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Maroc sous les projecteurs : entre Coupe d’Afrique fĂ©minine et enjeux diplomatiques majeursđŸ”„66

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Maroc sous les projecteurs : Coupe d’Afrique des Nations fĂ©minine et enjeux diplomatiques

La Coupe d’Afrique des Nations FĂ©minine 2024 Ă©claire le Maroc

Le Maroc offre une fois de plus le dĂ©cor vibrant de la Coupe d’Afrique des Nations fĂ©minine (CAN FĂ©minine 2024), confirmant son rĂŽle croissant dans l’organisation d’évĂ©nements sportifs majeurs sur le continent. Depuis le 5 juillet, douze Ă©quipes issues des quatre coins de l’Afrique se dĂ©fient sur les pelouses de six stades marocains, dans une atmosphĂšre Ă©lectrique rythmĂ© par le soutien populaire et le faste des cĂ©rĂ©monies d’ouverture. Pour cette seiziĂšme Ă©dition du tournoi — la seconde consĂ©cutive discutĂ©e au Maroc — la compĂ©tition revĂȘt un panache particulier. Elle rĂ©unit non seulement les puissances historiques du football africain fĂ©minin comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Ghana ou la Zambie, mais met Ă©galement en lumiĂšre le dynamisme sportif marocain et l’essor du football fĂ©minin dans la rĂ©gion .

Aujourd’hui, les demi-finales suscitent un engouement rare : Ă  Casablanca, le Nigeria croise le fer avec l'Afrique du Sud, championne en titre, tandis que les Lionnes de l’Atlas affrontent le Ghana devant un public attendu en nombre Ă  Rabat. Cette double affiche incarne la montĂ©e en puissance du Maroc dans l’univers sportif africain, renforcĂ©e par la capacitĂ© du Royaume Ă  organiser deux Ă©ditions successives du tournoi, une premiĂšre dans l’histoire de la CAN FĂ©minine.

L’évolution historique du sport fĂ©minin marocain

L’organisation de cette Ă©dition marque un jalon historique pour le sport fĂ©minin national. Au fil de la derniĂšre dĂ©cennie, le Maroc a multipliĂ© les investissements visant Ă  promouvoir le football fĂ©minin : infrastructures rĂ©novĂ©es, acadĂ©mies dĂ©diĂ©es, programmes de formation, et campagnes de sensibilisation pour encourager la participation des jeunes filles. Cette politique se traduit aujourd’hui par la notoriĂ©tĂ© croissante des Lionnes de l’Atlas, auteures d’un brillant parcours lors de la prĂ©cĂ©dente Ă©dition, et par une visibilitĂ© internationale accrue qui contribue Ă  dynamiser l’ensemble de l’écosystĂšme sportif marocain.

Un enjeu économique de taille pour le Maroc

Accueillir la CAN FĂ©minine reprĂ©sente un levier Ă©conomique significatif pour le Maroc. L’évĂ©nement attire un afflux de touristes, d’officiels de la CAF, de journalistes et de sponsors, gĂ©nĂ©rant des retombĂ©es directes pour l'hĂŽtellerie, la restauration, les transports et l'artisanat local. Les retransmissions tĂ©lĂ©visĂ©es Ă  l’échelle continentale projettent Ă©galement une image moderne et attractive du pays, renforçant sa position de destination sportive privilĂ©giĂ©e en Afrique du Nord.

Outre la visibilitĂ© mĂ©diatique, l’expansion du football fĂ©minin créé de nouvelles opportunitĂ©s d’emploi, stimule les investissements privĂ©s, et favorise l’émergence d’une Ă©conomie sportive durable. L'organisation de grands Ă©vĂ©nements tels que la CAN FĂ©minine permet au Maroc de rivaliser avec d’autres nations du continent rĂ©putĂ©es pour leur dynamisme sportif, notamment l’Afrique du Sud — pays organisateur de la Coupe du Monde 2010 — et l’Égypte, habituĂ© Ă  accueillir des compĂ©titions panafricaines majeures.

