La Ligue arabe appelle au désarmement du Hamas pour ouvrir la voie à un État palestinien

Nations unies, 16 août 2025 — Dans une décision sans précédent, les 22 pays membres de la Ligue arabe ont unanimement exhorté le Hamas à déposer les armes et à céder le contrôle de la bande de Gaza. Cette annonce a été faite lors d’une conférence spéciale aux Nations unies, marquant un tournant majeur dans la politique régionale envers le mouvement islamiste palestinien. Les dirigeants arabes ont également condamné les attaques du 7 octobre dernier, soulignant que l’unité politique palestinienne était la condition centrale pour relancer le processus menant à la reconnaissance pleine et entière d’un État palestinien.

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Un appel inédit de la Ligue arabe

La Ligue arabe, fondée en 1945 pour coordonner les intérêts politiques et économiques du monde arabe, n’avait encore jamais exigé publiquement le désarmement du Hamas. Certains États comme le Qatar ou le Koweït avaient traditionnellement adopté une posture de soutien prudent, tandis que d’autres, tels que l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, se montraient plus critiques envers le mouvement, considéré comme un frein à l’unité palestinienne.

Le communiqué final adopté à l’unanimité affirme que « le peuple palestinien ne peut parvenir à la souveraineté que sous un gouvernement unique, légitime et pacifique ». Ce langage marque une rupture avec la rhétorique habituelle, souvent centrée exclusivement sur la condamnation d’Israël sans critique interne des divisions palestiniennes.

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Les répercussions historiques

La reconnaissance d’un futur État palestinien repose depuis les années 1990 sur les Accords d’Oslo. Or, depuis la prise de Gaza par le Hamas en 2007, le processus de paix a été paralysé par la rivalité avec l’Autorité palestinienne basée à Ramallah. Le nouveau positionnement collectif de la Ligue arabe rappelle les efforts régionaux passés pour favoriser une issue politique, notamment l’Initiative de paix arabe lancée par Riyad en 2002, qui proposait une normalisation avec Israël en échange du retrait des territoires occupés.

En plaçant désormais le désarmement du Hamas au centre des priorités, les 22 pays arabes tentent d’offrir un cadre plus cohérent, dans l’esprit de résoudre une fragmentation politique qui a duré presque deux décennies.

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Impact économique et humanitaire de la crise

La bande de Gaza, soumise à des blocus répétés et à des épisodes de guerre récurrents, traverse une catastrophe humanitaire aggravée depuis octobre 2023. Selon les Nations unies, plus de 60% de la population fait face à une insécurité alimentaire aiguë, tandis que les infrastructures électriques et médicales fonctionnent à peine.

Un désarmement du Hamas ouvrirait potentiellement la voie à une levée progressive des restrictions commerciales imposées par Israël et l’Égypte, permettant la reconstruction du tissu économique local. Les experts estiment que la région pourrait rétablir un flux de commerce annuel supérieur à 2 milliards de dollars si elle parvenait à s’ouvrir de nouveau aux échanges régionaux, en particulier avec la Jordanie et l’Égypte.

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Réactions internationales et régionales

Les capitales arabes ont largement salué ce tournant diplomatique. L’Arabie saoudite a présenté cette résolution comme un « choix de stabilité » destiné à sortir les Palestiniens de décennies de division. De son côté, l’Égypte, qui partage une frontière directe avec Gaza, a insisté sur la nécessité d’une « feuille de route claire » pour intégrer le territoire sous l’autorité de l’Autorité palestinienne.

Cependant, le Hamas a immédiatement rejeté l’appel, dénonçant « une ingérence dans la résistance légitime » et accusant les pays arabes de « céder à la pression internationale ». Israël, pour sa part, a déclaré « observer avec intérêt cette déclaration », sans confirmer de geste immédiat laissant supposer une ouverture au dialogue.

