Les forces américaines éliminent un haut dirigeant de l'État islamique lors d'un raid en Syrie
Opération de l’US CENTCOM : Un coup majeur porté à la tête de l’EI dans le nord de la Syrie
Les forces du Commandement central des États-Unis (CENTCOM) ont mené, dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 juillet, une opération ciblée dans la ville d'Al-Bab, située dans le gouvernorat d'Alep au nord de la Syrie. Cette intervention, soigneusement planifiée, a abouti à l’élimination de Dhiya’ Zawba Muslih al-Hardani, considéré comme l’un des plus hauts dirigeants encore actifs de l’organisation État islamique (EI, ou ISIS), ainsi que de ses deux fils adultes, également membres influents du groupe djihadiste.
La mission, conduite au cœur de la nuit, visait à neutraliser une menace directe contre les forces américaines, leurs alliés de la coalition ainsi que le nouveau gouvernement syrien. Selon le communiqué publié dans la matinée du 25 juillet par le CENTCOM, trois femmes et trois enfants également présents lors du raid sont sortis indemnes, et aucun militaire américain n’a été blessé.
Contexte historique : La traque continue des chefs de l’État islamique
Depuis la perte de son « califat » territorial en 2019, l’organisation État islamique reste active à travers des réseaux clandestins opérant dans plusieurs régions, notamment le nord de la Syrie, l’est de l’Euphrate et le désert syrien. Malgré de lourdes défaites, ISIS conserve une capacité de nuisance grâce à des poches de militants aguerris, organisant des attaques sporadiques contre des cibles civiles, militaires et gouvernementales, aussi bien en Syrie qu’en Irak.
L’élimination de Dhiya’ Zawba Muslih al-Hardani intervient alors que le groupe tente d’exploiter l’instabilité persistante dans la région pour recruter de nouveaux membres et réorganiser ses commandements. Selon de nombreux analystes, l’arrestation ou la neutralisation de hauts responsables reste une priorité pour empêcher la résurgence d’un mouvement autrefois capable de contrôler des territoires entiers et d’imposer un régime de terreur sur des millions de personnes.
Les opérations contre les chefs djihadistes ne sont pas nouvelles. Déjà en février 2022, le chef de l’EI de l’époque, Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi, avait été tué dans une opération américaine dans le nord-ouest de la Syrie. Ces frappes chirurgicales témoignent de la détermination des États-Unis et de leurs alliés à démanteler la structure hiérarchique de l’organisation terroriste.
Déroulement du raid : Tactiques et enjeux opérationnels
L’opération nocturne dans la ville d’Al-Bab a mobilisé des forces spéciales américaines, probablement héliportées, soutenues par des moyens aériens et de surveillance de dernière génération. Selon plusieurs sources militaires, la décision d’intervenir par voie terrestre plutôt que par une frappe aérienne s’explique par la nécessité d’identifier formellement la cible et de limiter les risques pour les civils, régulièrement utilisés comme boucliers humains par les groupes djihadistes.
De tels raids au sol comportent des risques élevés pour les soldats engagés, qui doivent évoluer dans un environnement urbain complexe, souvent truffé d’explosifs artisanaux et sous la menace de combattants fanatisés. Si leur succès permet de recueillir de précieuses informations, notamment grâce à la saisie de téléphones, d’ordinateurs ou de documents stratégiques, il constitue également un signal fort envoyé aux milieux djihadistes sur la détermination occidentale à poursuivre leur démantèlement.
Impact économique et sécuritaire de la neutralisation d’un chef de l’EI
L’élimination de Dhiya’ Zawba Muslih al-Hardani est susceptible d’avoir des répercussions immédiates sur la stabilité régionale et la dynamique économique du territoire concerné. Les réseaux d’influence de l’EI, responsables d’enlèvements contre rançon, de trafics en tout genre (pétrole, armes, êtres humains) et d’impositions mafieuses sur les populations locales, sont régulièrement pointés du doigt comme des facteurs de déstabilisation économique.
Au niveau de la province d’Alep, le contrôle total ou partiel de routes commerciales est souvent disputé entre plusieurs acteurs, dont l’EI, certaines milices kurdes, des résidus de groupes proches d’Al-Qaïda, et désormais les forces du nouveau gouvernement syrien. L’élimination d’un leader local, commandant des ressources humaines et financières, pourrait temporairement désorganiser ces réseaux criminels et ouvrir une fenêtre pour la réouverture de certaines activités, notamment agricoles et commerciales.
