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Moderna annule la construction d'une usine d'ingrédients mRNA au Japon face à des inquiétudes sur la sécurité🔥60

Author: 环球焦点
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Moderna annule la construction de son usine de vaccins à ARNm au Japon face à des inquiétudes sur la sécurité

Moderna stoppe le projet d'usine d'ARNm à Kanagawa : une onde de choc pour le secteur pharmaceutique

Le 17 juillet 2025, la société américaine Moderna a annoncé l’annulation définitive de son projet de construction d’une usine de principes actifs pour vaccins à ARNm dans la préfecture de Kanagawa, au Japon. Cette décision, très attendue dans le secteur, fait suite à une période d'interrogations croissantes et de débats intenses sur la sécurité des technologies vaccinales à ARNm, sur fond de baisse de la demande mondiale et de répercussions économiques inquiétantes pour le groupe.

Ambitions contrariées sur l’archipel japonais

Moderna avait annoncé en 2023 le lancement du développement d’un site industriel à l’intérieur du Shonan Health Innovation Park, un centre dédié à la recherche pharmaceutique dans la banlieue de Yokohama, avec l’objectif affiché de mettre le Japon au cœur de la production future de vaccins à ARNm pour la région Asie-Pacifique. Cet investissement devait renforcer l’autonomie sanitaire nippone et soutenir la lutte contre les pandémies, tout en soutenant la recherche mondiale sur cette classe thérapeutique stratégique.

Mais en juillet 2025, la direction a brutalement stoppé le chantier, évoquant des « transformations rapides de l’environnement commercial mondial et japonais ». Les raisons officielles invoquent une baisse généralisée de la demande en vaccins liés au COVID-19 et une réticence persistante vis-à-vis du vaccin ARNm contre le virus respiratoire syncytial. Moderna a ajouté qu’elle réévaluerait le projet lorsque les conditions économiques seraient jugées plus favorables.

Sécurité des vaccins à ARNm : montée des inquiétudes et débats scientifiques

La décision de Moderna intervient dans un contexte de controverses renouvelées autour de la technologie à ARNm, qui avait connu un essor fulgurant lors de la pandémie de COVID-19. Plusieurs groupes de chercheurs et experts en santé publique ont récemment multiplié les appels à la prudence, pointant du doigt l’absence de recul sur les effets à long terme de ces vaccins.

Certains scientifiques affirment, sur la base de données issues du séquençage ARN de patients vaccinés, qu’un risque non négligeable de perturbation génétique pourrait exister, notamment via la possibilité de transcription inverse conduisant à l’intégration de fragments d’ARNm dans le génome humain. D’autres, en revanche, rappellent que, selon l’état actuel des connaissances, les molécules d’ARNm ne peuvent s’intégrer dans l’ADN humain et sont rapidement dégradées dans l’organisme.

La nomination d’experts sceptiques envers la technologie au sein du ministère américain de la Santé, ainsi que la couverture médiatique de certains cas de complications, ont contribué à alimenter une méfiance persistante, spécialement chez les parents d’enfants en bas âge pour lesquels le vaccin Moderna contre le COVID-19 avait reçu une autorisation d’urgence.

Un coup dur pour l'économie de la région de Kanagawa

L’arrêt brutal du chantier industriel représente aussi une déception majeure pour la région de Kanagawa, qui espérait des retombées économiques et une création d’emplois directs et indirects. La préfecture, engagée dans sa reconversion vers les biotechnologies et la pharmacie, visait à devenir un pôle d’innovation reconnu en Asie. Selon les premiers chiffres publiés par la province, l’usine aurait permis la création de plusieurs centaines de postes hautement qualifiés dans le secteur pharmaceutique, doperait l'écosystème local et renforcerait la souveraineté sanitaire du pays. Désormais, ces ambitions sont en suspens.

Le secteur hôtelier et les sous-traitants locaux, mobilisés dès 2024 pour accueillir ingénieurs internationaux et équipements de pointe, subissent eux aussi le contrecoup de cette décision, redoutant une chute de leur activité dans les prochains mois.