Comparaisons régionales et retombées continentales

L’organisation de la CAN FĂ©minine s’inscrit dans une compĂ©tition rĂ©gionale oĂč les pays du Maghreb cherchent Ă  renforcer leur influence sur l’échiquier sportif africain. Outre le Maroc, l’Égypte et la Tunisie investissent massivement dans le dĂ©veloppement de structures sportives et la formation de leurs talents. Toutefois, c’est le Maroc qui se dĂ©marque par la constance de ses candidatures, notamment avec l’obtention de la CAN masculine en 2025 et les ambitions affichĂ©es pour accueillir la Coupe du Monde 2030.

Par ailleurs, le rayonnement de la CAN FĂ©minine s'Ă©tend bien au-delĂ  des frontiĂšres marocaines. Il offre aux nations participantes une plateforme d’expression pour leurs joueuses, tout en contribuant Ă  la promotion du sport fĂ©minin partout sur le continent. Plusieurs joueuses Ă©voluant dans les plus grands clubs europĂ©ens — en Espagne, en France ou en Angleterre — participent Ă  cette Ă©dition 2024, rehaussant le niveau de compĂ©tition et l’intĂ©rĂȘt des diffuseurs internationaux.

Maroc et Afrique du Sud : une rivalité sportive marquée

La confrontation attendue entre l’Afrique du Sud, tenante du titre, et le Nigeria, multiple vainqueur, rappelle les rivalitĂ©s historiques du football fĂ©minin africain. Pour le Maroc, l’occasion est double : continuer de marquer l’histoire en tant que pays hĂŽte et faire valoir la progression de son Ă©quipe nationale aprĂšs sa participation remarquĂ©e Ă  la Coupe du Monde fĂ©minine 2023. L’ascension des Lionnes de l’Atlas est saluĂ©e Ă  l’échelle rĂ©gionale et positionne le Maroc comme un modĂšle pour le dĂ©veloppement du sport fĂ©minin en Afrique du Nord.

Tensions diplomatiques : la visite de Jacob Zuma et la question du Sahara occidental

Au-delĂ  des terrains, le Maroc attire aussi l’attention du continent sur le plan diplomatique. La rĂ©cente visite Ă  Rabat de l’ex-prĂ©sident sud-africain Jacob Zuma, leader du nouveau parti MK, a provoquĂ© de vifs dĂ©bats. Dans la capitale marocaine, Zuma a officiellement annoncĂ© que son parti reconnaissait la souverainetĂ© du Maroc sur le Sahara occidental. Cette dĂ©claration, relayĂ©e par de nombreux mĂ©dias, marque une rupture avec la position traditionnelle de l’Union africaine et celle de nombreux États du continent, dont l’Afrique du Sud, historiquement favorable Ă  l’autodĂ©termination du peuple sahraoui.

La rĂ©action a Ă©tĂ© immĂ©diate : diverses voix, en Afrique du Sud et au sein des mouvements de libĂ©ration du continent, ont dĂ©noncĂ© un reniement des principes fondateurs de solidaritĂ© africaine. Le dĂ©bat se focalise dĂ©sormais sur la portĂ©e rĂ©elle de cette reconnaissance, dans une rĂ©gion oĂč les questions de frontiĂšres, de ressources naturelles et d’identitĂ© collective nourrissent rĂ©guliĂšrement les tensions gĂ©opolitiques.

Contexte historique et enjeux du Sahara occidental

Le Sahara occidental demeure l’un des derniers territoires non autonomes du continent selon l’ONU, opposant depuis 1975 le Maroc au Front Polisario, mouvement sahraoui soutenu par l’AlgĂ©rie. Cette rĂ©gion stratĂ©gique, riche en minerais et dotĂ©e d’un accĂšs Ă  l’Atlantique, reprĂ©sente un enjeu majeur pour la stabilitĂ© du Maghreb. Si le Maroc prĂŽne une large autonomie sous sa souverainetĂ©, plusieurs États africains et europĂ©ens continuent de soutenir le droit Ă  l’autodĂ©termination dĂ©fendu par le Front Polisario.

La dĂ©claration de Jacob Zuma intervient dans un contexte d’intense compĂ©tition diplomatique, le Maroc multipliant les initiatives pour rallier de nouveaux soutiens Ă  sa cause, notamment parmi les jeunes partis africains dĂ©sireux de se dĂ©marquer sur l’échiquier continental.