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Le rôle du Qatar et la question de la liberté de la presse

Si Doha a signé le communiqué, le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Sheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani, a parallèlement adressé de vives critiques à Israël. Il a dénoncé la mort de plusieurs journalistes d’Al Jazeera dans les bombardements à Gaza et a affirmé que « la liberté de la presse ne peut pas être la victime collatérale d’un conflit armé ».

La réaction qatarienne reflète une tension persistante : le pays continue d’accueillir des responsables politiques du Hamas sur son sol tout en participant à un consensus arabe plus large pour émerger comme médiateur incontournable dans les crises régionales.

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Comparaisons régionales : l’exemple libanais et l’expérience jordanienne

L’approche de la Ligue arabe rappelle les situations vécues dans d’autres pays de la région. Au Liban, le désarmement du Hezbollah a longtemps été réclamé, en raison de la dualité entre l’État central et un groupe armé opérant en parallèle. La comparaison souligne le risque d’instabilité durable lorsqu’une organisation militaire exerce un pouvoir parallèle.

À l’inverse, la Jordanie illustre une expérience plus réussie : en dépit d’importants défis économiques et démographiques, le royaume hachémite a maintenu la primauté d’une autorité étatique unique, évitant l’émergence de mouvements armés rivaux. Les décideurs arabes espèrent que Gaza puisse, à terme, adopter un modèle de gouvernance centralisée et stable similaire.

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Un contexte sécuritaire tendu en Irak et en Syrie

Alors que la Ligue arabe plaide pour une pacification palestinienne, d’autres crises alimentent l’instabilité régionale. En Irak, un incident violent à Hewlêr (Erbil) a choqué la population : deux hommes ayant refusé de payer leur carburant ont attaqué un employé de station-service, qui a riposté par balles, blessant mortellement ses agresseurs. Cet épisode illustre la pression sociale et sécuritaire dans le Kurdistan irakien, où les tensions communautaires peuvent s’embraser rapidement.

En Syrie, les atrocités visant les femmes alaouites, victimes d’enlèvements et de violences sexuelles par des groupes armés, rappellent la persistance d’une crise humanitaire brutale. Les Nations unies estiment que plus de 1 000 personnes ont perdu la vie dans une vague récente de représailles confessionnelles. Ce climat instable pèse sur la crédibilité des initiatives arabes pour la stabilité, puisque chaque front de conflit ajoute un obstacle à une pacification globale.

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Les Émirats arabes unis et l’offensive diplomatique pour la paix

Les Émirats arabes unis (EAU) renforcent leur rôle de médiateurs en accueillant à Abou Dhabi des discussions entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Après plus de trois décennies de conflit autour du Haut-Karabakh, la tenue de négociations dans le Golfe marque le repositionnement des EAU comme centre diplomatique régional.

Leur position ferme contre les Frères musulmans et leur implication active dans la médiation renforce l’image des Émirats comme puissance stabilisatrice. Des rumeurs circulent déjà sur l’organisation possible de rencontres de haut niveau avec des responsables européens, asiatiques et américains afin de bâtir un cadre international de soutien aux nouvelles initiatives arabes, y compris sur le dossier palestinien.

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Une nouvelle étape vers la stabilité régionale ?

L’appel conjoint de la Ligue arabe au désarmement du Hamas pourrait constituer une véritable césure dans l’histoire des relations israélo-palestiniennes et dans la diplomatie arabe contemporaine. Si le mouvement islamiste rejette pour l’instant la proposition, l’unanimité des pays arabes crée une pression inédite sur Gaza, qui pourrait, à terme, favoriser une reprise du dialogue avec la communauté internationale.

La question reste de savoir si cette initiative se traduira par des mesures concrètes sur le terrain ou si elle demeurera au rang des déclarations symboliques. Les prochaines semaines, marquées par de possibles concertations entre l’Autorité palestinienne, l’Égypte et l’Arabie saoudite, seront déterminantes pour mesurer la portée réelle de cet appel historique.

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