Le contexte mondial : baisse de la demande, incertitudes politiques et pression réglementaire

La dynamique mondiale du marché des vaccins à ARNm a radicalement changé depuis 2022. L’essentiel des commandes publiques de vaccins COVID-19 a pris fin, laissant de nombreuses usines, dont celle de Kanagawa, sans perspective immédiate de rentabilité. L’entreprise a enregistré une chute de plus de 60% de ses ventes mondiales de vaccins entre 2023 et 2024, l’obligeant à revoir à la baisse ses capacités industrielles et à annuler d'autres grands projets, notamment au Kenya.

Sur le plan politique et réglementaire, des incertitudes pèsent également avec le renforcement des contrôles sur les autorisations de nouveaux vaccins, les débats houleux autour de la tolérance des vaccins pour le jeune public, ainsi que les évocations de nouveaux tarifs douaniers sur l’industrie pharmaceutique aux États-Unis. L’environnement commercial mondial, particulièrement au Japon, est également touché par une perte générale d’attractivité et une plus grande prudence des investisseurs.

Conséquences boursières et réactions des marchés financiers

L’annonce de l’abandon du projet japonais a immédiatement eu des effets notables sur la valorisation boursière de Moderna. Le titre Moderna a clôturé à 34,01 dollars, soit une baisse de 1,90% à la suite de la publication de la nouvelle. Les investisseurs, déjà échaudés par les récentes pertes liées à la baisse des ventes et à l’annulation de gros contrats gouvernementaux, affichent leurs inquiétudes sur la capacité du groupe à renouveler sa croissance face à une saturation du marché des vaccins ARNm et une défiance croissante du public et des institutions.

Comparaison régionale : le Japon face aux dynamiques asiatiques et mondiales

En choisissant le site de Kanagawa pour implanter son usine, Moderna s’inspirait de la stratégie adoptée par ses concurrents en Asie, notamment BioNTech, qui a ouvert un site pilote au Rwanda, et la création du hub technologique ARNm de l’OMS en Afrique du Sud. Cependant, partout dans le monde, la demande faiblit et les projets se réorientent voire se suspendent.

Au Japon, les investissements étrangers dans le domaine pharmaceutique restent nombreux, mais subissent une volatilité accrue, avec un recentrage sur la recherche et le développement de nouveaux composés plutôt que sur la construction de nouvelles unités industrielles lourdes. La décision de Moderna incarne ce retournement de tendance, et constitue un signal d’alerte pour d’autres multinationales, qui attendent désormais des garanties accrues avant d’investir massivement dans l’archipel.

Réactions au sein de la communauté scientifique et de la population japonaise

La communauté scientifique japonaise, traditionnelle prudente, s’est montrée divisée. Plusieurs experts insistent sur l’importance de poursuivre les recherches sur les vaccins à ARNm, estimant que la technologie reste prometteuse pour d'autres maladies infectieuses et certains cancers. D’autres, plus sceptiques, exhortent à la multiplication d’études indépendantes sur les risques potentiels à long terme, revendiquant une totale transparence sur les résultats d’expérimentations et les suivis en vie réelle.

Dans la population, la nouvelle a été accueillie avec une combinaison de soulagement — pour les plus inquiets des innovations vaccinales — et de frustration pour ceux qui voyaient dans le projet une opportunité économique de taille et un levier pour l’indépendance sanitaire du pays.

Perspectives : un avenir incertain pour l’ARNm au Japon

Moderna a indiqué vouloir conserver un dispositif de recherche à Shonan afin de poursuivre le développement de nouveaux médicaments à ARNm sur le territoire japonais, tout en se réservant la possibilité de relancer, à moyen terme, des projets industriels si les conditions économiques et sanitaires le permettent. Mais pour l’heure, l’incertitude domine, renforcée par la guerre commerciale sino-américaine, les débats sur la sécurité des nouvelles biotechnologies, et une demande en vaccins qui ne cesse de s’émousser.

L’exemple japonais rejoint une réalité désormais mondiale : l’industrie des vaccins à ARNm, ex-flambeau de la lutte contre la pandémie, doit désormais composer avec la prudence des États, la méfiance de pans entiers de la société, et de profonds bouleversements économiques.

En annulant son projet d’usine à Kanagawa, Moderna ouvre une nouvelle page dans l’histoire de la biotech mondiale, signe des temps pour une industrie à l’heure d’un profond questionnement sur son modèle, la sécurité sanitaire et le rôle de l’innovation dans l’après-pandémie.