOMS rappelle quâ« il nâest pas nĂ©cessaire dâattendre une dĂ©claration officielle de famine pour agir : des personnes meurent maintenant ».
De nombreuses voix sâĂ©lĂšvent, Ă Gaza, dans les camps de rĂ©fugiĂ©s voisins, mais aussi Ă lâĂ©chelle europĂ©enne et dans le monde arabe, pour rĂ©clamer une rĂ©ponse coordonnĂ©e capable de briser ce qui est dĂ©sormais qualifiĂ© de tragĂ©die Ă©vitable et prĂ©visible. Des manifestations de solidaritĂ© sont signalĂ©es Ă Paris, Madrid et Amman, alors que les rĂ©seaux sociaux relaient massivement la dĂ©tresse des familles gazaouies Ă travers des images de files interminables devant les points de distribution, parfois sous le feu ou les bombardements.
Dans la bande de Gaza elle-mĂȘme, lâattente chronique devant les camions dâaide, le silence dans les quartiers dĂ©truits, le bruit assourdissant des gĂ©nĂ©rateurs pour les quelques institutions qui fonctionnent encore, traduisent la gravitĂ© de lâeffondrement en cours.
Perspectives et urgences : vers une famine généralisée ?
Si les tendances actuelles se poursuivent, le spectre de la famine gĂ©nĂ©ralisĂ©e nâest plus un scĂ©nario, mais une menace immĂ©diate. Les experts du systĂšme dâalerte rapide de lâONU estiment que trois quarts des habitants vivent dĂ©jĂ aux deux niveaux les plus critiques de leur Ă©chelle dâurgence alimentaire.
Dans ce contexte, la question de lâaccĂšs sans entrave de lâaide humanitaire â vivres, eau potable, mĂ©dicaments â sâimpose comme lâultime ligne de dĂ©fense pour Ă©viter une catastrophe aux consĂ©quences rĂ©gionales. Les observateurs prĂ©viennent que la vulnĂ©rabilitĂ© extrĂȘme de la population rendra toute reconstruction dâautant plus complexe, avec des effets durables sur la santĂ©, la cohĂ©sion sociale et la stabilitĂ© Ă©conomique de Gaza pour la dĂ©cennie Ă venir.
La bande de Gaza fait aujourdâhui face Ă lâune des crises alimentaires les plus graves de lâhistoire rĂ©cente de la rĂ©gion. Plus que jamais, la levĂ©e effective du blocus et la rĂ©ouverture des canaux humanitaires sâimposent comme le seul horizon susceptible dâoffrir un rĂ©pit durable Ă une population prise au piĂšge de la faim et de la guerre.
Sources principales : ONU, OMS, CNN, Reuters, CFR.