Cependant, l’histoire récente de la région montre que la disparition d’un chef charismatique n’entraîne pas nécessairement l’effondrement de l’organisation, l’EI ayant déjà démontré une capacité d’adaptation et une résilience structurelle. L’impact véritable dépendra de la rapidité avec laquelle le groupe pourra ou non désigner un successeur crédible et maintenir sa cohésion interne.
Réactions régionales et internationales au raid d’Al-Bab
À l’annonce du raid, les chaînes d’information régionales ont immédiatement relayé l’événement, soulignant le caractère spectaculaire de l’intervention et la neutralisation d’une figure centrale du terrorisme dans la région. Le général Michael Erik Kurilla, commandant du CENTCOM, a déclaré : « Nous continuerons à traquer inlassablement les terroristes de l’EI partout où ils se trouvent. Les combattants de l’EI ne sont plus en sécurité ni dans leur lit, ni dans leur repaire, ni même là où ils tentent de se dissimuler ».
Du côté du nouveau gouvernement syrien, issu d’un processus de transition engagé après la chute du régime d’Assad, ce type de soutien opérationnel est perçu comme un gage de la volonté américaine d’écarter définitivement les groupes extrémistes du processus de reconstruction national, même si la souveraineté syrienne demeure une question sensible et sujette à débats entre acteurs locaux et étrangers.
Dans le reste de la région, notamment en Irak, en Turquie et en Jordanie, l’intensification des opérations contre l’EI est suivie de près. Les ministères de la Défense de ces pays, confrontés eux-mêmes à des poches actives de combattants djihadistes, considèrent souvent ces raids américains comme participant à la sécurisation globale du corridor levantin.
Comparaisons régionales : La lutte internationale contre l’EI et la coordination avec la Syrie
La gestion de la menace terroriste en Syrie diffère sensiblement des situations vécues dans d’autres régions du Moyen-Orient. En Irak, par exemple, la coalition internationale agit en étroite concertation avec les autorités nationales, tandis qu’en Syrie, le contexte d’instabilité politique et la multiplicité des acteurs compliquent les interventions et la sécurisation des succès.
L’évolution du combat contre l’organisation État islamique se mesure également à l’aune de la politique américaine. À la suite de la décision récente de lever une grande partie des sanctions contre la Syrie – signe d’un soutien accru au nouveau pouvoir à Damas – les États-Unis cherchent à renforcer les capacités locales de lutte contre le terrorisme, tout en conservant la possibilité d’opérations directes ciblées en cas de besoin.
En comparaison, dans les pays du Maghreb et au Sahel, la lutte anti-djihadiste s’appuie davantage sur des dispositifs multinationaux et sur les armées locales, qui manquent encore d’équipement et de renseignements intégrés à ceux des grandes puissances. Cela explique que le bilan tangible de la sécurité régionale soit, en Syrie, étroitement lié à la présence effective d’une coalition menée par Washington, capable de déployer rapidement des unités sur-entraînées dans des environnements hostiles.
Retour du public syrien et international : entre soulagement et vigilance
À Al-Bab comme ailleurs dans le nord de la Syrie, la population civile oscille entre espoir et prudence. D’un côté, l’élimination d’un chef de l’EI est vue comme un soulagement, promettant une accalmie dans les violences et la perspective d’une vie quotidienne moins soumise à l’arbitraire djihadiste. Des témoignages recueillis sur place décrivent une zone à la fois soulagée mais aussi inquiète d’éventuelles représailles ou d’un retour offensif du groupe.
Au niveau mondial, les grandes chancelleries occidentales saluent en général la réussite de telles opérations, qui attestent de la poursuite d’un effort coordonné contre le terrorisme international. Toutefois, experts et humanitaires insistent régulièrement sur la nécessité de ne pas relâcher la vigilance : la victoire durable contre l’EI passera aussi par une reconstruction économique, la réintégration des déplacés et une réconciliation nationale inclusive.
Conclusion partielle : Un succès tactique à confirmer sur le long terme
L’opération menée par les forces américaines à Al-Bab contre Dhiya’ Zawba Muslih al-Hardani représente un succès de premier plan dans la lutte contre l’État islamique en Syrie. Elle illustre la persistance et la modernisation des tactiques de la coalition, adaptée à un contexte régional instable et aux mutations de la menace terroriste. Toutefois, si la disparition de hauts responsables affaiblit clairement les capacités opérationnelles du groupe, la communauté internationale reste mobilisée pour éviter toute reconstitution de réseaux djihadistes sur les décombres de la guerre[v9].