Les politiques migratoires du Maroc et leur impact stratégique

ParallĂšlement aux dĂ©veloppements diplomatiques, le Maroc se distingue par sa politique migratoire proactive. En qualitĂ© de « gardien » des flux migratoires vers l’Europe, le royaume joue un rĂŽle-clĂ© dans la gestion des passages vers l’Espagne et plus largement l’Union europĂ©enne. Cette position lui confĂšre un levier important dans ses relations avec Madrid et Bruxelles.

Des Ă©pisodes rĂ©cents ont illustrĂ© l’utilisation de ce levier : en mai 2021, alors que le leader du Front Polisario Ă©tait accueilli par l’Espagne pour des raisons mĂ©dicales, les autoritĂ©s marocaines auraient volontairement relĂąchĂ© le contrĂŽle de la frontiĂšre, permettant Ă  des milliers de migrants d’atteindre les principaux points d’entrĂ©e espagnols Ă  Ceuta et Melilla. Cet Ă©pisode a contribuĂ© Ă  une Ă©volution notable de la position espagnole, Madrid apportant par la suite un soutien inĂ©dit Ă  la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental. Ce jeu d’influence complexe entre migration et diplomatie montre combien la question du Sahara reste au cƓur des stratĂ©gies bilatĂ©rales et multilatĂ©rales du Maroc.

Comparaisons régionales : migrations et diplomatie chez les voisins

Si le Maroc parvient Ă  imposer ses prioritĂ©s auprĂšs de l’Union europĂ©enne par une gestion Ă©troite des flux migratoires, d’autres pays de la rĂ©gion adoptent des approches diffĂ©rentes. L’AlgĂ©rie, pour sa part, refuse toute instrumentalisation diplomatique des migrants mais accentue la pression sur ses voisins en matiĂšre de sĂ©curitĂ© aux frontiĂšres. La Tunisie, Ă©galement concernĂ©e par les flux sub-sahariens, tente de rĂ©guler les dĂ©parts sans disposer de la mĂȘme capacitĂ© de nĂ©gociation que Rabat.

Rumeurs démenties : la non-implication militaire du Maroc avec Israël

Enfin, ces derniĂšres semaines ont Ă©tĂ© marquĂ©es par la circulation de fausses informations sur la supposĂ©e implication militaire du Maroc aux cĂŽtĂ©s d’IsraĂ«l dans les rĂ©cents affrontements moyens-orientaux. Des analystes rĂ©gionaux et plusieurs plateformes de fact-checking ont fermement rejetĂ© ces accusations, soulignant l’absence totale de preuves tangibles. Les prĂ©tendues « fuites » sur la prĂ©tendue mort d’officiers marocains lors d’attaques en IsraĂ«l relĂšvent de la dĂ©sinformation, principalement propagĂ©e par des mĂ©dias et comptes anonymes liĂ©s Ă  des campagnes hostiles Ă  Rabat.

MalgrĂ© ces rumeurs, aucun organisme officiel – qu’il soit marocain, israĂ©lien ou indĂ©pendant – n’a confirmĂ© la prĂ©sence de soldats marocains impliquĂ©s dans les conflits rĂ©cents en IsraĂ«l. Cet Ă©pisode souligne la dimension sensible de l’information dans la rĂ©gion et l’importance pour le Maroc de rĂ©agir avec transparence et vigilance face aux campagnes de dĂ©sinformation visant Ă  ternir son image internationale.

Conclusion : un Maroc au centre des dynamiques africaines

L’édition 2024 de la Coupe d’Afrique des Nations fĂ©minine atteste de la place grandissante du Maroc sur la scĂšne africaine, aussi bien sportive que diplomatique. Entre enthousiasme populaire pour le football, investissements dans l’économie sportive et gestion des Ă©pisodes gĂ©opolitiques sensibles, le royaume conjugue affirmation nationale et diplomatie d’influence. Porte ouverte sur l’Afrique subsaharienne et l’Europe, le Maroc prouve qu’il est autant une terre de rencontres sportives qu’un acteur incontournable des grands Ă©quilibres rĂ©gionaux.